Qu’elles soient orange, carmin ou rouges, les touches de couleur au bout des doigts ajoutent une note soignée à la tenue de sortie… à condition de ne pas devoir vider le lave-vaisselle avant de partir. Car les vernis à ongles, qu’ils soient produits par des marques célèbres ou de grandes surfaces, s’écaillent au contact d’objets durs.
En collaboration avec l’émission alémanique Kassensturz, nous avons confié une douzaine de flacons les plus vendus à un laboratoire spécialisé (lire encadré). Résultat: si aucune laque n’a fait un sans-faute, cinq ont tout de même décroché la mention «bon». Le prix n'est pas déterminant dans ce classement, puisque le lauréat du test, Essie, n'est pas le plus cher, alors que le vernis de Chanel payé 35 fr. termine bon dernier!
Tous les produits sont faciles à appliquer et recouvrent l’ongle de manière homogène. A l’exception, toutefois, du Chanel, avec lequel les testeuses ont eu de la peine à obtenir un résultat propre. Après la pose, les couleurs sont intenses et brillantes, avec une mention particulière, à cet égard, pour les flacons de H&M et d’Essence, ce dernier étant en outre le plus avantageux de notre sélection.
Un peu de tenue!
Presque tous les vernis ont, en revanche, été recalés à l’épreuve des sollicitations quotidiennes. Au sortir du test, les couleurs étaient ternes et avaient perdu de leur intensité, les ongles étaient griffés et la laque s’écaillait même par endroits. Sur les douze produits testés, onze ne recouvraient plus toute la tranche. Seul le lauréat du test, le rouge Essie, a été jugé «satisfaisant» à cet égard.
La bonne nouvelle, c’est qu’ils sont tous faciles à utiliser: leur flacon s’ouvre et se referme facilement et leur pinceau est aisé à manier. Mention particulière pour le Sally Hansen qui a cependant été très mal noté côté durabilité. A noter que les deux articles les plus coûteux (Dior et Chanel) étaient aussi les plus malaisés à utiliser.
Sally Hansen, Manhattan, Covergirl et Max Factor nous ont répondu qu’ils recommandent de passer une surcouche de vernis transparent pour améliorer la tenue de la couleur. Ce qui implique toutefois, pour les utilisatrices, d’acheter un produit supplémentaire.
Cocktails chimiques
Sur le plan de l’analyse chimique, plusieurs tests récents ont souligné la toxicité des vernis. En mai dernier, le Laboratoire cantonal de Bâle-Ville en a testé 63, dont 61 présentaient des traces de substances cancérigènes, les nitrosamines. Le chimiste Urs Hauri impute leur présence à la nitrocellulose, le principal composant qui vise à protéger la couche cornée. «Si on veut se faire les ongles, il faut assumer ce risque», résume l’expert.
En 2014, le magazine de consommation allemand Öko-Test avait examiné 19 flacons et tous présentaient des traces d’adjuvants, tels que plastifiants ou filtres UV suspects. Le cosmétique de Chanel contenait même du phénol, une molécule hautement irritante qui est même susceptible d’altérer le patrimoine génétique.
En 2012 enfin, l’émission de A bon entendeur de la RTS avait révélé que ce genre de produits peut contenir jusqu’à 22 composés organiques problématiques. Ces substances peuvent déclencher des allergies, voire un cancer si elles sont présentes en grande concentration. Elles sont utilisées pour que la couche sèche plus vite.
Sabine Rindlisbacher / chr
Les critères du test
L’Institut Ipi à Stuttgart en Allemagne a fait appel à dix femmes âgées de 16 à
65 ans pour tester une douzaine de vernis à ongles. Elles ont essayé chaque produit en appliquant deux couches à cinq minutes d’intervalle et en le laissant sécher pendant quinze minutes.
Les testeuses ont ensuite enfoui leurs mains dans du sable, puis passé leurs ongles sur des feuilles de papier. Elles ont encore lavé de la vaisselle, ouvert des canettes de soda et boutonné des chemises.
Avec l’assistance d’une experte, les essayeuses ont noté la facilité d’application du vernis, son pouvoir couvrant et sa brillance ainsi que le maniement du flacon et du pinceau. Elles ont enfin évalué l’aspect de la laque aussitôt après l’application et après l’avoir mise à l’épreuve.