C’est une expérience troublante: énumérer les molécules chimiques présentes dans les cheveux de ses propres enfants. C’est exactement ce que j’ai fait en lisant les résultats du labo: atrazine, dioxacarb, octhilinone, fenteracol, hydroprène, thiacloprid... La liste est encore longue, je vous en fais grâce. Mais il y a encore du DNOC, un insecticide et herbicide interdit en Suisse et dans toute l’Union européenne depuis… vingt ans!
Quand nous avons décidé, à la rédaction, de lancer un test de dépistage de polluants organiques dans les cheveux d’une vingtaine de personnes, nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous avions l’espoir que, en présence de substances toxiques, nous pourrions remonter à la source et pourquoi pas identifier les produits coupables.
Ce que nous avons découvert, c’est que nous portons tous en nous de multiples produits dangereux et que déterminer leur provenance tient parfois davantage du Cluedo que de l’évidence (lire "Des polluants à s’arracher les cheveux!").
Ces produits, notamment des pesticides, herbicides, fongicides, plastifiants ou conservateurs, sont pour certains cancérigènes, pour d’autres, souvent, des perturbateurs endocriniens. C’est-à-dire qu’ils sont susceptibles d’altérer la croissance, le développement ou les fonctions reproductrices, même à faibles doses lorsqu’il s’agit, comme dans l’analyse que nous avons menée, d’expositions chroniques aux produits. Cette pollution chimique nous atteints tous, de façon différente, mais elle est particulièrement préoccupante pour les enfants, car les risques induits par ces cocktails toxiques, qui sont étudiés depuis quelques années seulement, se révèlent beaucoup plus importants en phase de croissance.
Face à cette situation, on peut décider d’attendre que des symptômes flagrants de maladies se manifestent dans la population pour agir. Les méfaits du mercure ou de l’amiante nous ont montré qu’il faut parfois deux à trois générations pour constater les dégâts. On pourrait aussi se donner davantage de moyens, financiers et légaux, par la recherche, des contrôles plus stricts, des lois plus contraignantes ou, pourquoi pas, en développant un «Toxi-score», comme il existe un Nutri-score pour déterminer la qualité nutritionnelle des aliments.
Dans tous les cas, une prise de conscience est nécessaire et, si nous ne pouvons pas éviter toute exposition à des polluants nocifs pour notre santé, une vigilance accrue nous permet, comme consommateurs, de diminuer significativement les risques inutiles que nous prenons et faisons prendre à nos enfants en continuant d’ignorer ce problème.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef
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