Depuis plus de vingt ans, Bon à Savoir démontre, par des tests réguliers, que des polluants dangereux pour la santé affectent notre environnement et les biens de consommation en tous genres.
Il y a un an, notre rédaction avait mené des analyses sur les cheveux de vingt Suisses romands et alémaniques, âgés de 2 à 77 ans, à la recherche d’une exposition répétée à des substances nocives. Une enquête unique dans notre pays, qui avait révélé que tous les sujets testés, dès le plus jeune âge, étaient contaminés par un cocktail de polluants organiques, parfois très toxiques. Jusqu’à 28 produits avaient été retrouvés dans les cheveux d’une Romande de 16 ans, dont certains étaient interdits depuis plus de vingt ans.
Cette expérience, qui visait à rechercher une toxicité chronique dans l’organisme, montrait, une fois de plus, que les lois et les réglementations en vigueur ne suffisent pas à protéger la population.
Pour ce numéro, nous avons conduit une nouvelle analyse, cette fois-ci dans les urines de trente personnes, âgées de 3 à 74 ans, à travers toute la Suisse (lire: "Pesticides: tous contaminés!"). Tant l’impact que l’ampleur de notre exposition aux produits phytosanitaires restent très mal connus et nous avons voulu, cette fois-ci, comparer le niveau de contamination de personnes consommant de la nourriture «conventionnelle» à celles mangeant principalement des aliments biologiques. Le résultat? Choquant, une fois encore. Cinq pesticides dans l’urine de la personne la moins contaminée, et dix-sept pour la plus touchée. Plusieurs de ces substances sont susceptibles de provoquer des cancers, des anomalies génétiques, voire des lésions aux organes.
Si les individus qui consomment bio s’avèrent globalement moins exposés, cette pratique ne suffit malheureusement pas à se protéger. En cause, notamment, la possibilité d’importer, en Suisse, des aliments traités dans leur pays d’origine par des produits interdits dans notre pays, parfois depuis de nombreuses années. Nous avons ainsi retrouvé trois substances prohibées ou en passe de l’être dans les trente échantillons analysés.
Une situation inadmissible à laquelle nous devrons, tôt ou tard, avoir le courage, politique, économique et sanitaire, de faire face.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef