Verser chaque mois quelques centaines de francs pour parer au meilleur comme au pire, c’est le principe de l’assurance vie mixte. Une partie de ce montant alimente un compte épargne qui sera remboursé, en cas de survie, à l’échéance du contrat. Le reste alimente une police d’assurance qui couvre la partie risque: si l’assuré décède avant la fin du contrat, les bénéficiaires touchent le capital prévu. En cas d’invalidité, il touche une rente qui complète celle de l’AI et c’est la compagnie qui paie les primes pour remplir la cagnotte. Que demander de mieux?
«Dans les faits, met toutefois en garde Roland Bron, directeur de VZ (VermögensZentrum) pour la Suisse romande, l’opération est moins rentable qu’il n’y paraît!» Les assurances vie mixtes ont un fonctionnement opaque: difficile de savoir quel est le montant affecté à l’épargne et combien coûte la couverture du risque, sans parler de la commission versée à l’intermédiaire (voir tableau). Jusqu’au quart des primes peut disparaître dans des frais administratifs et la couverture du risque», relève l’expert.
Le rendement du capital investi est d’autre part très faible, surtout depuis la chute des taux d’intérêt. Les assureurs font, certes, miroiter la perspective de participation aux bénéfices sous la forme d’excédents reversés, mais rien ne dit que l’assuré récupérera au moins ses billes à la fin du contrat!
Les courtiers proposent volontiers aux jeunes couples de s’engager sur la durée dans un contrat d’assurance vie mixte. Il faut toutefois bien réfléchir avant de signer: comment savoir si on pourra encore assumer les versements au moment de fonder une famille ou si on perd son emploi?
Séparer l’épargne et l’assurance
Les experts conseillent plutôt de faire deux démarches distinctes: en alimentant, d’une part, pour l’épargne, un 3e pilier bancaire et en concluant, d’autre part, une police d’assurance décès risque pur.
Cette forme de prévoyance, peu coûteuse (quelques centaines de francs par année) est particulièrement avantageuse pour les jeunes familles. En cas de décès d’un des parents, le survivant disposera d’un capital qui lui permettra d’assumer ses charges. La prime est aussi couverte en cas d’incapacité de gain. Si l’assuré reste en vie, il perdra sa mise. Mais, comme il aura pu placer ailleurs le solde de l’argent disponible, par exemple dans un compte épargne 3a, il n’aura pas les mains vides.
Les placements en fonds indiciels permettent de dégager un meilleur rendement, mais ils ont l’inconvénient de dépendre des aléas de la Bourse. Il est important d’adapter le profil de risque à la durée d’investissement et à la tolérance au risque de l’épargnant.
Dans l’exemple du tableau, on réalise un bénéfice de 25 339 fr. après vingt ans si on sépare l’épargne de l’assurance.
Économiser sur ses impôts
A noter qu’on a le choix, aussi bien pour les assurances mixtes que pour le compte épargne ou les fonds de placement, entre deux options.
1. L’option liée (3a): l’argent est bloqué sur un compte jusqu’à l’âge de la retraite. On peut aussi le toucher pour acheter une maison, fonder une entreprise ou en cas de départ définitif pour l’étranger. Les versements affectés à l’épargne sont déductibles du revenu imposable pour les personnes actives, jusqu’à 6883 fr. par an si elles cotisent déjà au 2e pilier (caisse de pension) et 34 416 fr. pour les autres. On économisera environ le quart des montants épargnés sur la note d’impôts. Le capital est en revanche taxé au retrait, mais à un taux plus avantageux.
2. L'option libre (3b): on décide du moment du retrait. L’épargne est taxée comme la fortune. Les versements ne sont pas déductibles.
Claire Houriet Rime
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