Les cinémas toussotent et les supports physiques – DVD et Blu-ray – grimacent, mais la vidéo à la demande (VOD) se porte comme un charme! La généralisation de l’internet à haut débit et le changement des habitudes de consommation en ont fait un marché en pleine croissance. Louer des blockbusters récents ou visionner le dernier épisode de sa série préférée en toute légalité et sans bouger de son canapé? La formule séduit de nombreux consommateurs, d’autant que la technologie permet désormais de s’affranchir du téléviseur et d’afficher les contenus vidéo sur ordinateur, tablette ou smartphone.
Plusieurs fournisseurs couvrent l’ensemble du territoire romand, à côté d’acteurs régionaux, comme Citycable (Lausanne), Naxoo (Genève) ou Netplus (Fribourg, Valais, Vaud) – que nous n’avons pas intégrés à notre comparatif (voir tableau). Les offres des géants américains Amazon, Apple, Google, Microsoft et Netflix y côtoient celles des opérateurs Sunrise, Swisscom et UPC – réservées à leurs abonnés TV – ainsi que de HollyStar, marque neuchâteloise rachetée en 2017 par le groupe Sky Deutschland. Depuis mars 2018, HollyStar fournit également les abonnés de Salt aux mêmes conditions que sa clientèle.
Netflix, roi de la fiction maison
Si l’acronyme VOD (pour video on demand, ou vidéo à la demande) prend parfois une signification très générale, englobant toutes les formes de streaming légal, il s’applique originellement à l’achat ou à la location d’un titre à l’unité. Quant à la SVOD (pour subscription video on demand), elle désigne un service de vidéo à la demande par abonnement, tels Amazon Prime Video, Netflix ou Swisscom Play.
Présent en Suisse depuis 2014, l’épouvantail Netflix a su se tailler la part du lion de la SVOD, totalisant plus de 137 millions de souscripteurs à travers la planète (chiffres d’octobre 2018). Une force de frappe qui permet au leader mondial d’investir chaque année des milliards de dollars dans des centaines de productions originales. Dans l’attente d’une confrontation forcément explosive avec la future plateforme de Disney (annoncée pour la fin de l’année aux Etats-Unis), seul Amazon Prime Video semble pouvoir rivaliser avec Netflix sur le terrain de l’abonnement, avec un catalogue certes moins riche, mais financièrement plus accessible. Swisscom Teleclub Play, qui propose 500 titres non exclusifs pour 12.90 fr. par mois, ne boxe clairement pas dans la même catégorie.
Les nouveautés à la pièce
Catalogues fournis, prix raisonnables et accès illimité: la SVOD aurait-elle tous les avantages? C’est sans tenir compte de la chronologie des médias, qui fixe l’ordre et les délais dans lesquels interviennent les diverses exploitations d'une œuvre cinématographique. Ainsi, en Suisse, un film ne pourra potentiellement apparaître dans l’offre des fournisseurs de SVOD que trois ans après sa sortie au cinéma… autant dire une éternité! Pour un achat ou une location à l’unité, en revanche, le délai d’attente tombe à respectivement trois et quatre mois – voire moins en cas d’avant-première. C’est là tout l’intérêt de la VOD, un marché occupé par de nombreux prestataires dont les prix de location d’une nouveauté en HD – de 7 fr. à 8.40 fr. – varient finalement peu (voir tableau). Les consommateurs réguliers pourront tout de même envisager la souscription à l’offre Premium de HollyStar (9.90 fr. par mois), amortie dès la troisième location mensuelle.
Au-delà du prix et de la disponibilité des titres, les options techniques apparaissent souvent comme des critères prioritaires: le nombre de streams (et donc d’utilisateurs) autorisés en simultané, la possibilité de télécharger le contenu et de le visionner hors connexion ou la présence d’une version originale sous-titrée en français (VOST). Concernant ce dernier point, zéro pointé pour Google et Swisscom! Réponse de ce dernier: «A l’heure actuelle, les seuls contenus proposés en VOST sont les nouveaux épisodes de séries américaines, disponibles 24 heures après leur première diffusion aux USA. A la demande de nombreux clients, Swisscom TV travaille au développement d’une nouvelle fonctionnalité d’affichage des sous-titres pour les offres de VOD. Elle sera progressivement introduite dans le catalogue durant l’année 2019.» Frank-Olivier Baechler
Eclairage: silence… moteur… action!
L’éclatement de l’offre de streaming légal ne rend pas toujours la comparaison facile. Heureusement, JustWatch est là pour simplifier la vie des sérivores et des cinéphiles. Ce moteur de recherche compile le catalogue de nombreuses plateformes de (S)VOD, notamment celles d’Amazon, Apple, Google, HollyStar, Microsoft, Netflix et Swisscom. Surtout, il propose une comparaison immédiate des prix pour une location ou un achat à l’unité. Pratique! Disponible sous forme de site web et d’applications iOS et Android, JustWatch permet aussi de filtrer les résultats selon différents critères – genre, année de sortie ou encore appréciation. Un bémol, tout de même: une fois le pays choisi, le changement de langue est impossible et l’interface de la version suisse ne s’affiche qu’en allemand.