Certains pays n’hésitent pas à recourir au chlore pour tuer les germes dans l’eau potable. Il n’est pas rare que cette eau chlorée soit ensuite utilisée pour la transformation d’aliments ou la désinfection des équipements. Et c’est là que le bât blesse: le chlorate se libère dans les aliments, puis dans l’organisme où il peut causer des dommages.
Exposition chronique ou aiguë
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) distingue deux types de situations à risques. D’une part, l’exposition chronique: «au fil du temps, le chlorate peut inhiber l’absorption de l’iode» et, à terme, entraîner des problèmes au niveau de la glande thyroïde. Et d’autre part, l’exposition aiguë: «un apport élevé de chlorate sur une seule journée pourrait aussi être toxique pour l’homme, car il peut limiter la capacité du sang à absorber l’oxygène, entraînant ainsi une insuffisance rénale.»
L’EFSA a donc fixé une dose journalière tolérable (3 microgrammes par kg de poids corporel par jour, 3 µg/kg, pour une exposition à long terme) ainsi qu’une dose de référence aiguë (36 microgrammes par kg de poids corporel par jour, 36 µg/kg).
Sur son site, l’EFSA indique que «parmi les produits les plus concernés, figurent les fruits et les légumes surgelés». Il arrive cependant aussi que d’autres aliments soient touchés. En l’occurrence, les laits de coco. C’est ce que montre notre test: sur dix laits sélectionnés, six contiennent du chlorate (voir tableau). Certains dans des proportions élevées, comme le TCC Coconut Milk.
Selon l’EFSA toujours, une femme de 60 kg ne devrait pas absorber plus de 0,18 mg de chlorate par jour. Or, avec une demi-boîte de lait de coco Blue Elephant Thaï, elle atteint déjà la moitié de cette dose. Sans compter le chlorate qu’elle aura absorbé via d’autres aliments, consommés la même journée. Voilà pourquoi, dans notre comparatif, les laits contenant plus de 0,5 mg/100 g ont été jugés, au mieux, satisfaisants.
Résidus d’huiles indésirables
Notre analyse a par ailleurs révélé que certains laits de coco contiennent des résidus d’huiles minérales. Appelés Mosh/Posh, ces résidus peuvent endommager le foie et le système immunitaire. Ils proviennent probablement du processus d’emballage ou des gaz d’échappement libérés lors du transport. Le Blue Elephant Thaï arrive en bas de liste (0,62 mg/100 g), suivi du De Siam Thailand de Globus (0,27 mg/100 g).
Les produits de Thai Kitchen, Renuka et Coop Naturaplan se distinguent par l’absence totale de substance nocive. Ces deux derniers proviennent du Sri Lanka. Le Migros Bio est le seul autre lait testé à également provenir de ce pays et il ne contient pratiquement pas de substance nocive non plus.
Tous les fabricants soulignent qu’ils respectent les directives légales. Aldi précise que les taux de chlorate trouvés ne constituent pas un risque pour la santé. Selon le hard discounter, le chlore proviendrait de l’eau traitée. Migros et Chaokoh annoncent qu’ils n’utiliseront à l’avenir plus que de l’eau de source pour nettoyer les équipements d’emballage.
Lukas Bertschi / sh