Année après année, la police constate une augmentation des cambriolages: pour le seul canton de Vaud, quelque 8288 cas en 2006 (près de 23 par jour), en augmentation de 33% pour les habitations. Quant à 2007, elle est qualifiée d’année record. Ces augmentations constantes touchent davantage les habitations individuelles que les commerces, signe peut-être que ceux-ci sont mieux protégés.
Mais justement, comment se protéger? Malgré la surveillance citoyenne dans les quartiers, malgré le nombre croissant de maisons et d’appartements équipés de systèmes de protection divers, les chiffres paraissent suivre une ascension inexorable. Face à cette angoissante évolution, propriétaires et locataires demandent évidemment: «Que fait la police?» Mais, sans attendre la réponse, se tournent massivement vers les systèmes d’alarme – un marché en pleine croissance, où la concurrence est rude.
Il existe une large gamme d’équipements, mais tous fonctionnent selon des principes comparables, dans trois catégories principales.
- L’alarme sonore simple
Dès qu’une porte est ouverte ou qu’une fenêtre est brisée, une sirène très puissante (130 décibels) se met en marche à l’intérieur du logement (interdite à l’extérieur). Le bruit est tel que l’effet est clairement dissuasif: on n’imagine pas un voleur continuer tranquillement à vider les tiroirs, d’autant que les voisins vont être alertés aussi. Le but premier de tels systèmes est d’arrêter les cambrioleurs avant qu’ils ne pénètrent dans la maison, afin d’éviter non seulement les vols, mais le vandalisme. Un seul boîtier suffit pour un logement, à condition de laisser toutes les portes intérieures ouvertes. La sensibilité peut être modulée, notamment si l’on a une chatière.
- Les systèmes d’alerte à distance
Le boîtier d’alarme de l’installation est programmé pour envoyer, sur un ou plusieurs téléphones portables (soi-même, voisins, centrales d’alarme...), une alerte sous forme de message vocal préenregistré, de SMS ou de MMS avec une vidéo de 15 secondes balayant la pièce sous surveillance – et donc les intrus.
- Les systèmes reliés à une centrale
Il est exclu pour un particulier d’être relié directement à la police, en raison du nombre très élevé de fausses alarmes (99%, selon la police vaudoise). Ces systèmes sont donc reliés à une centrale d’alarme privée – une soixantaine en Suisse romande – qui assurent la surveillance, 24 heures sur 24, des bâtiments protégés, et la fonction, essentielle, de la levée de doute, puis l’intervention sur place cas échéant, soit par des agents privés, soit par la police.
Comment lever le doute?
La levée du doute reste le point faible des systèmes d’alarme, si sophistiqués soient-ils, et c’est aussi la source des tensions existant entre l’industrie de la sécurité et la police. En effet, le réglage de la sensibilité des capteurs, qu’il s’agisse de détecteurs de mouvements ou à dépression d’air, est très délicat, en particulier si on possède des animaux domestiques. Par exemple, un détecteur peut être réglé pour ne se déclencher qu’en présence d’un être vivant de plus de 25 ou 30 kilos; mais, si le chat ou un rat grimpe sur la commode située juste sous le capteur, celui-ci réagira quand même, en raison de la proximité de l’animal.
Pour tenter de juguler le problème, les installateurs ont développé diverses procédures qui permettent à l’abonné ou aux agents des centrales d’alarme de vérifier la validité de celle-ci, avant d’envoyer des hommes sur le terrain. Précaution indispensable car, les gens étant distraits, ils oublient souvent de déclencher l’alarme en arrivant à la maison ou au bureau. C’est ce qui explique que chez Certas, la centrale d’alarme de Securitas et Siemens, l’heure de pointe a lieu le matin entre 7h30 et 9h, avec le déclenchement intempestif d’une grêle d’alarmes oubliées.
Deux systèmes sont proposés: l’un, sonore, déclenche un micro dans les capteurs, qui permettra à la personne de service à la centrale d’entendre ce qui se passe dans la maison, de demander à l’habitant de désactiver le système et de confirmer verbalement la fausse alerte. L’autre système, par vidéo, va afficher à l’écran les lieux surveillés et assurer une bonne levée du doute. La vidéo est inactive hors des cas d’alarme, bien entendu. C’est un peu plus cher mais plus efficace, car le problème avec le système à micro, c’est qu’il ne règle pas le problème du chat...
Combien ça coûte?
Les installations existent en version câblée ou sans-fil, la première option étant évidemment plus chère à la mise en place. Certains propriétaire la préfèrent, notamment dans des habitations de luxe, car les capteurs sont cachés, mais donc aussi moins dissuasifs.
Pour un sans-fil, il faut compter entre 1280 fr. et 2000 fr. pour le système de base (centrale, deux détecteurs de présence, télécommande, badges). Des détecteurs supplémentaires peuvent être installés (présence, bris de verre, fumée...), avec ou sans micro ou caméra, et qui coûtent entre 200 fr. et 400 fr. la pièce. Pour les installations raccordées à une centrale d’alarme, il faut encore souscrire un abonnement mensuel, variable selon l’ampleur des prestations (levée du doute sonore ou vidéo). Coût minimum: 45 fr. chez Certas, 59 fr. à Protection One (qui fait aussi partie du groupe Securitas), 69 fr. à vivoprotect, du groupe RomandeEnergie.
Philippe Barraud
Les principaux interlocuteurs
Il existe de très nombreuses sociétés proposant des systèmes de sécurité.
Voici les plus importantes.
- www.certas.ch
- www.vivoprotect.ch
- www.protectionone.ch
- www.globalsecurity.ch
- www.alerte-rouge.ch
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