Réunir des indépendants dans des bureaux modulables, à des prix abordables dans un esprit de collaboration et dans le partage de valeurs communes: l’idée du coworking est séduisante. En Suisse, le premier site a vu le jour en 2007 à Zurich. Aujourd’hui, on en compte plus de 160, selon l’association Coworking Switzerland*. Nombre d’entre eux sont indépendants et leurs gérants gagnent leur vie en menant une autre activité. Nos conseils pour bien choisir son bureau partagé:
⇨ Tester pendant une journée
Premièrement, «il faut tester avant de s’engager», recommande Stephanie Booth, fondatrice de l’Eclau à Lausanne, le plus ancien lieu de coworking de Suisse romande. Généralement gratuite, cette première journée doit permettre d’apprécier l’atmosphère ainsi que la qualité des infrastructures. On en profitera pour vérifier que le matériel mis à disposition correspond à ses attentes, que le wifi est stable ou que l’espace est bien entretenu. La localisation et l’accessibilité doivent également être prises en compte.
⇨ Communauté
Si le partage de bureaux n’est pas une pratique récente, le coworking se distingue par sa philosophie. Celle-ci implique de «créer une communauté et de tisser des liens», souligne Mélanie Burnier, membre du comité de Coworking Switzerland. La personne qui recherche uniquement un endroit où travailler au calme pourrait être gênée par l’aspect communautaire. A l’inverse, un indépendant qui vient de se lancer privilégiera les espaces axés sur le réseautage et l’organisation d’événements.
⇨ Une formule adaptée à ses besoins
Avant de s’engager, il est nécessaire de s’interroger sur ses besoins. Les offres incluent généralement une connexion internet rapide, du café à volonté, une imprimante et un service de nettoyage. Il s’agit, ensuite, de déterminer à quelle fréquence le lieu de travail sera réellement utilisé. Le modèle va de la facturation à l’heure ou à la journée, au mois, à l’année en passant par des espaces privés aménagés pour les entreprises. Le travailleur particulièrement souple sur ses heures optera pour un endroit accessible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.
⇨ Nomade ou fixe
Les gérants proposent généralement un abonnement «nomade» qui offre un accès illimité à l’open space. La facture peut aller du simple au triple, oscillant entre 200 fr. et 600 fr. par mois. L’accueil des «nomades» se fait en fonction des places disponibles. L’abonnement est nominatif et ne peut être transmis à un tiers. Pour leur part, les bureaux fixes sont logiquement plus chers. L’utilisation des salles de conférences n’est pas comprise dans tous les abonnements. Certains espaces fournissent un casier personnel, un service d’accueil, la gestion du courrier, la domiciliation ou un soutien administratif. On l’aura compris, les options sont nombreuses.
⇨ Charte
Afin d’éviter que la cohabitation ne tourne au vinaigre, un document fixe les règles de savoir-vivre (bruit, ordre, propreté des lieux, etc.) et d’utilisation du matériel. Le coworker doit d’ailleurs souscrire une assurance responsabilité civile pour couvrir d’éventuels dommages. Attention également à être assuré contre le vol de son propre matériel, sachant que les sites déclinent toute responsabilité à cet égard.
La protection des données est un autre thème sensible. Il est recommandé de mettre en place un accès protégé pour les employés accédant aux données de la société depuis l’extérieur. Les ordinateurs devraient également être protégés par des dispositifs de sécurité (pare-feu, etc.).
Alexandre Beuchat
* Plus d’infos sur coworking.ch
Des projets d’envergure
Les centres d’affaires ont récupéré le concept du coworking et s’en inspirent pour aménager leurs bureaux. Séduites par la flexibilité et le coût réduit, les grandes entreprises sollicitent aussi ces locaux. «A la base, cela n’a pas été conçu pour être rentable», fait remarquer Stephanie Booth, fondatrice de l’Eclau, à Lausanne. Le groupe IWG – qui gère notamment les espaces Regus et Spaces – entend par exemple exploiter un réseau de 100 sites en Suisse d’ici à 2025. Quant à la société Gotham, elle ambitionne de créer un réseau national après avoir inauguré, en 2017 à Lausanne, un espace de 2300 m2 dans les anciennes halles du tri postal. «Ces grandes chaînes donnent une visibilité au coworking», estime Mélanie Burnier, membre du comité de Coworking Switzerland et gérante de TheWorkHub à Vevey (VD) et à Bulle (FR).