Les produits de soins corporels ne devraient pas contenir de substances pouvant provoquer des allergies ou affaiblir la protection naturelle de la peau. Sur cette base, les résultats de notre test sont tout sauf réjouissants, puisque des composés critiques ont été décelés dans tous les échantillons. Seule consolation: le laboratoire n’a pas détecté de traces de formaldéhyde ou de parabène dans les échantillons.
Si aucune crème n’a décroché la mention «très bon», quatre d’entre elles ont malgré tout été jugées «bon». Le plus surprenant, c’est qu’il s’agit de quatre marques propres aux grands distributeurs, en l’occurrence Ombia de Aldi, We! de Coop ainsi que I am et Zoé de Migros.
La main lourde sur les parfums
De toute évidence, notre test montre que les fabricants n’y vont pas de main morte avec les parfums. Lanterne rouge du classement, la crème de Bodyshop, qui est aussi la plus chère du test, ne contient pas moins de sept fragrances problématiques dont la concentration – supérieure à 10 mg/kg – exige une déclaration sur l’étiquette.
Selon le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (SCCS), cinq de ces parfums provoquent souvent des irritations de la peau. Il y a notamment le limonène et le linalol, fréquemment utilisés comme senteurs de citron et de lavande. L’un et l’autre peuvent causer des allergies, notamment en raison de leur oxydation au contact avec l’air. Le consommateur sera également attentif aux parfums floraux tant au géraniol, à l’hydroxycitronellal qu’à l’alcool cinnamylique qui rappelle l’hyacinthe. Tous sont également présents dans la Vitamin E de Bodyshop.
Les crèmes de Nivea, de Cien et de Beauté Suisse contiennent au moins trois composants à haut potentiel allergène. C’est également le cas des cosmétiques naturels des marques Lavera et Naturaline de Coop. Lavera et Coop rétorquent qu’il s’agit de produits naturels et que les substances allergènes sont déclarées conformément à la loi.
Peau davantage perméable
Le laboratoire s’est également intéressé aux conservateurs et aux liants critiques pour la santé. Sept produits renferment du EDTA, qui agit sur la consistance et l’aspect des cosmétiques. La Vitamin E de Bodyshop contient en plus un dérivé de PEG. Tout comme l’EDTA, le PEG rend la peau plus perméable. Cela ne permet pas seulement aux crèmes de mieux pénétrer l’épiderme… mais aussi à des substances nocives.
The Bodyshop indique qu’il vérifie régulièrement la sécurité des ingrédients de ses articles et que la recette de la Vitamin E va être modifiée. Aldi explique que l’EDTA sert à éviter que l’Ombia Aqua-Complete ne brunisse. Lidl précise que la Cien Classic Cream a été retirée de son assortiment, bien qu’il reste encore quelques tubes dans les rayons.
Les critères du test
Le Laboratoire Dr. Wirts + Partner, à Hanovre (D), a traqué les substances problématiques dans douze crèmes de jour.
1. Parfums allergènes
Les experts ont recherché la présence de fragrances susceptibles de provoquer des allergies. Ces substances doivent être mentionnées sur l’emballage à partir d’une concentration de 10 mg/kg pour les cosmétiques qui ne sont pas rincés. Les autorités européennes estiment qu’il n’y a pas de danger en dessous de ce seuil. Nous avons noté sévèrement la présence de ces parfums, car ils n’ont aucun effet bénéfique pour la peau.
2. Substances augmentant la perméabilité de la peau
L’EDTA, les PEG et les dérivés de PEG sont des substances synthétiques utilisées pour homogénéiser la consistance de la crème. Elles augmentent la perméabilité de la peau et ne sont pas recommandées dans les cosmétiques, car elles améliorent l’absorption d’autres composants potentiellement nocifs.
3. Agents conservateurs
Certains d’entre eux sont considérés comme problématiques pour la santé, comme les parabènes qui peuvent influencer le fonctionnement hormonal. Les analyses montrent que les fabricants en évitent l’utilisation. Autre bonne nouvelle: aucune des crèmes ne contient du formaldéhyde, une substance cancérigène.