Les déodorants contiennent souvent toute une gamme de parfums censés neutraliser les odeurs. Ces composants peuvent provoquer des irritations et des éruptions cutanées, car la peau rasée sous les bras est particulièrement sensible.
Bon à Savoir a envoyé au labo 14 déodorants achetés dans des grandes surfaces afin de déterminer s’ils comportent des substances problématiques, à savoir des parfums allergènes, des phtalates et des muscs polycycliques (lire «Les critères du test»).
Résultat: quatre déos seulement n’en contiennent pas du tout, et ont donc été jugés «très bon». Parmi eux, deux produits à petit prix: l’Ombia Deo Roll On Pure basic, vendu 99 ct. par Aldi, et l’Isana Deo Roll-On Fresh, qu’on trouve à 1 fr. chez Denner.
Les deux autres roll-on sans substance problématique sont plus chers: 2.60 fr. pour le Nivea Fresh Pure 0% aluminium, disponible chez divers détaillants, et 3.50 fr. pour le PH Balance Deo Roll On sans sels d’aluminium acheté chez Migros.
Allergènes, musc et phtalates dans deux déos
A l’autre bout du classement, deux roll-on de marques coûteux, l’Original de Denim (4.95 fr.) et l’Original de Borotalco (5.45 fr.) obtiennent les plus mauvais résultats. Le premier contient du géraniol, du citral de l’eugénol et de la coumarine. Dans le second, les experts ont trouvé du géraniol, du citral, de l’hydroxycitronellal et de la coumarine. Selon le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs de l’Union européenne (CSSC), tous ces parfums sont particulièrement préoccupants. Des études montrent en effet qu’ils provoquent des allergies chez de nombreuses personnes. Le Groupement allemand des patients allergiques et asthmatiques (DAAB) relève, de son côté, qu’ils peuvent aussi poser des problèmes aux personnes souffrant d’asthme et de maladies pulmonaires.
Le laboratoire a également trouvé de la galaxolide, un musc synthétique, dans ces deux déos. Ce composant s’accumule dans les tissus adipeux et peut aussi déclencher des allergies. Il y avait également du phtalate de diéthyle (DEP), soupçonné de nuire à la fertilité. Ce composé chimique est censé servir notamment à fixer et à prolonger la senteur des parfums présents.
Entre les quatre déos «très bon» et les deux «insatisfaisant», nos huit autres achats contiennent jusqu’à sept parfums potentiellement allergènes et doivent donc se contenter de l’appréciation «satisfaisant», échappant même de justesse à une note insatisfaisante pour quatre d’entre eux.
Le savon et l’eau peuvent suffire
On relèvera que les quatre produits qui ont obtenu une très bonne note ne renferment pas de sels d’aluminium. En tout, la moitié des déos n’en ont pas. Cet antitranspirant resserre les pores, réduisant ainsi la transpiration. Un risque cancérigène était évoqué, mais de nouvelles études montrent qu’il n’est pas absorbé par la peau, y compris lorsqu’elle est fraîchement rasée. Notre tableau mentionne donc sa présence, mais elle n’a aucune influence sur la note finale (lire encadré).
Selon le distributeur Promena, le Denim Original est conforme aux dispositions légales. Bolton, fabricant du Borotalco, écrit que ses propres tests cliniques n’ont pas révélé de problèmes particuliers. Nivea précise que son Dry Comfort est désormais disponible dans une nouvelle formule.
Enfin, on soulignera que beaucoup de personnes peuvent très bien se passer de déodorant en utilisant de l’eau et du savon. En effet, la transpiration ne sent pas fortement chez tout le monde. Selon le biologiste et médecin allemand Hans Hatt, l’odeur âcre de la sueur est due principalement à la dégradation des acides gras par les bactéries. La nourriture joue également un rôle. Une étude de l’Université de Prague montre que la sueur des végétariens sent moins que celle des carnivores.
Jonas Arnold / seb
Les critères du test
L’Institut SGS Frenesius de Wörgl (Autriche) a traqué les substances indésirables suivantes dans 14 déodorants:
1. Parfums allergènes
Les experts ont recherché 31 parfums courants, susceptibles de provoquer des réactions allergiques. Lorsque leur présence dépassait 10 mg/kg, nous avons appliqué une pénalité de 1,5 point.
2. Parfums à haut risque allergène
Nous avons, en plus, déduit 0,5 point lorsque les analyses ont révélé la présence de géraniol, de citral, d’hydroxycitronellal, de cinnamal, d’eugénol, d’isoeugénol, de coumarine, de farnésol ou d’extraits de mousse d’arbre et de mousse de chêne. Le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) considère ces substances comme particulièrement préoccupantes…
3. Muscs polycycliques
Ils se dégradent difficilement dans l’environnement, affectant la vie aquatique, et s’accumulent dans les tissus adipeux humains. Des expériences menées sur les animaux montrent que certains muscs de synthèse endommagent les systèmes nerveux et endocrinien. Le laboratoire a examiné la présence de cashmeran, appelé aussi «bois de Cachemire», et de dix autres muscs.
4. Phtalate de diéthyle (DEP)
Ce composé chimique est soupçonné d’agir comme une hormone et de nuire à la reproduction et à la fertilité.
Les sels d’aluminium, pas dangereux?
Beaucoup de déodorants – la moitié dans notre test – contiennent des sels d’aluminium. Le plus souvent, ces cosmétiques comportent l’indication «antitranspirant», car les sels bouchent les pores, réduisant la production de sueur. Or, l’alu peut s’accumuler dans le corps et certaines études sur les animaux suggèrent qu’une présence trop importante favorise le cancer. Les antitranspirants ont donc été accusés de présenter un risque pour la santé, notamment de favoriser le cancer du sein chez les femmes.
Cependant, des études récentes menées par l’Institut de recherche néerlandais TNO montent que le corps n’absorbe quasiment pas d’aluminium par la peau. L’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques estime aussi que l’utilisation quotidienne des déos contenant de l’alu est sans danger. En Suisse, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a mandaté le Centre suisse de toxicologie humaine appliquée (SCAHT) pour conduire une évaluation approfondie de la littérature scientifique: «Les résultats montrent que les données disponibles à l’heure actuelle ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre une exposition de la peau à l’aluminium et le cancer du sein.» L’aluminium dans les cosmétiques est réglementé en Suisse de la même manière que dans l’UE.