L’épargne de prévoyance, c’est comme les bagages en avion: on y pense surtout à l’arrivée et les ennuis commencent si l’on rate la correspondance. Il en va de même entre deux emplois. Si l’on ne s’en occupe pas, le capital de retraite est transféré à la Fondation institution supplétive.
Dès lors, comment le gérer au mieux? Nous avons passé en revue les options qui se présentent à Alexandre*, chômeur de 60 ans, marié et en bonne santé (voir tableau).
Elles ne sont pas nombreuses, car la loi sur la prévoyance professionnelle, élaborée en période de plein emploi, ne chouchoute guère les chômeurs.
Avertissement préalable: on peut certes transférer son épargne de prévoyance sur un autre compte de libre passage, mais il ne faut pas l’en retirer aussi longtemps qu’on touche les indemnités. Sinon, elles seront réduites, voire supprimées.
Quatre options se présentent à Alexandre. A noter que son état de santé ne joue, ici, aucun rôle. Quant au fisc, il taxera le capital au retrait à taux préférentiel ou la rente comme un revenu.
1 Compte de libre passage
Première solution: laisser le bas de laine sur un compte de libre passage. L’intérêt servi y est modeste, mais on ne prend aucun risque. A noter que notre tableau ne recense pas les comptes bancaires (lire «Un libre passage qui ressemble, parfois, à un labyrinthe», TCF 4/2015). En cas de décès avant la retraite, l’épargne revient en priorité au conjoint survivant et aux éventuels enfants mineurs.
2 Dépôt de titres
Plus risqué, le dépôt de titres de libre passage consiste à transformer tout ou partie de la retraite en portefeuille, au risque d’en perdre une partie, selon les aléas de la Bourse. «Au vu de l’horizon de placement limité à cinq ans, du montant en jeu et des circonstances, le choix d’une solution sans risque paraît, ici, le plus judicieux», met en garde Nicole Samuel Manzo, porte-parole de Retraites Populaires.
3 Police de libre passage
Les prestataires de polices d’assurance de libre passage sont rares. Avec ce genre de contrat, le capital est protégé jusqu’à la retraite. En cas de décès, les survivants touchent l’épargne et les intérêts dus jusqu’à la fin de l’année. Parmi les principaux prestataires en Suisse romande, seules Retraites Populaires proposent de toucher une rente de vieillesse. Le taux de conversion (pour la calculer en fonction du capital de prévoyance) dépend du sexe, de l’âge et du versement éventuel d’une rente de survivant. Pour notre exemple, il serait de 5,10%. Et, si Alexandre était célibataire, il passerait à 6,17%, ce qui représente une rente annuelle de 21 317 fr. Attention: s’il opte pour cette dernière solution, il ne pourra pas revenir en arrière.
Les autres compagnies garantissent, en cas de décès, le versement du capital et des intérêts dus à la fin de l’année. Il est possible, ensuite, d’opter pour une assurance à prime unique pour transformer le capital en rentes viagères. Si Alexandre conclut une telle police à Helvetia à 65 ans, il toucherait aux conditions actuelles une rente annuelle de 12 597 fr. Ce qui correspond, une fois déduit le droit de timbre de 2,5%, à un taux de conversion de 3,90% sur l’épargne.
4 Caisse de pension
La dernière option, peu prisée, car elle est coûteuse, consiste à s’assurer, seul, à l’Institution supplétive LPP dans un délai de 90 jours. Ce qui implique de prendre en charge les cotisations de l’employé et de l’employeur, soit, après 55 ans, 23% du dernier salaire assuré ou des indemnités journalières. Mais Alexandre aurait alors droit aux prestations du 2e pilier comme les actifs, telle une «vraie rente devieillesse» calculée avec un taux de conversion de 6,8%.
Claire Houriet Rime
*Prénom fictif.