Vite, vite, le permis! A 18 ans, nombreux sont les jeunes qui rêvent de voiture pour goûter au plus vite à la liberté. Ils oublient parfois que, s’il existe des combines pour se procurer un véhicule bon marché, il faut aussi passer par la case assurance. C’est là que les choses se gâtent, car la responsabilité civile pour automobilistes, obligatoire, est loin d’être donnée. Et ceux qui paient le plus sont justement les nouveaux conducteurs! De même que les étrangers, car ces deux profils sont, d’après les assureurs, ceux qui posent le plus problème.
Plus cher d’accord, mais dans quelle mesure? Pour le savoir, nous avons utilisé les simulateurs en ligne des 11 principaux acteurs du marché pour calculer le montant des primes, en jouant avec trois critères: l’âge du conducteur (18/40/80 ans), sa nationalité (Suisse, Portugal, Kosovo) et son sexe. La comparaison porte sur la RC seule, sans casco (partielle ou complète), car le prix de cette dernière dépend beaucoup du véhicule assuré. Autrement dit, seuls les dommages causés à autrui sont couverts.
Jeunes et vieux dans le flou
La première surprise tombe avant même les résultats: chez une bonne moitié des compagnies, les conducteurs de 18 ou de 80 ans, souris en main, ne peuvent pas savoir à quelle sauce ils vont être mangés sans contacter un conseiller, car le calculateur les empêche de continuer. Dans ce cas, les primes qui figurent dans notre tableau sont suivies d’un astérisque, car elles nous ont été transmises par l’assureur. Les offres en ligne d’Helvetia et Vaudoise, elles, ne permettent pas de retirer la casco partielle. La prime que nous avons indiquée dans le tableau la prend donc en compte, même si Helvetia nous a indiqué qu’elle peut être enlevée sur demande.
40 ans, l’âge de raison?
En pleine force de l’âge et bien de chez nous: voilà le profil type du conducteur qui paiera sa RC le moins cher. C’est smile.direct qui décroche la palme chez les quadragénaires suisses, avec une prime de 300.70 fr./an pour les hommes et cinq francs de plus pour les femmes (Pour chaque profil, la prime la moins chère est indiquée en gras dans le tableau). En matière de sexe, d’ailleurs, aucun gagnant ne se distingue, et c’est tant pis pour les discussions de comptoir! A 5% près, c’est tantôt madame, tantôt monsieur qui paie un peu moins (le profil le plus avantageux, par assureur, est indiqué sur fond vert foncé), exception faite des jeunes conductrices, qui économisent en moyenne une bonne centaine de francs par rapport à leurs homologues masculins.
Il faut bien que jeunesse se paie
Les jeunes conducteurs, parlons-en… En matière de RC, c’est la pire caractéristique! En moyenne, leur prime passe du simple au triple (voir colonne A). C’est Allianz qui les punit le moins, avec une facture pour une jeune femme suisse de 18 ans qui coûte «seulement» le double de celle des automobilistes de 40 ans. A l’inverse, pas de pitié chez smile.direct, où un jeune homme (1400.10 fr./an) paie 4,7 fois plus. Quant aux seniors, ils s’en tirent mieux, puisqu’ils ne déboursent que 1,3 fois plus. C’est Generali qui leur propose la prime absolue la moins chère, et Helvetia qui les surtaxe le moins (+2% par rapport aux conducteurs de 40 ans).
Conduire sans passeport à croix rouge n’est pas non plus une bonne idée pour payer peu sa RC. A 40 ans, la surtaxe est encore raisonnable, puisqu’une Portugaise paiera en moyenne 1,2 fois plus qu’une Suissesse, et un Kosovar 1,6 fois plus. Pour les hommes de 18 ans, en revanche, c’est le cauchemar, car ils réunissent tous les critères qui poussent les primes vers le haut. Ainsi, un jeune Kosovar paiera six fois plus qu’un quadragénaire helvète pour être couvert contre exactement le même risque! Et la note est plus salée chez d’autres, comme Axa et smile.direct, avec un écart qui dépasse le facteur 9 entre le profil le moins cher et le plus cher (voir ligne B ).
Trouver le bon créneau
Confrontés à nos résultats, les assureurs ont tous la même réponse: les primes sont fixées en fonction des statistiques de sinistres. Or, comme les jeunes et les étrangers causent plus d’accidents, ils paient plus cher. Mais alors, comment expliquer les différences abyssales qui séparent les compagnies les unes des autres? Par exemple, comment se fait-il que, chez Axa, un Kosovar de 18 ans paie sa prime 9 fois plus cher qu’un Suisse de 40 ans, contre 3 fois plus seulement chez Generali? Notre tableau regorge d’exemples de ce genre pour les jeunes également.
«Chaque assurance utilise ses propres données – externes comme internes – pour définir le montant des primes, et ces données peuvent varier d’un assureur à l’autre», nous a répondu Bâloise. Elles peuvent aussi choisir de pénaliser plus ou moins fortement un niveau de risque, en faisant reposer les coûts sur un plus ou moins grand nombre d’assurés. Autrement dit, certaines entités sont plus sociales et mutualisent le risque; l’écart est alors faible entre la prime la plus basse et la plus haute, mais il n’y a pas de «meilleur prix» sur les profils à bas risque. C’est cette politique qu’ont choisie, par exemple, Allianz et Generali dans le cas de la RC. D’autres, comme Elvia, smile.direct et Zurich, font le choix inverse: chaque assuré ne supporte que le risque de son propre groupe, ce qui engendre de grands écarts entre la prime la plus basse et celle qui est la plus haute.
À chacun ses chouchous
Dès lors, être un profil «à risque» n’est pas entièrement une fatalité. La stratégie? Comparer les primes du plus grand nombre de compagnies possible, jusqu’à trouver celle qui surtaxe le moins ses particularités. En la matière, notre enquête révèle d’ailleurs une surprise de taille: Generali ne prend tout simplement pas en considération la nationalité. Leur RC est donc très intéressante pour les étrangers! Quant aux nouveaux conducteurs qui passent le permis sur le tard, ils trouveront chaussure à leur pied chez Bâloise, TCS et Zurich qui ne tiennent pas compte de l’expérience du conducteur. Ainsi, qu’il vienne de passer le permis ou ait déjà plus de 30 ans d’expérience, un homme de 50 ans paiera la même prime.
Vincent Cherpillod