«Lorsque nos réserves s’épuisent, nous devons acheter du sang dans les cantons voisins», se désole Monique Hess, infirmière responsable au Centre de transfusion sanguine des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). L’an dernier, environ 20 000 poches de sang ont été nécessaires pour soigner les patients accidentés, opérés ou cancéreux du canton. Or, seul 14 528 prélèvements ont pu être recueillis, car les donneurs sont peu nombreux à se presser au portillon. Il est pourtant facile de devenir donneur! Voici comment sauter le pas.
1. Puis-je donner mon sang?
Toute personne âgée de 18 à 60 ans qui se sent en bonne santé et pèse au minimum 50 kg peut devenir donneuse. Les âges limites sont négociables, mais pas le poids. En 2017, 20,2 % des donneurs genevois sont repartis d’un point de collecte sans avoir pu donner leur sang, car des critères supplémentaires assez sévères restreignent les dons (lire encadré). C’est notamment le cas des retours de voyage depuis un pays à risque. En la matière, les restrictions sont tellement nombreuses qu’une pénurie se fait sentir après les grandes vacances d’été!
Pour éviter de se déplacer pour rien, on peut consulter la liste des pays au retour desquels un délai d’attente de un ou six mois est nécessaire à l’adresse suivante: voir le pdf. Actuellement, il est par exemple impossible de donner son sang si l’on a visité les Etats-Unis il y a moins d’un mois.
2. Où trouver un centre de prélèvement?
Les grandes villes en possèdent toutes un, habituellement situé dans ou à proximité de l’hôpital cantonal. On peut parfaitement y passer à l’improviste, car la plupart d’entre eux accueillent les donneurs sans rendez-vous, tous les jours ouvrables ou presque. Pour les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer, des collectes sont organisées à intervalles réguliers dans les quartiers ou les plus petites localités.
⇨ Indiquez un numéro postal dans le champ de recherche «Donner du sang» du site internet blutspende.ch/fr. L’emplacement et les dates des points de collecte mobiles vont s’afficher, suivis des centres de prélèvement fixes avec leurs heures d’ouverture.
3. Comment ça se passe?
Le don prend environ une heure au total, mais seules 10 minutes sont consacrées au prélèvement proprement dit. La procédure comprend les étapes suivantes:
➛On commence par remplir un questionnaire détaillé. Pour avoir une idée du degré de détail demandé, on peut consulter celui des HUG à l’adresse suivante:
voir le pdf
⇨ Pour les nouveaux venus, création d’un dossier et projection d’un petit film qui explique les modalités du don.
⇨ Piqûre au bout du doigt pour contrôler le taux d’hémoglobine (lire encadré).
⇨ Entretien confidentiel avec une infirmière afin de confirmer que le don est possible.
⇨ Le sang est prélevé, puis un temps de repos et une collation sont proposés.
⇨ On peut alors revenir donner son sang trois mois (pour les hommes) ou quatre mois (pour les femmes) plus tard.
4.J’ai peur que…
… «on me harcèle continuellement pour que je revienne donner mon sang après mon inscription»
S’enregistrer comme donneur signifie, souvent, recevoir des invitations (évidemment non contraignantes) tous les 3 à 4 mois. Mais il est aussi possible de décider plus tard si l’on souhaite devenir donneur régulier ou non. Pour cela, il suffit de préciser lors du premier don qu’on ne veut pas être enregistré dans la liste des donneurs.
… «on me découvre des maladies graves»
Le sang est effectivement testé systématiquement contre plusieurs maladies sévères et le donneur averti s’il est positif. Mais c’est une excellente chose, car un traitement pourra être commencé à temps! En outre, il est possible de profiter du don pour obtenir un certificat qui atteste que l’on est négatif à ces maladies.
… «ça fasse mal»
Le don est pratiquement indolore et ne laisse pas de séquelles (comme la fatigue par exemple). Il est possible de conduire après le prélèvement. On évitera toutefois de participer à une compétition sportive ou de faire de la plongée 48 h après le don.
Les personnes qui redoutent le prélèvement peuvent être encadrées par des infirmiers spécialement formés pour combattre le stress, notamment par le biais de l’hypnose ou de manipulations manuelles.
Vincent Cherpillod
Quelques contre-indications
Contre-indication définitive:
- Test positif au VIH, à l’hépatite B / C ou à la syphilis.
- Transfusion sanguine reçue entre 1980 et aujourd’hui.
- Séjour de 6 mois ou plus au Royaume-Uni entre 1980
et 1996 (pour les deux derniers critères: risque de mala-
die de Creutzfeldt-Jakob).
Contre-indication provisoire:
- Changement de partenaire sexuel, nouveau piercing ou nouveau tatouage au cours des 4 derniers mois.
- Accouchement, grande opération chirurgicale ou rapport sexuel entre hommes au cours des 12 derniers mois.
- Prise de certains médicaments bien spécifiques.
- Voyage dans un pays touché par une épidémie.
- Taux d’hémoglobine insuffisant lors du test effectué juste avant le prélèvement (moins de 125 g/l pour les femmes et de 135 g/l pour les hommes)