Le foot devant un écran, c’est rarement fit. Tous les aliments susceptibles de faire succomber un diététicien d’une crise d’apoplexie se donnent le mot. Une poignée de chips dans la main, une canette de bière dans l’autre, l’amateur de foot est en symbiose avec les stars qu’il admire: il est lui aussi capable de mettre son organisme à rude épreuve. Et, lorsqu’il s’agit de jouer les prolongations, il est capable de se sublimer sans réclamer le moindre changement. Demain sera un autre jour.
Pour les plus jeunes, la Coupe du monde commence bien avant la mi-juin. Le coup d’envoi est donné par Panini. Ses vignettes, vestiges d’un autre temps, traversent les générations en se moquant de la fièvre numérique. Depuis le premier album de la Coupe du monde, en 1970 à Mexico, la recette n’a pas changé. La qualité des photos s’est améliorée et les prix ont certes grimpé. Mais le plaisir de déchirer une pochette, de coller ses vignettes et d’échanger ses doubles est resté intact pour ses aficionados.
Si Panini parle à tous les grands qui se plaisent à retomber en enfance, c’est bien les écoliers qui sont sa première cible. Des écoliers qu’on incite, pour cette édition 2018, à se familiariser avec un soda pour compléter leur album. Oui, la firme italienne a poussé le vice en s’acoquinant avec Coca-Cola pour douze stickers d’anciennes gloires du ballon rond. Ainsi, si junior veut avoir la tronche de Pelé, de Maradona et de Beckenbauer à la fin de son album, un seul salut: acheter des bouteilles de Coca de 500 ml.
Ce mariage nauséabond reçoit la bénédiction de la vertueuse FIFA qui accorde la licence à Panini. Dans ce cercle animé par l’appât du gain, on est bien loin des considérations (diét)éthiques. Ce qui compte, c’est caresser Coca-Cola dans le sens du poil en sa qualité de sponsor officiel de la compétition. Les méfaits avérés des sodas (lire «La maladie de la malbouffe») sur la santé publique? Les problèmes d’obésité qui frappent toujours plus d’enfants? On s’en foot.
Yves-Noël Grin