André* avait 29 ans lorsqu’il s’est marié. Et pour son couple, il n’était pas question de devenir parents. «Ma femme ne voulait pas prendre la pilule, du coup je me suis fait stériliser.» Autrement dit, un médecin lui a coupé et bloqué les canaux déférents, afin d’empêcher le passage des spermatozoïdes. Une méthode largement recommandée.
Un discours tendancieux
Les spécialistes vantent en effet les mérites de la vasectomie. Tenue par une association d’urologues, la plateforme vasektomie-experten.ch parle pour sa part d’une «alternative très sûre et moins chère sur le long terme» que la pilule ou les préservatifs. Convaincant pour certains, ce discours se révèle aussi tendancieux pour d’autres. A l’image du médecin généraliste Thomas Walser, qui rappelle qu’il ne s’agit pas là «d’un moyen de contraception standard». En cause, le caractère quasi permanent de l’opération.
Il est en effet difficile de revenir en arrière, c’est-à-dire de recréer la perméabilité des canaux déférents. Ce qui n’empêche pas certains chirurgiens de le proposer. Mais cette intervention, appelée vasovasostomie, se révèle souvent compliquée. Pratiquée à l’aide d’un microscope de haute définition et d’un fil si fin qu’il est à peine visible, elle nécessite en tout cas une anesthésie générale. Et ne s’avère pas toujours efficace.
Quitte ou double
Plus la vasectomie est «ancienne», plus les chances de succès de la vasovasostomie diminuent. Ainsi, si la première date de moins de trois ans, on estime que l’opération inverse permettra à trois hommes sur quatre de devenir pères. Si cela remonte à huit ans, seule la moitié des hommes réussiront à avoir des enfants.**
André espère figurer parmi les «gagnants». Séparé de sa femme depuis deux ans, il a trouvé une nouvelle partenaire. Et voilà qu’il rêve désormais de fonder une famille. Il y a quatre mois, il a donc opté pour une vasovasostomie. L’opération a duré quatre heures. «J’ai eu de fortes douleurs et j'ai été malade pendant une semaine. Je suis resté allongé dans mon lit et ne me suis levé que pour aller aux toilettes.» Il a fallu près d’un mois pour que ses testicules désenflent. Et le verdict n’est pas encore tombé. Au moment de notre rencontre, il devait encore attendre quelques semaines avant qu’un médecin ne vérifie la qualité de son sperme.
Membre de vasektomie-experten.ch, Dirk Sadrinna reste confiant et qualifie les chances de succès de l’opération de «relativement élevées». Il précise quand même que tout dépend de l’expérience du chirurgien. Et reconnaît au final que la vasectomie ne devrait être indiquée qu’en cas de certitude du patient quant à son désir de ne pas avoir d’enfants.
Luzia Mattmann / sh
* Nom connu de la rédaction
** Source: Société européenne d’urologie