N’utilisez pas de babyphones qui émettent de manière permanente. Cet avertissement émane de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Et pour cause: l’exposition des bambins aux ondes doit être la plus faible possible. Les experts de notre laboratoire confirment d’ailleurs que certains de ces modèles ne devraient pas être placés dans les chambres des enfants.
Les fabricants de babyphones ne semblent guère s’en préoccuper, comme le démontre notre test de huit appareils, dont le prix va de 110 fr. à 180 fr. Seul un modèle (An gelcare) obtient l’appréciation «bon» (voir tableau). Tous les autres sont pénalisés en raison de leur rayonnement, jugé trop important par les testeurs, lesquels ont également évalué les performances techniques des appareils, comme leur portée ou leur autonomie (lire encadré «Les critères du test»).
Technologie désuète
Notés «peu satisfaisant», les modèles de Philips Avent, Topcom, Switel et Chicco sont en particulier dans la ligne de mire des experts, puisqu’ils fonctionnent selon une technologie désuète, utilisant la norme DECT. Ils émettent de manière permanente des ondes à hautes fréquences pulsées, auxquelles il faut éviter de s’exposer, selon l’OFSP, qui applique, dans ce cas, le principe de précaution. Si l’effet de ces ondes est, effectivement, inconnu à long ter -me, certaines études affirment néanmoins qu’elles peuvent perturber le sommeil, voire augmenter le risque d’attraper un cancer.
Il serait pourtant techniquement possible d’éviter l’émission en continu des babyphones. A titre de comparaison, les téléphones DECT de nouvelle génération adaptent cette diffusion en fonction de la distance entre la station de base et le téléphone. A défaut et «aussi longtemps que les babyphones émettront sans discontinuer, il faut éviter que les enfants soient exposés au rayonnement», affirme Wolfgang Herter, qui a dirigé les tests.
Les fabricants des appareils incriminés réagissent diversement. Alors que les représentants de Chicco n’ont tout simplement pas souhaité s’exprimer, ceux de Philips, Switel et Topcom recommandent aux parents de placer l’émetteur à une distance minimale d’un mètre de l’enfant et signalent que l’utilisation du «mode éco» permet de réduire la diffusion des ondes. Certes! Il n’empêche que, en activant ce mode, le rayonnement est encore trop important, même en plaçant l’émetteur à un mètre du bambin. Le mode éco du Philips est l’un des plus efficaces, mais les ondes qu’il émet demeurent 230 fois plus élevées que celles de l’Angelcare!
Quatre modèles rayonnent peu
Si les modèles de Philips, Topcom, Switel et Chicco rayonnent de manière importante et surtout en continu, les autres ne sont pas en reste. Effectivement, leurs émissions dépassent en partie les limites prescrites par la norme TCO, valable pour les places de travail au bureau, donc pour des adultes. Autant dire que leur rayonnement devrait être encore inférieur si ce sont des enfants qui y sont exposés. Malgré certains dépassements ponctuels, dûment pénalisés dans notre test, les babyphones d’Angelcare, Hartig & Helling, Vivanco et Comtel restent dans des moyennes acceptables.
Appareils performants
Mis à part ce problème de rayonnement, les performances des babyphones sont globalement bonnes. Leur utilisation est aisée et leur rendu sonore plutôt agréable. Le micro du modèle Comtel accuse toutefois certaines faiblesses: l’enfant doit crier fort pour être entendu. Le fabricant indique que les parents ne doivent pas être stressés au moindre bruit. A l’inverse, le Chicco réagit au moindre bruit. Là, encore, le fabricant n’émet aucun commentaire.
L’autonomie des appareils testés est globalement bonne (lire encadré ci-contre). Seul le Switel a déçu nos experts, puis qu’une charge suffit à peine à le faire fonctionner durant sept heures, soit moins d’une nuit entière.
Beat Camenzind / nz
LES CRITÈRES DU TEST
Ondes et efficacité
Les huit appareils ont été testés par l’Institut PZT, à Wilhelmshaven, en Allemagne, selon les critères suivants.
1 Tests techniques
- Portée – Elle a été évaluée aussi bien en plein air qu’à l’intérieur d’une maison. Dans ce cas, la portée a été mesurée en fonction du nombre de murs et de plafonds traversés par les ondes.
- Sensibilité aux ondes parasites – Dans quelle mesure des appareils comme les téléphones mobiles, micro-ondes ou téléphones fixes de la norme DECT, perturbent-ils la transmission entre l’émetteur et le récepteur des babyphones?
- Consommation électrique – Lors que les appareils sont branchés à une prise électrique, leur consommation ne doit pas dépasser 2,5 watts.
- Autonomie – L’émetteur muni de la batterie d’origine doit pouvoir fonctionner au minimum durant une nuit (8 heures).
- Résistance aux chutes – L’appareil doit résister à douze chutes d’une hauteur d’un mètre.
2 Qualité sonore
Comment le babyphone réagit-il aux sons ainsi qu’aux bruits environnants?
3 Maniabilité
Les experts ont apprécié la prise en main ainsi que l’utilisation des appareils. Ils ont également testé la façon dont l’émetteur et le récepteur parviennent à se détecter, la facilité avec laquelle s’effectuent
le choix du canal de transmission, le réglage du volume de réception ainsi que le changement de la batterie.
4 Rayonnement
Les testeurs ont mesuré les ondes électromagnétiques émises par les appareils. Ils ont également évalué si les émissions sont continues ou n’ont lieu que lorsque le babyphone est utilisé. Ils ont en outre recherché la diffusion d’ondes à hautes fréquences pulsées. Et évalué si ces appareils correspondent aux normes TCO, valables pour les places de travail au bureau.
CONSEIL PRATIQUE
Evitez la prise murale
Pour limiter au maximum le rayonnement des babyphones, enclencher le «mode éco» (lorsqu’il existe) et disposer l’émetteur à une distance respectable de l’enfant ne suffit pas.
Encore faut-il veiller à ne pas les laisser branchés sur la prise électrique, puisque l’alimentation secteur (adaptateur et câble) est également une source de rayonnement.
Cette précaution est d’ailleurs recommandée par la marque Comtel, qui a reconnu la valeur de nos tests, contrairement au fabricant du Vivanco, qui la remet en cause.