Une petite capsule de gel, c’est plus agréable à descendre à la buanderie qu’un gros bidon de lessive, et cela évite de gaspiller en surdosant. Mais la déception peut être au rendez-vous lorsqu’on retire son linge, car les salissures tenaces n’auront pas forcément disparu. C’est ce que révèle notre test, réalisé avec dix lessives en dosettes, dont huit capsules hydrosolubles contenant du gel concentré et deux tablettes de poudre comprimée.
La poudre explose ses rivales
La mission des experts était de déterminer leur efficacité dans l’élimination des taches et la préservation du blanc, des couleurs et des fibres (lire «Les critères du test»). Afin de comparer les résultats avec les formules classiques, nous avons également envoyé au labo une lessive liquide et une en poudre, à savoir le Formil Aktiv et l’Universal Pulver de Persil, toutes les deux gagnantes des tests précédents réalisés par Bon à Savoir.
Bilan: les dosettes éliminent moins bien les taches qu’une bonne lessive en poudre ou liquide! En effet, sur les 25 salissures testées (café, vin rouge, herbe, etc.), la poudre Universal Pulver de Persil obtient les meilleurs résultats dans la moitié des cas environ, décrochant ainsi une très bonne note (5.5) sur ce critère. La lessive liquide Formil Aktiv, achetée chez Lidl, arrive en deuxième position, avec une bonne note (5). Elle est aussi la plus avantageuse de notre comparatif, avec un coût de 20 ct. par programme de lavage (voir tableau).
Les couleurs à l’abri
Parmi les dix produits en dosettes, seules les tablettes de poudre comprimée Persil Universal Tabs obtiennent une bonne note globale, ainsi qu’un résultat tout juste «bon» (4.8) pour l’élimination des taches. Les autres dosettes n’ont guère convaincu sur ce point. Trois d’entre-elles ont même été jugées «insatisfaisant» sur ce critère et, par conséquent, sur leur appréciation globale (voir note 11 du tableau). Ainsi, l’Omo Ultimate Powercaps a été à la peine, entre autres, avec les traces d’herbe, le Lenor 3 en 1 avec le café et le Persil Power-Mix de Persil avec le vin rouge.
Manquant de panache face aux saletés tenaces, le Lenor pourrait toutefois être recommandé pour le linge de couleur peu sale. C’est en effet avec ce produit que les tissus ont le moins peluché, alors que les teintes sont restées vives après vingt lavages. Notre tableau montre que d’autres marques obtiennent, elles aussi, de bonnes notes dans la préservation des couleurs.
Les personnes qui souhaitent avoir du linge d’un blanc éclatant orienteront leur choix vers l’Universal Pulver et l’Universal Tabs de Persil ou vers le Total Tabs. Avec ces produits, les souillures des autres habits déposés dans le tambour n’ont, en effet, pas déteint sur les étoffes blanches.
L’Universal Pulver et l’Universal Tabs ne conviennent toutefois pas pour le linge de couleur, car l’eau de Javel qu’ils contiennent le décolore rapidement. En revanche, ils sont efficaces pour les tissus clairs avec de grosses salissures.
Du linge moins sale?
Face à nos résultats, Procter & Gamble, propriétaire d’Ariel et de Lenor, rétorque que les ménages ont de moins en moins d’habits très sales et de coton blanc. Les capsules sont de ce fait destinées aux consommateurs désireux de laver leur linge peu altéré en toute simplicité. La multinationale justifie les prix plus élevés de ses dosettes par «les investissements consacrés à la recherche et au développement».
Henkel explique que ses capsules Persil ne contiennent pas d’agents blanchissants, car ils n’étaient pas stables sous forme liquide. Le fabricant recommande les produits en poudre pour enlever les saletés importantes. Le Power-Mix Caps Universal («insatisfaisant») ne serait plus vendu.
Migros écrit que les Total 1 for all Multicaps s’adressent aux consommateurs qui ne veulent pas acheter plusieurs produits pour du linge légèrement sale. Cette solution n’est pas comparable à la poudre pour ce qui est de la performance de lavage. La composition des Total Tabs aurait, quant à elle, été modifiée depuis notre test.
Sabine Rindlisbacher / seb
Les critères du test
L’Institut SGS Fresenius, à Taunusstein (D), a évalué dix lessives universelles en dosettes, sous forme de tablettes ou de capsules. Deux produits classiques, l’un en poudre, l’autre en liquide, leaders de nos tests réalisés en 2017 et 2018, ont également été envoyés au laboratoire pour comparaison. Ils ont tous été notés selon les critères suivants.
1. Elimination des taches
Les experts ont utilisé des étoffes en coton et les ont tachées de façon standardisée avec 25 substances, dont du café, du thé, du jus, du vin rouge, de la viande de bœuf carbonisée, de la purée de tomates, de la moutarde, du curry, du sorbet aux framboises, du chocolat, du sang, de l’herbe ou encore de l’huile
de moteur. Des tissus éponge, de vaisselle et de couleur blanche ont également été déposés dans le lave-linge. Selon les indications figurant sur l’emballage, les capsules et les tablettes ont été placées soit dans la chambre de dosage, soit dans le tambour. Chaque étoffe a été lavée six fois à 30° C. Les experts ont ensuite utilisé un dispositif d’analyse d’image pour déterminer la propreté obtenue.
2. Préservation du blanc/ grisaillement
Deux tissus blancs en coton et en polyester ont également passé à la machine. Ils ont été lavés six fois avec du linge sale et neuf fois sans. L’objectif était de mesurer l’efficacité des azurants optiques. Ces molécules absorbent les rayonnements ultraviolets invisibles et ré-émettent l’énergie en lumière bleue, de sorte que le linge paraît plus blanc et lumineux. Le labo a aussi évalué l’éventuelle coloration grisâtre («grisaillement») du blanc lors des lavages.
3. et 4. Préservation des fibres et des couleurs
Quatorze tissus de couleurs différentes ont été lavés vingt fois à 30° C, afin de mesurer leur décoloration au moyen d’un appareil spécial. L’état des fibres a également été évalué.
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De plus en plus d’accidents avec les enfants
Colette Degrandi, médecin-chef chez Tox Info Suisse à Zurich met en garde contre la dangerosité des capsules de lessive: leurs couleurs attirent souvent les petits enfants, qui risquent de les mettre à la bouche et d’avaler du produit.
Selon l’OFSP, les accidents peuvent entraîner des hospitalisations de plusieurs jours. Dans quelle mesure sont-elles dangereuses?
Colette Degrandi: Elles sont plus toxiques que les produits liquides ou en poudre classiques, car leurs substances nettoyantes sont nettement plus concentrées.
Avec Tox Info, vous fournissez des conseils lors d’intoxications manifestes ou suspectées par le biais de votre numéro d’urgence 145, et cela 24 heures sur 24. Quelle est la fréquence des appels liée aux dosettes?
Leur nombre augmente! Au cours du premier semestre 2019, nous avons dénombré 89 demandes contre 54 pour la même période de l’année précédente. Au total, il y a eu quelque 800 cas jusqu’à présent.
Qui sont les personnes concernées?
Il s’agit de petits enfants dans 96% des cas. La plupart du temps, ils ont avalé du produit. Mais on constate aussi des éclaboussures des yeux lorsque la capsule éclate et touche le visage.
Et quels sont les symptômes?
Selon les retours des médecins traitants, ce sont le plus souvent des symptômes légers, comme des irritations oculaires, de la peau et du tractus gastro-intestinal, avec des nausées et des vomissements. Quelque 20% des patients souffrent de toux persistante, d’essoufflement, de vomissements répétés, de diarrhées ou de fortes irritations des yeux. Il y a eu un cas de lésion de la cornée. De la mousse toxique a pénétré dans les poumons de deux personnes, provoquant une réaction inflammatoire.
Comment réduire les risques d’accidents?
En Suisse, les emballages doivent rendre les produits inaccessibles aux enfants. Il faut donc conserver les capsules et les tablettes dans leur contenant d’origine, et les entreposer hors de la portée des petits. A noter qu’il n’est pas rare que les accidents se produisent avec des échantillons.