Détenir un compte bancaire en Suisse est de plus en plus rarement gratuit. Cette année, c’est au tour des clients de PostFinance de passer à la caisse: depuis le 1er janvier, même ceux qui possèdent un avoir supérieur à 7500 fr. auprès de la banque du géant jaune paieront des frais de tenue de compte (5 fr./mois) ainsi qu’un franc pour chaque relevé mensuel sur papier.
PostFinance n’est pas le seul établissement qui procède de la sorte, loin s’en faut. En effet, toutes les banques facturent, au minimum, soit la tenue de compte, soit la carte de débit, soit les relevés mensuels sur papier et même, parfois, les trois à la fois. Comme chacune procède à sa manière, il est difficile de savoir laquelle est la moins chère. En outre, les coûts totaux varient beaucoup selon le profil du client, ses besoins et ses habitudes. Pour y voir plus clair, nous avons choisi de comparer les frais annuels encourus par un salarié dont les besoins sont aussi basiques que possible. Ils comprennent notamment un compte pour le versement du salaire et les paiements courants, une carte de débit et une carte de crédit (lire encadré pour connaître les détails de notre scénario).
Les packs pas toujours avantageux
La quasi-totalité des banques de Suisse romande que nous avons comparées proposent des «paquets» constitués de plusieurs prestations et facturés mensuellement, à la manière d’un abonnement de téléphone. En fonction des besoins, ils peuvent être avantageux ou non. Lorsqu’on se cantonne au scénario que nous avons défini, celui de UBS n’est, par exemple, pas intéressant, tandis que celui de Credit Suisse permet d’économiser quelques francs. Ainsi, pour chaque établissement, nous avons décidé de relever le prix de la formule qui permet d’arriver au total de frais annuels le plus bas (voir les deux dernières colonnes du tableau).
C’est avec le compte privé «basic» de la Banque Cantonale Bernoise* que notre client type paiera le moins: 92 fr. par an (y compris les relevés mensuels sur papier), soit moins de 8 fr. par mois. Il distance nettement tous ses concurrents pour deux raisons: d’une part, parce qu’à la fois une carte de débit (Maestro) et de crédit (Mastercard Basic) sont incluses dans les frais de tenue de compte et, d’autre part, parce que douze retraits d’argent par an dans des banques tierces sont gratuits. Aux 72 fr. par an ne s’ajoutent donc que les frais d’envoi des relevés mensuels (10.20 fr.) et les éventuels frais de retrait à l’étranger (deux dans notre scénario, pour un total de 10 fr.).
Taux d’intérêt dérisoire
Le pack BCN solo de la Banque Cantonale Neuchâteloise termine deuxième, avec 128 fr./an, soit tout juste plus de 10 fr. par mois. C’est l’un des rares qui rapporte encore des intérêts, certes symboliques (0,01%, soit 2 fr./an pour un avoir de 20 000 fr.). Il coûte 1 fr. de plus par mois que le compte privé «basic» de la BCBE et n’accorde pas de retraits gratuits dans les bancomats des autres établissements. C’est encore une banque cantonale qui termine troisième, celle de Fribourg, avec son compte salaire (140 fr./an). Particularité: c’est la seule qui propose la gratuité à la fois pour la tenue de compte, l’envoi des relevés mensuels sur papier et le retrait aux distributeurs des banques tierces. En revanche, il faut débourser 30 fr./an pour une carte de débit Maestro et 100 fr./an pour une carte de crédit (Mastercard Argent).
Quant à PostFinance et ses nouveaux tarifs, elle termine en quatrième position (156 fr./an). Et même en deuxième position (122 fr./an), mais uniquement pour les clients qui possèdent un avoir de plus de 25 000 fr. auprès d’elle. Ceux-ci peuvent, en effet, ouvrir un compte privé «plus», facturé au même prix que le basique (5 fr./mois) mais qui permet de ne plus payer la taxe de 2 fr. (en Suisse) ou 5 fr. (à l’étranger) pour les retraits dans les bancomats tiers.
Renoncer au papier, ça rapporte
Il existe toutefois un moyen de payer encore nettement moins, à condition de renoncer aux relevés sur papier (remplacés par des documents électroniques) et, dans certains cas, en acceptant d’effectuer la totalité de sa gestion de compte via e-banking (voir tableau, la dernière colonne). En la matière, la formule Zak Cashless de la Banque Cler (ex-Coop) est la championne toute catégorie, avec un total annuel de frais de 34 fr. par an, constitués uniquement par les retraits dans les banques tierces imposés par notre scénario, car les autres prestations convenues sont gratuites. La BCBE et la BCN suivent à bonne distance. Elles ne proposent pas de compte en ligne à proprement parler, mais les clients qui remplacent les relevés mensuels par des e-documents économisent 10.20 fr. par an de frais d’envoi.
Comme le scénario que nous avons choisi ne correspond pas à tous les profils, il est important de bien connaître ses besoins pour choisir la bonne banque – celle qui permet de retirer de l’argent n’importe où, celle qui offre une carte de crédit premium plutôt qu’une standard – ou le bon paquet bancaire, avec un compte supplémentaire, des conseils en placement ou une deuxième carte de crédit par exemple (à ce sujet, lire notre article «Economiser sur les frais bancaires»). Passer d’un établissement à l’autre n’est pas compliqué et en général gratuit… sauf dans quatre d’entre eux. En guise de cadeau d’adieu, ils facturent des frais, certes modiques, pour la clôture du compte.
*Il n’est pas nécessaire d’être domicilié dans le même canton qu’une banque cantonale pour y ouvrir un compte. De plus, les retraits d’argent sont gratuits dans les distributeurs de toutes les autres banques cantonales.
Vincent Cherpillod
En détail: Comment lire notre tableau
Au sein d’une même banque, les frais bancaires peuvent varier non seulement en fonction du genre de compte, mais aussi des besoins et des habitudes du titulaire. Pour évaluer leur coût total sur une année (voir tableau, les deux dernières colonnes), nous avons établi un scénario comportant les besoins suivants.
- Un compte bancaire pour les opérations courantes (versement du salaire et paiements), avec deux entrées d’argent par mois.
- Une carte de débit.
- Une carte de crédit.
- Un retrait par mois dans le bancomat d’une banque tierce en Suisse (les retraits dans les appareils de sa propre banque sont toujours gratuits).
- Deux retraits par an dans un bancomat à l’étranger.
- 6 paiements par mois via l’e-banking.