Seules deux des sauces tomate au basilic examinées ont obtenu une bonne note finale. Pour les autres, les tomates n’étaient apparemment pas assez mûres, trop gâtées ou contenaient des pesticides. Le lycopène, cet antioxydant naturel (voir «les critères du test»), n’est apparu la plupart du temps qu’en faible quantité. Décevant quand on sait qu’il est synonyme de fraîcheur et de bonne santé. A plusieurs reprises, le laboratoire allemand mandaté par Bon à Savoir a mesuré à peine 10 milligrammes de lycopène par 100 grammes de sauce. Quelques produits s’en tirent mieux, comme le Sugo al basilico de Coop Prix Garantie qui se démarque haut-la-main, avec 18 milligrammes par 100 grammes.
Cette même sauce n’a toutefois obtenu qu’une appréciation «satisfaisant» à cause de la présence de pesticides et de toxines de moisissures. Pareil pour le bocal de Rummo, bien fourni en lycopène mais qui se classe à la 12e place à cause de fortes pénalités liées à la présence de résidus peu ragoûtants. Les sauces tomates bio de Barilla et de Coop Naturaplan, qui sont aussi les mieux notées avec la mention «bon», n’ont écopé que de légères déductions pour des toxines de moisissures. Reste que la première est sensiblement plus chère au prix par 100 grammes (1.53 fr.) que sa voisine de podium (0.74 fr.).
Gare aux pesticides
Les sauces tomates Basilico de Barilla et Napoletana de Migros Sélection contenaient pour leur part du propamocarbe, un fongicide susceptible de modifier le système hormonal et qualifié d’agent neurotoxique dans la base de données sur les pesticides de l’Université de Hertfordshire, en Angleterre. Autre substance nocive, découverte dans 11 des 14 bocaux de verre: l’acide phosphorique. On en retrouve souvent dans les produits finis via les engrais. Seules les trois sauces tomates bio du test n’en contenaient pas. Il ne devrait plus y avoir trace de cet agent dans les engrais, dès l’été 2022, sur décision de l’Union européenne.
Des résidus de deux autres pesticides ont été relevés au cours du test: le diméthomorphe et le mandipropamide. A noter qu’aucun des produits ne dépassait les valeurs maximales réglementaires pour les pesticides en Suisse. Cependant, une fois plusieurs de ces substances consommées, leur interaction dans le corps humain peut leur permettre de se renforcer mutuellement, prévient l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Traces de moisissures
Les toxines de moisissures prouvent l’utilisation de tomates déjà gâtées. Elles ne sont pas bénignes: les aflatoxines peuvent occasionner des dégâts aux reins et au foie, et même favoriser le cancer. La cuisson ne les détruit que dans une faible mesure. Heureusement, les quantités de métabolites d’une à deux toxines retrouvées dans 12 des 14 sauces tomates restent négligeables et n’induisent, dans cette proportion, aucun risque pour la santé. Quoi qu’il en soit, les produits d’Agnesi et de M-Budget montrent qu’on peut les éviter.
De son côté, le Sugo Basilico d’Alnatura a été pénalisé pour contenir le plus de bromure, un agent hautement toxique et potentiellement cancérigène. Sa teneur en bromure dépassait 5 milligrammes par kilo, une valeur considérée déjà comme exceptionnelle.
Sauces très sucrées
Enfin, au test sensoriel, les experts n’ont rien noté de particulier concernant l’apparence ou l’odeur des sauces tomates. Seul constat pour l’un des produits de Lidl et la sauce tomate Basilico de Barilla: ils étaient «très doux». La liste des ingrédients indique respectivement 6 et 7,5 grammes de sucre par 100 grammes, quantités mêlant sans aucun doute sucre provenant de tomates et sucres ajoutés. Neuf autres bocaux de verre contenaient cette substance. Rien de plus naturel aux yeux des fabricants: le sucre est là «pour arrondir le goût», «contrebalancer l’acidité» ou «respecter une vieille tradition».
Sabine Rindlisbacher / gda
Les critères du test
Bon à Savoir a mandaté un laboratoire allemand pour analyser 14 sauces tomates en bocaux de verre et y rechercher les traces des substances suivantes:
Teneur en lycopène sain
Ce pigment qui protège les tomates des rayons du soleil et de la chaleur est bénéfique pour la santé humaine. Antioxydant naturel, il renforce le système immunitaire, protège des maladies cardiovasculaires et peut même réduire le risque de cancer. Une haute teneur en lycopène indique que la tomate a poussé au soleil et à la chaleur et qu’elle était mûre au moment d’être cueillie. Avec une faible teneur, il y a de bonnes chances que les produits n’aient pas été mûrs lors de la récolte.
Pesticides
Les experts ont recherché la présence de résidus de plus de 600 pesticides.
Toxines de moisissures
Aflatoxine B1, B2, G1, G2
Ces métabolites de moisissures «comptent parmi les pires poisons et substances cancérigènes naturels», selon l’Institut allemand d’évaluation des risques. Elles se forment en cas de mauvais stockage des denrées ou lors du transport.
Ions bromure
Les bromures sont des sels d’acide bromhydrique. Le bromure dans les aliments peut provenir du sol ou du bromure de méthyle, produit phytosanitaire utilisé par fumigation dans la production fruitière et interdit dans le monde entier depuis 2015. Le bromure est très toxique en cas de contact direct et endommage la couche d’ozone.
Test sensoriel
Le laboratoire a examiné l’apparence, le goût et l’odeur des sauces.