Un stick de poisson, comme son nom l’indique, devrait contenir clairement plus de poisson que de panure. Mais, comme aucune directive ne réglemente leur composition en Suisse, les fabricants sont donc libres de choisir la variété de poisson et de fixer le taux de chair dans leurs produits. Pour se faire une idée de la qualité des bâtonnets disponibles dans la grande distribution, Bon à Savoir a confié l’analyse de seize emballages à un laboratoire spécialisé de Cuxhaven (D).
Moins bien qu’en 2015!
La conclusion est peu reluisante: les sticks industriels renferment de moins en moins de poisson. On a constaté que dix des seize produits analysés faisaient moins bien que le test que nous avions réalisé en septembre 2015 (lire «Des sticks panés et pollués»).
Sur ce critère, les meilleurs élèves sont les Findus Fish Sticks et l’emballage de Lidl qui terminent d’ailleurs en tête du classement final. Dans l’un comme dans l’autre, la part de poisson atteignait 62%. Il y a néanmoins une différence de taille entre le duo de tête, puisque les bâtonnets de Findus sont composés de filets de colin d’Alaska, alors que ceux de Lidl sont élaborés avec des restes de chair. Ce qui explique en partie, l’écart de prix important.
A l’autre bout du classement, cinq produits ne contiennent que 57% de poisson. Les Naturaplan de Coop descendent même à 55%, alors que, lors de notre test de 2015, le laboratoire avait mesuré 75%! Ils font donc partie des dix emballages qui affichent un moins bon ratio qu’en 2015. Les fabricants affirment pourtant ne pas avoir réduit la part de poisson. La déclaration sur les emballages n’a d’ailleurs pas changé. Migros explique que l’eau contenue dans la chair peut variablement migrer dans la panure au cours de la production. Selon le laboratoire, l’explication est à chercher dans les nombreuses étapes de fabrication des sticks.
Des filets moins verreux
Le laboratoire a détecté la présence de vers dans deux produits, à savoir les Fish Fingers d’Aldi et les Bâtonnets de cabillaud Pelican de Migros. Chacun en contenait deux pour 250 g. Cette découverte peu ragoutante leur a valu une note de 3 sur 6 pour ce critère. Aldi explique qu’il est possible que des parasites ne soient pas détectés malgré les contrôles rigoureux. Comme le colin d’Alaska est un produit naturel, «la présence de vers ne peut être exclue», ajoute le discounter. Malgré tout, soulignons que les sticks affichent un meilleur bilan parasite que les filets surgelés. Notre test (lire «Des vers pris dans les filets») avait révélé la présence de vers dans six des quinze échantillons. Un filet de saumon sauvage de Migros avouait même 44 vers pour 250 g.
Autre présence traquée par les experts, celle du mercure. Si des traces ont été décelées dans treize des seize échantillons, ce sont les sticks Qualité & Prix de Coop qui étaient plus sévèrement pollués que les autres. Ce qui leur a valu un demi-point de pénalité.
Étiquetage optimiste
Les bâtonnets de Volg, de Denner et les Fish Fingers d’Aldi ont eux aussi écopé d’une sanction (0.2 point) en raison d’une déclaration erronée de la part de poisson. Le taux mesuré par le laboratoire était inférieur de 5% au moins à l’indication figurant sur l’emballage. Il est certes normal que le pourcentage baisse légèrement au cours de la production, car la chair perd de l’eau pendant la préfriture, admet le laboratoire*. Mais une telle différence trahit une déclaration erronée ou l’utilisation de poisson trop chargé en eau. Volg s’en défend et assure que les indications de son emballage sont correctes.
*Bonus web: retrouvez l’interview du propriétaire du laboratoire Cuxhaven
Sabine Rindlisbacher
Les critères du test
1. Part de poisson Les experts ont retiré la panure, puis ont pesé poisson et panure séparément.
2. Parasites On en trouve dans presque tous les poissons. Les vers ronds (nématodes) sont les plus courants. La consommation de nématodes dans du poisson cru peut rendre sérieusement malade. Même si la congélation ou la cuisson tue le vers, un produit infesté est toujours considéré comme de moindre qualité, puisque les larves mortes peuvent provoquer des allergies. Afin de pouvoir quantifier les parasites, les experts ont fait appel à une enzyme qui digère les filets.
Présence de mercure Métal lourd toxique, le mercure est transformé par les micro-organismes vivant dans l’eau en méthylmercure, une substance encore plus nocive absorbée par les poissons.
Part de poisson déclarée Le laboratoire a comparé la quantité de poisson indiquée sur l’emballage avec celle qui a été mesurée pendant les analyses.
PFOS/PFOA Ces composants chimiques nocifs s’accumulent dans le corps et sont soupçonnés d’être cancérigènes. Bonne nouvelle: aucun des échantillons n’en contenait.
Dioxines Ces substances sont rejetées dans la nature par la combustion et d’autres procédés industriels. Elles arrivent dans l’organisme humain par la consommation de produits d’origine animale. Le poisson en est la source principale. Les dioxines s’accumulent dans les tissus adipeux. Certaines sont considérées comme cancérigènes. Aucun des échantillons du test n’en renfermait.