Le 19 novembre, la procédure de consultation publique concernant le deuxième volet de mesures visant à freiner les coûts de la santé prendra fin. Ce qui se joue sous nos yeux en ce moment n’est rien moins que l’avenir d’un système d’assurance-maladie toujours plus difficile à supporter par les consommateurs.
Depuis l’introduction de la Loi fédérale sur l’assurance-maladie, en 1996, les primes ont plus que doublé. L’urgence d’une maîtrise des coûts ne doit en aucun cas aller de pair avec une dégradation de la qualité des soins ou une médecine à plusieurs vitesses, dont on devine déjà les contours.
Si l’introduction d’un objectif de maîtrise des coûts, et donc des primes, se trouve au centre de ce second volet, c’est qu’il constitue la réponse du Conseil fédéral, sous forme de contre-projet indirect, à l’initiative du PDC «Pour un frein aux coûts de la santé» déposée en juin dernier, et qui obligerait le Conseil fédéral, l’Assemblée fédérale et les cantons à intervenir si les coûts des soins de la santé augmentent trop fortement par rapport à l’évolution des salaires.
Pour faire baisser la charge des primes sur le budget des ménages, neuf mesures sont donc soumises à consultation sous l’œil sceptique des deux faîtières des assureurs-maladie.
Si certaines d’entre elles semblent frappées au coin du bon sens, comme la standardisation de la transmission électronique des factures ou l’établissement de réseaux de soins coordonnés, d’autres soulèvent des questions. Il en va ainsi de l’obligation de «s’adresser à un premier point de contact», version étendue du «modèle de médecin de famille» adopté par 70% des Suisses. Si une grande majorité des consommateurs a fait ce choix, c’est qu’il permet actuellement de réduire sensiblement les primes. Une généralisation du système maintiendra-t-elle cette possibilité d’économie ou faudra-t-il au contraire, à l’avenir, payer davantage pour conserver une liberté de choix? Y aura-t-il assez de «points de contact» pour tout le monde? Y trouvera-t-on les compétences nécessaires? Et quels recours les patients auront-ils en cas de désaccord ou d’erreur?
L’économie visée par ce second volet, un milliard de francs, devrait permettre d’endiguer l’augmentation des primes. Combien de temps exactement, personne ne le sait. Quant à une éventuelle baisse, personne n’en parle.
A ce stade, on ne peut que souhaiter des solutions courageuses, ambitieuses et durables, pour que, enfin, le fardeau des primes cesse de peser sur le porte-monnaie des consommateurs.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef