L’hiver met notre peau à rude épreuve. Pour éviter que nos mains ne se dessèchent et gercent à cause du froid, l’utilisation d’une crème est parfois nécessaire. En 2010, lors de notre dernier test, aucun des onze articles en lice n’avait reçu la mention «très bon». Deux avaient même été jugés «peu satisfaisant» ou «insatisfaisant». En cause: la présence de formaldéhyde ou de parfums hautement allergènes.
Pour savoir si les fabricants ont amélioré leurs recettes, nous avons confié douze lotions pour les mains parmi les plus vendues en Suisse à deux laboratoires spécialisés. L’un s’est concentré sur le pouvoir hydratant, tandis que l’autre a vérifié la présence de substances problématiques pour la santé (lire «Les critères du test»).
Hydratation au top
Huit baumes reçoivent l’appréciation globale «très bon» ou «bon». Parmi ceux-ci se trouvent les produits de Lidl et d’Aldi, qui ne coûtent que 80 ct. les 100 ml. Les tubes de Coop Qualité & Prix et de Neutrogena, qui caracolent en tête, sont beaucoup plus onéreux. Le premier est vendu 2.85 fr./100 ml et le deuxième coûte presque 8 fr./100 ml. Si le soin des mains est quotidien, la facture peut vite devenir importante.
Toutes les crèmes ont reçu au minimum l’appréciation «bon» sur le critère de l’hydratation. L’autre bonne nouvelle, c’est que l’industrie cosmétique semble avoir pris en compte les résultats de notre dernier test en réduisant la présence de substances problématiques. C’est notamment le cas pour les muscs nitrés et polycycliques. Ces parfums ont tendance à s’accumuler dans le corps et pourraient causer des dommages au foie. En 2002, lors d’un test similaire effectué par saldo, notre partenaire alémanique, huit articles contenaient de tels muscs. Aujourd’hui, les douze cosmétiques analysés en sont exempts.
Kamill trop parfumée
La plupart des fabricants utilisent désormais des fragrances moins allergènes et dans des quantités inférieures. Les tubes de Coop Qualité & Prix et de Neutrogena, ainsi celui de I am, ne renferment aucun des 26 parfums allergènes qui doivent être déclarés si leur concentration est supérieure à 10 mg/kg. Le seul parfum à fort potentiel d’allergie que le laboratoire a trouvé est l’alcool cinnamique. Il était uniquement présent dans la crème de Kamill.
Les fragrances des cosmétiques peuvent provoquer des allergies, mais pas seulement. Certaines, comme le butylphenyl methylpropional, qui imite l’odeur du muguet, pourraient aussi être mutagènes. Dans notre test, cette substance a été détectée dans la Bellena, la Dove et la Kamill. Ces trois produits ne reçoivent d’ailleurs que l’appréciation «satisfaisant», tout comme le baume d’Atrix.
Pour fabriquer leurs crèmes, les industriels ont le choix entre des graisses naturelles ou artificielles. Les deux variantes ont des avantages et des inconvénients. Les artificielles, extraites d’huiles minérales, comme les paraffines, ne coûtent pas cher, se conservent longtemps et ne provoquent pas d’allergie. Elles peuvent cependant s’accumuler dans l’organisme. De plus, elles ne sont pas aussi efficaces que les huiles naturelles pour rétablir l’équilibre de la peau. Ces dernières présentent, en revanche, un risque d’allergie plus élevé.
Bellena contient des MOSH
Le laboratoire n’a pas évalué la concentration en graisse artificielle. A la différence d’un baume pour les lèvres, les composants présents dans les cosmétiques pour les mains ont, en effet, moins de chance d’être absorbés par la bouche. Les experts ont néanmoins déduit des points pour la présence de MOSH ou de MOAH. Ces derniers sont considérés comme potentiellement cancérogènes. Mais sur les douze produits analysés, seule la Bellena, vendue chez Migros, contenait une petite quantité de MOSH.
Burnus, la société qui élabore les articles Kamill, dit avoir tenté de renoncer autant que possible aux allergènes. Mais elle n’est pas encore parvenue à créer un «parfum équivalent». Coop souligne que la fragrance de citron dans sa crème Naturaline est naturelle. Landi affirme, pour sa part, que son baume a reçu de meilleurs résultats pour sa capacité d’hydratation lors de tests internes. Beiersdorf, le fabricant de Nivea, regrette que la Soft & Intensive ait été sélectionnée, car elle n’est, aujourd’hui, plus produite. Une autre lotion, contenant moins de parfums, est en train d’arriver sur le marché.
Décodage obligatoire
Celles et ceux qui souhaitent éviter les huiles et les graisses minérales doivent lire attentivement la liste des composants. Ces substances se cachent sous de nombreuses appellations: cera microcristallina, ceresin, mineral oil, ozokerite, paraffin, paraffinum liquidum et petrolatum. La glycérine, qui permet de fixer l’eau sur la peau peut, elle, être obtenue à partir de pétrole ou de matières végétales. Mais dans les cosmétiques dits «naturels», les huiles minérales ne sont pas autorisées.
Andreas Schildknecht / bu
En détail
Les critères du test
Nous avons demandé à deux laboratoires spécialisés de faire différentes analyses sur les douze crèmes de notre panel.
1. Hydratation de la peau
Des experts du Laboratoire ProDerm ont appliqué les différentes crèmes sur les avant-bras de 45 sujets. Ces derniers avaient reçu pour consigne de n’utiliser aucun produit de soin pour la peau durant trois jours. A l’aide d’un cornéomètre, le niveau d’hydratation a été mesuré avant l’application, puis deux heures et quatre heures après.
2. Substances problématiques
A l’aide d’un chromatographe et d’un spectromètre de masse, les experts de l’Institut SGS Fresenius ont cherché des résidus d’hydrocarbures, tels que le cashmeran ou les muscs nitrés et polycycliques. Ces substances sont soupçonnées d’être allergènes et irritantes pour la peau. Le laboratoire a également vérifié la présence éventuelle de 26 parfums allergènes que les fabricants sont tenus de déclarer si leur concentration est supérieure à 10 mg/kg.