Mauvaise nouvelle pour les baigneurs: s’enduire de crème avant de sauter à l’eau n’exempte pas de le refaire après, même s’il s’agit d’une protection supposée «waterproof». Notre test le montre: tous les produits offrent une barrière irréprochable contre les rayons UVA. En revanche, quatre sur huit ne sont pas à la hauteur de leurs prétentions pour filtrer les UVB. Selon les normes de la branche, ils devraient toujours offrir au moins la moitié de l’indice de protection solaire (IP) indiqué, après deux baignades de vingt minutes. On est parfois loin du compte (voir tableau).
Peau claire, s’abstenir
Dernier du classement, le Gel solaire transparent Sports de Ultrasun a vu son IP chuter de 50 à 20 après avoir été aspergé. A peine meilleur, l’IP du Protect & Care de Daylong a dégringolé de 50 à 24. Le lait d’Avène et le spray Sensitive immediate protect de Nivea Sun, n’ont pas passé l’épreuve non plus avec un IP qui affichait 25 au lieu de 50, au terme de l’épreuve. Celles et ceux qui aiment rester longtemps au soleil après avoir fait trempette, éviteront donc d’utiliser l’un de ces produits. Cela vaut particulièrement pour les personnes à la peau claire et/ou pour les heures où l’exposition au soleil est la plus risquée (lire «Si vous en profitez trop, il aura votre peau»).
Fabricant de Daylong, Galderma conteste nos résultats: «Nos propres analyses montrent que la lotion Protect & Care peut être considérée comme extrarésistante à l’eau.» Son de cloche semblable chez Avène et Nivea qui rétorquent que leurs produits ont obtenu de bons résultats lors de leurs tests internes. Quant à Ultrasun, il nous a transmis des rapports de laboratoire attestant que son gel aurait obtenu un IP de 30 après la baignade. Un résultat qui lui aurait permis de décrocher la mention «satisfaisant» dans notre test.
Deux bons élèves
La crème Anthelios de La Roche-Posay ainsi que le spray Sensitive Expert de Garnier Ambre Solaire prouvent qu’il est possible de faire nettement mieux. Leur protection n’était certes plus complète après une immersion, mais ils affichaient encore un IP supérieur à 40. Théoriquement, cela voudrait dire que les peaux claires gagneraient plus de deux heures de bronzette, au sortir de l’eau.
Au milieu du peloton, les sprays Light & Invisible de Sun Look et Sensitive Protect Sun de Eucerin ont décroché la mention «satisfaisant». Ils respectent les normes de la branche avec une protection contre les rayons UVB qui est descendue à un IP de 33 pour la Sun Look et de 26 pour l’Eucerin.
Entre théorie et réalité
On sait que plus l’indice de protection est élevé, plus un produit protège la peau contre le rayonnement solaire. Concrètement, une crème IP 50, par exemple, retient 98% des rayons UVB contre 95% pour une lotion IP 20. Cela signifie qu’un IP 50 permet de multiplier la durée d’exposition par 50 lorsqu’on est crémé. Ainsi, une peau sans protection qui rougit après dix minutes devrait rougir après 500 minutes avec un écran IP 50.
Ces projections très théoriques doivent néanmoins être prises avec des pincettes, car d’autres facteurs (quantité de crème appliquée, type de peau, etc.) faussent la donne. Selon certains dermatologues, mieux vaut partir du principe que la protection réelle d’un produit équivaut au maximum à 60% de la valeur indiquée. Autrement dit, les peaux claires ont tout intérêt à appliquer de la crème IP 50 au moins toutes les deux heures et demie. A condition que l’index UV, qui indique l’intensité du rayonnement UV, ne soit pas trop élevé*.
*Retrouvez les prévisions de l’index UV par région sur uv-index.ch
Jonas Arnold / sh
Les critères du test
L’Institut Dr. Schrader de Holzminden (D) a analysé huit crèmes et sprays solaires censés résister à l’eau, selon les critères suivants.
1. Protection contre les UVB
Le soleil envoie plusieurs sortes de rayons ultraviolets dont la longueur d’ondes diffère. Les UVB sont les rayons à ondes courtes. Principaux responsables des coups de soleil, ils peuvent aussi provoquer des cancers de la peau. L’indice de protection – abrégé IP, SPF ou FPS – affiché sur les emballages indique l’efficacité des crèmes solaires. A titre d’exemple, un IP 20 laisse passer 1/20e des rayons UVB, proportion qui se réduit à 1/50e pour un IP 50. Par conséquent, ils arrêtent respectivement 95% et 98% des UVB.
Les experts ont appliqué les huit produits sur les avant-bras et le dos de dix personnes. Ces dernières ont ensuite pris une douche, avant d’être exposées aux rayons d’une lampe spéciale UVB. A l’aide de réflecteurs et de capteurs, les experts ont alors mesuré l’efficacité de la protection de la peau contre les rayons. Selon les normes européennes, l’écran solaire doit, après la baignade, avoir un facteur de protection solaire au moins égal à la moitié de celui qui est indiqué sur l’emballage.
2. Protection contre les UVA
Les UVA sont les rayons à longues ondes. Ils ne provoquent pas de coups de soleil, mais peuvent aussi causer des cancers de la peau. Les normes européennes exigent que le facteur de protection UVA d’une crème solaire soit au moins égal au tiers de la protection UVB.
Les experts ont appliqué les produits sur du plexiglas transparent qu’ils ont ensuite placé sous un jet d’eau. Ils ont alors estimé l’efficacité du filtre sur la base du rayonnement pénétrant, en comparaison avec le facteur de protection solaire indiqué.
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Les filtres UV sous la loupe
Il est essentiel que les crèmes solaires soient dotées de filtres anti-UV, chimiques ou minéraux. Les chimiques absorbent et convertissent les rayons UV en chaleur. Les filtres minéraux – ou physiques – agissent telle une barrière et réfléchissent les rayons.
⇨ Filtres chimiques: une fois sur la peau, certains d’entre eux pénètrent plus profondément dans le corps et le sang. C’est le cas de l’octocrylène, une substance jugée tantôt toxique, tantôt allergène. Les crèmes qui en contiennent devraient être utilisées avec parcimonie, surtout pour les enfants. Cela concerne, en l’occurrence, la Sensitive Expert de Garnier Ambre Solaire ainsi que la Light & Invisible Spray de Sun Look.
⇨ Filtres minéraux: certains, comme l’oxyde de zinc ou le dioxyde de titane se présentent souvent sous la forme de nanoparticules. Or, l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques considère que l’inhalation de particules nanométriques est potentiellement cancérigène. Raison pour laquelle il est déconseillé d’utiliser des sprays contenant des filtres minéraux sous cette forme. Leur présence est indiquée dans la composition des produits sous la désignation «nano».