Pour espérer toucher 60% de son dernier salaire à la retraite (soit l’objectif fixé par la Confédération), mieux vaut compter sur une rente AVS complète et un deuxième pilier correct. Or, les statistiques le prouvent: c’est loin d’être le cas pour la majorité des rentiers!
En 2016, seulement 14,6% des célibataires percevaient une rente AVS mensuelle de 2350 fr. (voir tableau ci-dessous). La moyenne de ce groupe n’est que de 1851 fr. pour les hommes (1872 fr. pour les femmes), et 6,1% (5%) ont moins que la rente minimale de 1175 fr.!
Les retraités, mariés ou veufs, s’en tirent nettement mieux. Presque deux couples sur trois touchent des rentes de conjoints atteignant ensemble la limite maximale, soit 3525 fr. Et le rapport passe même à neuf sur dix si l’on se réfère à ceux qui reçoivent 3000 fr. au moins.
Il faut gagner beaucoup
Il n’empêche: alors que bien des gens pensent que l’AVS est le minimum du minimum, le quidam ne peut souvent pas l’atteindre. Pourquoi? Parce que, pour toucher le bingo, il faut gagner bien plus qu’on pourrait le croire.
Selon l’échelle 44, calculée tous les ans par la Confédération, il faut un revenu déterminant de 84 600 fr. au moins pour toucher une rente AVS maximale. Ce chiffre provient de l’addition de tous les salaires sur lesquels le retraité a cotisé durant sa vie active, multiplié par un facteur de revalorisation et auxquels on ajoute d’éventuels bonus éducatifs*. On divise le tout par 44 années de cotisations (43 pour les femmes) et on cherche, grâce au résultat, le montant de la rente dans l’échelle.
Exemple concret
Faisons le calcul avec un célibataire qui a commencé à cotiser en 1974 (l’année de ses 21 ans) sur un salaire mensuel de 2120 fr. Ce revenu va, au gré des 44 ans de cotisations, suivre l’indice suisse des salaires et arriver à 6800 fr. en 2018. Le revenu déterminant est finalement de 65 000 fr., ce qui donne droit à une rente de 2106 fr. seulement. Pour autant qu’il n’y ait pas de lacunes, c’est-à-dire des années sans cotisation. Car, dans ce cas, la rente va encore diminuer de 2,28% par année manquante.
Pour toucher le maximum, il aurait fallu que notre retraité bénéficie d’un salaire de 2760 fr. en 1974, qui aurait progressivement augmenté pour arriver à 8850 fr. en 2018. Il aurait alors bénéficié d’un revenu déterminant de 84 600 fr.
Parents privilégiés
Si la situation est meilleure pour les parents, c’est parce qu’ils bénéficient d’un bonus éducatif. Avec, par exemple, deux enfants qui ont quatre ans de différence, c’est comme s’ils avaient gagné, à eux deux, 846 000 fr. de plus durant leur vie active. Mais c’est aussi parce que le cumul des deux rentes ne doit pas dépasser une fois et demie la rente maximale, soit 3525 fr. en 2018...
Et, une fois que l’un des deux conjoints décède? Les statistiques montrent que le veuf (ou la veuve) s’en tire mieux qu’un célibataire, puisqu’il a droit à un supplément de survivant correspondant à 20% de sa rente*. Notre tableau le montre: 51,9% d’entre eux (mais 41,6% d’entre elles) vont ainsi toucher une rente individuelle maximale de 2350 fr. Et l’immense majorité aura 1900 fr. au moins.
*Lire notre article «Calculer les rentes AVS d’un couple marié» dans notre dernière édition.
Christian Chevrolet