Insécurité. Le mot fait peur. Pour une femme qui rentre seule le soir, il peut prendre la forme d’une agression sauvage au détour d’une ruelle sombre. Bien sûr, il existe des cours d’autodéfense, mais il faudra des mois, voire des années, pour être apte à se défendre efficacement. Une solution plus simple consiste à acquérir un spray d’autodéfense.
Selon les experts, les sprays constituent un bon moyen d’autodéfense (lire l’encadré), mais tous ne se valent pas. Pour vous permettre de choisir au mieux votre garde du corps personnel, nous avons acheté dix modèles dans des pharmacies, armureries et commerces spécialisés. Trois experts de sociétés de sécurité ont ensuite noté chaque spray selon plusieurs critères d’évaluation.
Utilisation sous stress
Cet aspect est essentiel. Pour Dominique Fer, responsable formation chez Protectas: «Un bon spray doit pouvoir être utilisé sans réfléchir. S’il faut effectuer une action préalable avant de l’engager, c’est déjà trop.» Voila qui tombe mal pour le Def-Tec MK8, dont le mécanisme de tir doit justement être tourné d’un coup de pouce avant de pouvoir être actionné. Le Key Defender ne fait guère mieux puisque sa sécurité doit aussi être libérée d’un coup de pouce précis. Mais le pire, nous l’avons vu avec SLB Stylo, lorsque Laurent Lambercier, directeur de TranSeCo, a enlevé un rien vigoureusement le capuchon pour avoir accès au bouton de pulvérisation. Dans le mouvement, le dit bouton a volé entre les tables, rendant le faux stylo inutilisable. Verdict sans appel: «C’est du cheni!»
Et les bons dans tout ça? Ils se nomment SLB Bodyguard Liquide et Mousse, Sabre Red MK6 et Mace Brand Peppergard Pocket. Ces modèles permettent une utilisation immédiate tout en offrant une bonne sécurité contre les activations accidentelles. Celle-ci a la forme d’une protection plate située environ 1,5 cm en dessus du mécanisme de tir. Elle se lève automatiquement lorsqu’on glisse le pouce sur le bouton de tir.
Puissance du jet
Nos experts ont testé la puissance et la précision des jets. Ils n’ont par contre pas évalué l’efficacité des substances irritantes, car il aurait fallu désigner des cobayes! Cela dit, les sprays dont la composition est indiquée contiennent tous 10% d’oleoresin capsicum, sauf le SLB Porte-Clé (5%).
En termes de jet, c’est le SLB Bodyguard Mousse qui obtient la meilleure note. Contrairement aux autres modèles qui projettent de fines goutelettes ou un jet liquide, celui-ci envoie la substance irritante sous forme de mousse. Moins volatile que les gouttelettes, la mousse provoque moins de dommages collatéraux dans un lieu clos. Idéal si l’on tient un petit commerce.
Utilisation secondaire
L’ergonomie de certains modèles facilite une utilisation secondaire en autodéfense. C’est le cas du Key Defender. Sa forme en tube et sa boucle, à laquelle on peut accrocher un trousseau de clés, permet de s’en servir comme arme de frappe sur le visage d’un agresseur, le spray servant de manche et les clés d’armes. «C’est aussi le seul modèle du lot que l’on peut vraiment utiliser comme porte-clé grâce à sa forme discrète», souligne Richard Vernizzi, responsable formation chez SOS-Surveillance.
Autonomie
Face à un agresseur acharné ou plusieurs personnes, il faudra sans doute utiliser le spray plusieurs fois. La panne sèche serait alors le pire des scénarios. En termes d’autonomie, le SLB Bodygard Liquide se distingue, même si son volume plus important le rend moins agréable à transporter dans une poche ou dans un sac à main.
Facilité à dissimuler
Le Mace obtient ici la meilleure note. Logique, puisqu’il est le plus petit (8 cm). Voilà qui est idéal pour un port discret. Attention toutefois à sa faible autonomie. A vous de juger le pour et le contre!
En termes de saisie, c’est le Key Defender qui marque des points grâce à un clip permettant de l’accrocher à l’extérieur du pantalon.
Un atout loin d’être négligeable, car un spray perdu au fond d’un sac à main ne sera tout simplement d’aucune utilité en cas d’agression subite.
Sébastien Sautebin
Bonus Web: tout sur la toxicité des sprays
Du poivre et des piments redoutables, mais…
Efficaces, les sprays d’autodéfense? «Oui!» répondent en chœur la police vaudoise et les trois experts des sociétés de sécurité que nous avons consultés. «Pour autant que l’on sache s’en servir et en étant conscient qu’il ne s’agit pas du moyen de défense absolu», tempèrent toutefois nos interlocuteurs. L’effet irritant ne se fait souvent sentir qu’après une vingtaine de secondes. De plus, certains individus y sont moins sensibles.
Du point de vue légal, il faut savoir que l’utilisation d’un spray en autodéfense doit respecter le principe de proportionnalité. Si vous aspergez un quidam pour un mot de travers, vous risquez de le payer fort cher devant un juge.
En Suisse, les sprays d’autodéfense sont libres d’achat et de port pour les personnes majeures. On en trouve en pharmacie ou en armurerie pour un prix allant d’une vingtaine à une septantaine de francs. Les modèles autorisés dans notre pays contiennent généralement de l’oleoresin capsicum (OC), une substance que l’on trouve dans le poivre et les piments. Par contre, n’achetez pas de spray à l’étranger. Ils sont souvent, en raison de leur contenu, interdits dans notre pays.