En 1992, l’Académie américaine de pédiatrie lance sa campagne «Back to sleep». Son but, inciter à faire dormir les bébés sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson. Cette consigne pertinente a permis de réduire drastiquement le nombre de décès. Mais son incidence ne s’est pas arrêtée là. Depuis cette même date, le phénomène de la «tête plate», connu sous le nom de «plagiocéphalie», a, lui aussi, pris de l’ampleur.
S’assurer du diagnostic
«A ce jour, près d’un tiers des enfants développent une déformation crânienne, soit dix fois plus qu’il y a trente ans», note Michèle Tremblay, technicienne orthopédiste et spécialiste plagiocéphalie pour la société médicale lausannoise Ortho-Kern. Les garçons semblent majoritairement concernés (75%). Et le facteur le plus souvent cité reste la position du sommeil du nouveau-né.
Sans remettre en question l’instruction de l’Académie américaine de pédiatrie, les spécialistes rappellent qu’il est possible de prévenir la plagiocéphalie (lire encadré). Mais aussi de la traiter. Neurochirurgien aux Hôpitaux universitaires de Genève, Andrea Bartoli précise tout d’abord qu’il «faut différencier une plagiocéphalie synostotique (PS) d’une plagiocéphalie postérieure d’origine positionnelle (PPP). La PS est due à une fusion précoce des sutures crâniennes et nécessite, en principe, une opération. La PPP est souvent liée à la position de la tête pendant le sommeil et ne requiert normalement pas de traitement chirurgical.» Une fois le diagnostic posé, plusieurs étapes sont possibles.
Taux de réussite spectaculaire
La plupart du temps, l’aplatissement se corrige de lui-même ou après quelques séances d’ostéopathie. Les cas plus complexes peuvent cependant requérir un traitement par orthèse crânienne. Une technique qui consiste à fabriquer, sur mesure, un casque, que l’enfant portera en moyenne pendant trois mois. «L’idéal est de commencer le traitement, lorsqu’il a entre 4 et 7 mois, précise Michèle Tremblay. Car, vers 9 mois, l’expansion du crâne devient beaucoup moins rapide et le traitement risque alors d’être plus contraignant et plus long.»
Le taux de réussite est spectaculaire (plus de 95%), mais la démarche a un coût. D’une part, humain: les parents doivent régulièrement amener leur enfant à des visites de contrôle et veiller à ce qu’il porte le casque 23 heures sur 24. D’autre part, financier: un casque coûte entre 1000 fr. et 2000 fr. Sa prise en charge est partielle et varie selon les assurances complémentaires. «Aucune étude n’ayant prouvé de réelle causalité avec d’autres pathologies, et encore moins avec le développement psychomoteur, la correction de la plagiocéphalie positionnelle reste considérée comme une mesure principalement esthétique», souligne Andrea Bartoli.
Sou’al Hemma
Laisser bouger bébé librement
1. Varier les positions
Changer régulièrement la position de bébé quand il dort: une fois sur le côté droit, la suivante sur la gauche. Lorsqu’il est réveillé, n’hésitez pas à l’allonger sur le ventre.
2. Stimuler les mouvements
Eviter de laisser le nouveau-né trop longtemps dans son relax, sa chaise haute ou encore son siège de voiture. Le laisser bouger librement le plus souvent possible. A ce sujet, notons que les coussins spéciaux sont de plus en plus contestés. Selon la technicienne orthopédiste, Michèle Tremblay, «ils agissent sur les déformations purement symétriques, qui sont, en fait, très rares. Si le bébé tourne la tête et bute contre le coussin, on risque d’accentuer la déformation.»
3. Surveiller la rotation de la tête
Il est important que bébé alterne la position de sa tête, parfois à gauche, parfois à droite, surtout s’il dort sur le dos. S’il a tendance à tourner la tête toujours du même côté quand il est réveillé, attirer son regard du côté opposé. Quelques séances d’ostéopathie peuvent également aider.