Voici venu le temps des appels insistants: en automne, l’imagination des intermédiaires d’assurance est sans limites. Certains font miroiter des rabais sur les primes, d’autres sonnent carrément à la porte. Avant d’ouvrir, mieux vaut connaître l’enjeu d’une signature.
Sortir du canton ou de Suisse
L’assurance de base rembourse les soins dans le canton de domicile. Depuis 2012, elle couvre également les séjours hospitaliers ailleurs en Suisse, pour autant que l’établissement soit agréé. Attention toutefois: le prix d’une intervention varie selon les cantons, si bien qu’il faudra parfois payer la différence. Seuls les soins qui ne sont pas prodigués chez soi, par exemple une transplantation, sont intégralement remboursés par l’assurance obligatoire. Idem en cas d’urgence. Toutes les compagnies proposent, pour quelques francs, des compléments qui repoussent ces frontières. Cette option est plus coûteuse quand elle inclut d’autres prestations (lunettes, soins, etc.).
Au sein de l’UE, tous les frais de traitement sont encore couverts, pour autant qu’ils soient légitimés par l’urgence et que l’assuré ne puisse pas rentrer en Suisse. Ailleurs, l’assurance obligatoire rembourse au maximum le double de ce que le traitement aurait coûté dans le canton de domicile. Ce sera insuffisant au Japon, aux Etats-Unis ou en Australie notamment et il faudra alors contracter un complément pour la durée du voyage. Avec le livret ETI du TCS ou le carnet d’entraide de l’ATE, on veillera à contracter l’extension monde.
Un peu d’intimité
Si on ne supporte pas l’idée de partager sa chambre avec trois autres patients, on optera pour un complément en chambre privée ou semi-privée. Ces polices ont aussi l’avantage d’offrir le choix du médecin et donnent accès, selon les cantons, à des cliniques non accessibles avec l’assurance de base. Le confort a son prix, qui augmente avec l’âge au moment de la conclusion du contrat: compter plusieurs dizaines de francs par mois en semi-privé. Il vaut la peine de comparer plusieurs offres.
Difficile, voire impossible, de contracter ce genre de police après le moindre bobo (opération, maladie, psychothérapie) ou quand on dépasse la quarantaine: mieux vaut donc réfléchir avant de la résilier. D’autant que, si on renonce à 65 ans à une assurance contractée à 25 ans pour 50 fr. par mois, on aura payé… 24 000 fr. dans le vide. Pour baisser la prime, on peut augmenter la franchise ou, si c’est possible, renoncer à choisir son médecin. Il existe aussi des solutions flexibles qui laissent le choix (semi-privé ou privé), moyennant participation aux frais.
Apprivoiser le calendrier
A la fin du mois de septembre, on connaîtra les primes 2020 pour l’assurance de base, ce qui laisse deux mois pour consulter le seul comparateur fiable, celui de la Confédération: priminfo.ch. A partir de là, on peut changer de caisse avant le 30 novembre.
Pour les complémentaires, en revanche, le délai de résiliation dépend de chaque contrat: selon les cas, il est déjà trop tard pour modifier son portefeuille avant 2021. Le changement de l’assurance obligatoire n’implique pas de transférer les polices complémentaires.
Médecines douces
Depuis 2012, l’assurance de base rembourse la médecine anthroposophique, l’homéopathie, la thérapie neurale, la phytothérapie et la médecine chinoise traditionnelle (acupuncture) pour autant que les soins soient dispensés par un médecin. Il faut ainsi contracter une complémentaire pour la réflexologie ou l’ostéopathie.
Attention: l’assureur peut fixer un plafond annuel (nombre de séances ou montant maximal), une franchise, voire une participation aux frais. Avant le rendez-vous, il vaut enfin la peine de s’assurer que le thérapeute figure sur la liste des prestataires remboursés.
Chambre à soi, lunettes et ostéo
Les complémentaires se partagent entre deux grands groupes.
⇨ L’assurance hospitalisation en chambre privée ou semi-privée, qui laisse également le choix du médecin. Certains contrats prévoient une participation du patient.
⇨ L’élargissement de la palette de prestations non comprises dans l’assurance de base, qui englobe une multitude de formules: prise en charge des soins dans toute la Suisse ou dans les pays où l’assurance de base ne suffit pas, participation à l’achat de lunettes, cures de soins, aide ménagère ou médecines alternatives hors LAMal.
Avant de conclure une police, il faut réfléchir à ses besoins: un rapatriement est inutile si on ne voyage pas. Quant à la complémentaire pour les médecines douces, elle est superflue si on ne croit qu’à la médecine traditionnelle.
Le courtier n’est pas désintéressé
En juin dernier, le Conseil des Etats, suivant le Conseil national, a décidé de plafonner les commissions prélevées par les intermédiaires à la conclusion d’une assurance complémentaire. Cette mesure pour lutter contre le harcèlement montre que le Parlement a saisi l’ampleur du problème, mais elle ne dispense pas de se montrer vigilant envers les intermédiaires indélicats. Silvia Diaz, juriste à Bon à Savoir, rappelle les règles de base.
⇨ Mieux vaut se méfier des appels téléphoniques, même si votre interlocuteur se réclame d’un organe officiel ou promet des rabais sur les primes. Idem pour les visites intempestives.
⇨ Avant de faire entrer un courtier, vérifier qu’il soit inscrit au Registre public des intermédiaires (finma.ch › Autorisation) ou membre de l’Association suisse des courtiers (aca-courtiers.ch).
⇨ Un vrai professionnel commence par analyser attentivement le portefeuille d’assurances de son client: attention aux doublons!
⇨ Une proposition de contrat d’assurance engage celui qui la signe: contrairement aux idées reçues, on ne peut pas la résilier après coup, même le lendemain. Si la compagnie l’accepte, il est impossible de revenir en arrière! Il faut donc toujours demander un délai de réflexion et ne jamais signer sous
la pression.
⇨ A l’inverse, ne jamais laisser le courtier résilier les contrats d’assurances existants avant d’avoir reçu la confirmation de la nouvelle police. La compagnie a parfaitement le droit de refuser un client pour des raisons d’âge ou de maladie et, dans ce cas, on ne sera plus assuré.
⇨ Vérifier que le courtier remplit le questionnaire de santé conformément à la réalité: mieux vaut ne pas mentir, même par omission. Si l’assureur découvre qu’on lui a caché quelque chose, il peut résilier le contrat même bien plus tard, sans rembourser le traitement.
⇨ Il faut toujours garder un double de tous les documents qu’on a signés.
Pour faire le point sur son portefeuille, il est préférable de prendre rendez-vous avec son assureur, quitte à demander, ensuite, d’autres offres pour les comparer.
Claire Houriet Rime