Le côlon, ou gros intestin, mesure 1,50 m pour un diamètre de 1,4 cm. Il encadre l’intestin grêle et débouche sur le rectum, qui se termine lui-même par l’anus. En Suisse, une personne sur vingt risque de contracter un cancer du côlon. Et, en l’absence de dépistage, la maladie tue deux personnes sur cent.
A partir de 50 ans, en effet, le quart de la population développe des excroissances, ou polypes, sur les parois du gros intestin. Ces lésions ne sont pas dangereuses en soi mais elles peuvent, au fil du temps, se transformer en cellules malignes. La cancérisation progressive d’un polype prend environ dix ans. Et, comme la paroi du gros intestin n’est pas très épaisse, la maladie progresse ensuite très vite.
Le cancer du côlon est une maladie silencieuse: il se manifeste souvent à un stade avancé seulement, ce qui réduit considérablement les chances de guérison. La campagne en cours vise à identifier les polypes pour les éliminer avant qu’ils évoluent. Avec un dépistage régulier, le nombre de décès pour cent personnes pourra passer de deux à une.
Le dépistage
Il existe à l’heure actuelle deux moyens de détecter les polypes: l’analyse des selles et la coloscopie.
⇨ Analyse des selles
Les polypes ont tendance à saigner et ce, même si on ne s’en aperçoit pas: on parle alors de saignement occulte. C’est ce qui rend leur diagnostic difficile, mais c’est aussi ce qui permet de les déceler lors d’un test de dépistage.
En Suisse romande, des centaines d’officines* proposent actuellement ce test aux personnes âgées de 50 ans et plus. Lors d’un entretien individuel, le pharmacien remet un kit muni d’un code-barres aux patients qui ne présentent pas de risque particulier (précédent dans la famille proche). L’examen se fait ensuite chez soi, en quelques minutes et sans se salir. Il consiste à recueillir un échantillon de selles sur une pipette qu’on introduit dans un petit tube. Celui-ci se ferme hermétiquement pour être glissé dans une enveloppe à poster dans les plus brefs délais.
Dans les jours qui suivent, le résultat est communiqué lors d’un autre entretien. S’il est négatif, le patient sera reconvoqué deux ans plus tard. Il reçoit également des conseils de prévention, une alimentation équilibrée réduisant les risques. S’il est positif, il devra subir une coloscopie.
Ce test est infaillible en cas de cancer, car celui-ci entraîne toujours des saignements. A l’inverse, le tube digestif peut présenter des lésions même en l’absence de cancer: il ne faut donc pas s’alarmer inutilement. Les polypes bénins, en revanche, ne coulent pas toujours, d’où l’importance de répéter le prélèvement tous les deux ans.
Si le résultat du test est positif, ce qui arrive entre 5% et 7% des cas, ces personnes sont invitées à faire une coloscopie. En 2016, la première campagne de dépistage avait permis de grosso modo diagnostiquer un cancer chez une personne sur 40. Et plus d’un patient sur 30 présentait des polypes qui ont été éliminés par la suite.
⇨ Coloscopie
Cet examen a lieu après discussion avec le médecin de famille. Il est réalisé par un gastroentérologue. Celui-ci introduit dans le côlon un long tube muni d’une caméra pour repérer les polypes et les éliminer immédiatement le cas échéant. L’intervention implique de suivre un régime alimentaire spécifique pendant les 48 heures qui précèdent et d’absorber une solution pour «nettoyer» l’intestin. L’examen lui-même a lieu sous sédatif. Selon les témoignages recueillis, il est désagréable, mais pas vraiment douloureux.
Quel test choisir?
Il vaut la peine de traquer ce cancer insidieux. Le test en pharmacie est rapide et efficace; il a l’inconvénient de créer un stress inutile en cas de «faux positif» et doit être répété tous les deux ans. Plus invasive et coûteuse, la coloscopie débouche sur un diagnostic immédiat et permet d’éliminer les polypes. Elle n’a lieu que tous les dix ans, en l’absence d’antécédents familiaux.
Lire le bonus web: liens utiles
Claire Houriet Rime
Combien ça coûte? Vaud rembourse
Le test en pharmacie coûte 30 fr. (prix recommandé) et n’est pas pris en charge par l’assurance de base, à l’exception du canton de Vaud qui indemnise les patients avec exemption de la franchise. De son côté, la CSS offre l’analyse des selles à tous ses assurés qui ont contracté une police complémentaire.
Quant à la coloscopie, elle est remboursée par l’assurance de base, avec une participation de 10% du patient, soit entre 80 fr. et 160 fr. Dans le canton de Vaud, cet examen est également exempté de franchise, à l’exception du liquide de préparation (entre 25 fr. et 50 fr.) et de la consultation préparatoire chez le médecin de famille.