Il fut un temps où il suffisait d’acheter un téléviseur et de le relier à une antenne (râteau ou portable) pour recevoir des programmes automatiquement et gratuitement, tout comme avec un poste de radio. Dès le 3 juin 2019, toutefois, les antennes hertziennes de La Barillette, du Salève ou encore du Chasseral cesseront d’émettre les chaînes de la SSR, et plus aucune image ne s’affichera sur l’écran.
Le feu de paille de la TNT
Entre 2007 et 2008, transition de l’analogique au numérique (TNT) oblige, la mise à jour de cette technologie avait forcé les ménages équipés d’une antenne à se munir d’un décodeur pour continuer de recevoir leurs programmes. Moins de dix ans plus tard, elle est pourtant considérée comme dépassée et trop coûteuse: selon les chiffres du Conseil fédéral, 2% des ménages seulement recevraient encore la télévision au moyen d’une antenne «râteau», un chiffre qui a incité la Confédération à autoriser la SSR à en cesser l’exploitation. «L’arrêt de la TNT nous permettra d’économiser 10 millions de francs par an, une somme précieuse à une époque où la SSR doit réduire ses coûts», justifie sa porte-parole, Sibylle Tornay.
Les programmes des chaînes régionales et les bouquets TNT des pays voisins, eux, restent, pour l’heure, à l’antenne. Mais, pour capter ceux de la SSR, il faudra passer par l’un des moyens suivants:
⇨ Télévision par internet via un opérateur (IPTV). Avec 45% de parts de marché, c’est la technologie n°#1 en Suisse depuis peu. Condition: disposer d’une connexion internet suffisamment rapide (10 Mo/s environ pour la HD) et payer un abonnement.
⇨ Télévision par câble (43% des ménages). Condition: être raccordé à un téléréseau et payer un forfait mensuel d’environ 30 fr./mois (parfois inclus dans les charges des logements loués). L’achat d’une box et d’un abonnement pour disposer de plus de chaînes est optionnel.
⇨ Télévision par satellite (7% des ménages). Condition: installer une antenne parabolique sur le bâtiment, à condition que les règlements de la commune et de l’immeuble l’autorisent. S’enregistrer ensuite auprès de la SSR pour recevoir une carte «Sat Access» qui permet de décrypter les programmes. Elle coûte 60 fr. (taxe unique), sauf pour les Suisses domiciliés à l’étranger, qui paient une taxe additionnelle de 120 fr./an pour couvrir les frais de distribution.
Ces trois options sont donc payantes et nécessitent une inscription. Bien entendu, la perte de la réception gratuite et anonyme des chaînes du service public ne réjouit pas tous nos lecteurs: «La suppression de la TNT équivaut à privatiser la réception des chaînes, car seul un abonnement à un fournisseur d’accès (satellite, câble ou internet) permettra de les recevoir», déplore par exemple un lecteur d’Onex (GE).
Vincent Cherpillod