Tout le monde semble d’accord: les associations, les autorités, les fabricants et les distributeurs assurent que le pouvoir de protection d’un casque pour cycliste diminue avec les années, même si aucun dommage n’est visiblement constaté. La faute aux intempéries, aux rayons du soleil et à la transpiration, qui rendent le polystyrène poreux. Du coup, il faudrait remplacer tous les trois à cinq ans des objets qui – s’ils sont de qualité* – valent tout de même entre 60 fr. et 140 fr.
Est-ce vraiment incontournable? Pour le savoir, nous avons fait parvenir à un laboratoire spécialisé une série de vieux casques pour adultes et enfants, achetés et portés entre 1996 et aujourd’hui (voir tableau). Sa mission: mesurer leur capacité à amortir les chocs à l’arrière surtout, plus quelques autres contrôles de routine (lire encadré).
Le résultat est clair: l’effet protecteur du casque ne diminue pas avec le temps, même sur une longue période. Pas même celui du modèle Scatto, proposé par le fabricant italien Met à un prix soldé il y a 21 ans déjà! Et le modèle Echelon de Specialized, acheté en 2009, a même montré une résistance légèrement supérieure à celle de l’Echelon II vendu aujourd’hui. D’ailleurs, les deux modèles les plus récents (2017) n’ont guère brillé par rapport à leurs aînés.
Le laboratoire a également mesuré la résistance des jugulaires, sans trouver non plus de problèmes particuliers. Seules exceptions: les experts ont constaté un défaut du système de fermeture en cas de forte tension pour deux modèles. Mais dans les deux cas, le problème était visible avant le test, et aurait donc été constaté par le cycliste.
Les avis ne changent pas
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de notre test n'ont pas ébranlé les convictions des protagonistes. Le fabricant américain Bell refuse de les commenter et continue de recommander un changement tous les trois ans. La société italienne Met, en revanche, admet avoir, elle aussi, testé des casques vieux de huit ans sans constater une perte de protection.
La SUVA ne voit pas non plus de raison de changer d’avis et continue de recommander un changement tous les cinq ans. Le Bureau de prévention des accidents estime que notre test n’apporte «aucune valeur ajoutée pour la sécurité». Pourtant, une autre étude américaine, publiée l’an dernier dans le Journal of biomechanical Engineering, arrive aux mêmes conclusions.
*Test récent de l’ADAC sur adac.de ⇨ Info, Test & Rat ⇨ Tests ⇨ Fahrad ⇨ Fahrradhelme für Erwachsene 2017 (en allemand seulement).
Darko Cetojevic / cc
En détail
Les critères du test
Nous avons confié seize casques à vélo usagés, le plus ancien datant de 1996, à un laboratoire spécialisé. A titre de comparaison, nous avons ajouté deux modèles de 2015 (l’un utilisé durant deux ans, l’autre acheté neuf pour le test) ainsi que deux modèles de remplacement récents (les deux derniers du tableau, suivis d’un II).
Amortissement du choc
Les experts ont vérifié que les casques répondent aux exigences de la norme DIN EN 1078, mesurant l’impact d’un choc à la suite d’une chute de 1,5 m de hauteur sur une surface plane et de 1,1 m sur un socle en acier anguleux. Tous les articles testés ont réussi ce test.
Résistance du système d’ajustement
Les experts ont contrôlé la solidité des jugulaires et de leur système de fermeture avec de brusques tractions vers le bas.