Les rentes servies par l’AVS et le 2e pilier ne suffisent pas à garder le niveau de vie antérieur à la retraite. Pour mettre du beurre dans les épinards, le seul moyen est de mettre la main au portemonnaie, en épargnant pour ses vieux jours soi-même et à son rythme. Attention, toutefois, à choisir une formule adaptée à ses moyens et à ses besoins.
Libre ou lié?
Le 3e pilier revêt deux formes différentes.
⇨ La prévoyance libre, ou 3b, désigne aussi bien l’épargne personnelle qu’un bien immobilier ou une assurance-vie. Dans ce dernier cas, libre à chacun de décider du terme du contrat, du montant des versements et des bénéficiaires en cas de décès. Une fois le contrat signé, les primes doivent impérativement être payées. Attention dès lors à ne pas s’engager sans mûre réflexion à alimenter régulièrement une police d’assurance sous la pression d’un courtier.
⇨ La prévoyance liée, ou 3a, est en principe bloquée jusqu’à l’âge de la retraite. Elle obéit à des règles strictes concernant les montants maximums épargnés et les retraits, mais autorise des déductions d’impôts plus importantes. Nous allons nous concentrer ici sur ce genre d’épargne, étant donné que les modalités de la prévoyance libre sont variables.
Qui peut cotiser au 3e pilier a?
Tous ceux qui travaillent et sont soumis à l’AVS, même après 65 ans mais jusqu’à 70 ans seulement. Pour les salariés qui sont déjà assurés auprès d’une caisse de pension, le virement annuel maximal est de 6768 fr. Il n’y a en revanche pas de seuil minimum: on peut ainsi virer 250 fr. par mois sur son compte 3a. Quant aux indépendants sans 2e pilier, ils mettront de côté jusqu’à 20% de leur revenu net mais au maximum 33 840 fr. par an. A noter que, dans un couple marié où les deux conjoints travaillent, chacun peut se constituer un 3e pilier.
Et les impôts?
Les montants versés chaque année dans un compte 3a sont déductibles du revenu imposable. Le capital sera, en revanche, taxé au retrait. La note fiscale ne dépend alors pas du revenu, mais du montant retiré, ce qui rend l’opération particulièrement intéressante pour les revenus élevés.
Petites astuces: on peut alimenter un compte 3a l’année de sa retraite pour profiter encore de la déduction sur le revenu, à condition de le faire avant le jour de son anniversaire. Et, pour diminuer encore la douloureuse, mieux vaut échelonner les retraits. Dans un couple, on ouvrira ainsi deux comptes distincts par personne qu’on bouclera successivement entre 60 et 65 ans.
Quel compte choisir?
La plupart des comptes bancaires 3a servent actuellement un rendement de 0,50% (lire bonasavoir.ch ⇨ Outils ⇨ Taux d’intérêt). A ce tarif, il est tentant d’investir dans un fonds 3a (lire «Pas de compte 3a au-delà de 1% sans risque»). Mais attention: ce produit comprend une proportion plus ou moins importante d’actions, ce qui implique une part de risque. Les rendements affichés sont annualisés et non garantis. Idem pour les produits 3a adossés à un indice (ETF). Cette stratégie implique donc d’avoir une perspective de placement à long terme (entre huit et dix ans): elle n’est ainsi pas adéquate pour un jeune couple qui pense disposer du capital à court terme en vue d’acheter une maison, ou pour un sexagénaire qui aura besoin de cet argent à sa retraite.
Quand toucher le capital?
Le retrait d’un pilier 3a est soumis à des règles strictes. L’épargne peut être retirée notamment:
⇨ pour acheter ou amortir un bien immobilier;
⇨ pour se mettre à son compte;
⇨ pour racheter des parts dans le 2e pilier;
⇨ lors d’un départ définitif à l’étranger.
Les retraits seront espacés de cinq ans au moins. Le compte doit être fermé entre 60 ans et 65 ans (64 ans pour les femmes), à moins qu’on ne joue les prolongations en continuant de travailler jusqu’à 70 ans.
Qui hérite du bas de laine?
Contrairement au capital du 2e pilier qui reste acquis à la caisse de pension, l’épargne du 3e pilier est léguée aux héritiers, et le conjoint survivant figure en tête de liste. Les célibataires ou les veufs sans enfants à charge au moment du décès peuvent attribuer le capital à la personne de leur choix, par exemple à un concubin, qui passera dans ce cas avant les enfants adultes, parents ou frères et sœurs.
Et au divorce?
Le capital épargné pendant la durée du mariage est réparti entre les ex-époux, sauf s’ils en ont décidé autrement avant, ou s’ils sont mariés en séparation de biens. Il ne sera toutefois pas disponible avant la retraite.
Claire Houriet Rime