Commençons par la petite anecdote de ce lecteur qui a régulièrement besoin de serviettes pour incontinence. Dans sa pharmacie, un paquet coûte 20.30 fr. Il appelle cela «du vol». Pendant ses vacances à Majorque, il a acheté le même produit pour seulement 9.40 fr. Sa caisse maladie refuse cependant de lui rembourser ces serviettes espagnoles. Elle ne peut rembourser que celles achetées en Suisse.
Depuis plusieurs décennies, les patients sont mécontents des prix exorbitants des produits médicaux en Suisse. L’Office fédéral de la santé publique en est responsable. Depuis 1996, il a fixé les montants maximums de remboursement pour les béquilles, les respirateurs, les bandages et bien d’autres choses encore dans sa Liste des moyens et appareils (LiMA). Cela signifie que l’Office fédéral détermine le montant maximal que les caisses maladie peuvent rembourser à l’assuré de base pour les produits prescrits.
Baisse trop légère
En 2005 déjà, le surveillant des prix de l’époque, Rudolf Strahm, avait exhorté à réviser la liste de prix. L’Office fédéral de la santé publique avouait alors que la liste était «dépassée» mais qu’aucune amélioration ne devait être attendue avant 2008. Aujourd’hui, et pour la première fois, un contrôle systématique de la liste LiMA est en cours. Objectif: mettre à jour les prix, dont certains sont restés inchangés depuis 20 ans. Selon l’OFSP, l’examen durera jusqu’à fin 2019.
Au cours de la dernière année et demie, quelques prix ont enfin été baissés. La Confédération a ainsi réduit le remboursement des béquilles de 81 fr. à 25 fr. Le prix de l’appareil d’apnée du sommeil, qui maintient les voies respiratoires ouvertes la nuit, est passé lui de 2500 fr. à 1500 fr., celui de la lampe de luminothérapie de 720 fr. à 350 fr. et celui des bandelettes de test glycémique de 44.65 fr. à 40 fr.
Les nouveaux tarifs sont pourtant toujours trop élevés. C’est ce qu’indique clairement Santésuisse sur la base d’une comparaison des prix actuels en vigueur en Allemagne. Chez nos voisins d’outre-Rhin, par exemple, une béquille coûte environ 10 fr. au lieu de 25 fr. chez nous. Un appareil d’apnée du sommeil est déjà disponible en Allemagne pour 487 fr. et les bandelettes de test glycémique pour environ 22 fr. Santésuisse identifie un potentiel d’économies annuelles allant jusqu’à 100 millions de francs.
Prix maximal autorisé
Les pharmaciens et les médecins peuvent déterminer librement les prix des produits médicaux qu’ils vendent. Cependant, ils se basent sur les tarifs de remboursement maximaux déterminés par l’Office fédéral de la santé publique. Stefan Meierhans, le surveillant des prix, se montre critique: «Les assureurs maladie sont tenus de rembourser les frais jusqu’à concurrence du montant maximal de remboursement – c’est la raison pour laquelle les revendeurs considèrent souvent cela comme une recommandation de prix.» Ruth Humbel, conseillère nationale PDC, abonde dans ce sens: «Ces montants de remboursement disproportionnés sont en fait devenus les prix fixes usuels.»
L’Office fédéral de la santé publique relativise. Selon son porte-parole, Jonas Montani, les prix des produits cités n’ont été ajustés qu’à titre de «mesures immédiates» et ces positions seront à nouveau évaluées dans le cadre de l’examen ordinaire actuellement en cours.
Herbert Lanz / chp
Exemples pratiques: Un thérapeute empêché d’économiser
Un psychothérapeute alémanique a demandé le remboursement d’une lampe de luminothérapie pour une patiente auprès de sa caisse maladie. Il a indiqué dans sa requête que la lampe Philips était disponible chez Galaxus pour 199 fr. D’après la liste LiMA, la caisse maladie octroie un remboursement de 350 fr., mais elle a refusé Galaxus en tant que revendeur car elle ne le reconnaît pas comme «un prestataire de services reconnu». Le patient a dû acheter la lampe chez un revendeur plus cher pour près de 350 fr.