Une facture de 15 fr. pour une bouteille d’eau minérale? Voire de 10 fr. pour une simple carafe d’eau du robinet? Bon à Savoir reçoit régulièrement des courriers de lecteurs à ce sujet et les appels à notre Service juridique sont fréquents. Les témoignages se ressemblent: une immense surprise à la réception de l’addition. De quoi engendrer une légitime incompréhension des clients devant les tarifs appliqués et gâcher leur sortie au restaurant.
prix pas affiché? remboursé
En Suisse, il n’existe pas de cadre légal obligeant d’offrir de l’eau du robinet à la clientèle, contrairement à la pratique de nombreux pays voisins. Seuls les restaurateurs tessinois sont tenus de garantir la gratuité d’une carafe, sur demande, lorsqu’un repas principal est servi.
En clair: obtenir un verre d’eau gratuit au restaurant relève de l’usage et non du droit. Le client est censé accepter la facturation pour autant que le prix reste modeste et corresponde à la prestation fournie.
«Lorsque l’eau n’est pas offerte, le prix ne dépasse pas 3 fr. dans 90% des cas», souligne GastroSuisse. La fédération représentant les intérêts de l’hôtellerie-restauration précise que, «si le restaurateur exige un paiement pour la remise de l’eau potable, il est tenu d’indiquer le prix de détail sur la carte des boissons».
Et si le tarif n’est pas précisé su la carte? Notre Service juridique est formel: le restaurateur ne peut alors pas facturer la carafe. «S’il l’a quand même comptabilisée, exigez d’être remboursé!»
Plus chère que la bière
Les choses se compliquent lorsque le client se tourne vers de l’eau minérale en bouteille. Les prix s’envolent rapidement selon les lieux, la période et l’établissement. La précieuse boisson peut s’avérer plus coûteuse qu’une bière ou un soda. «J’ai payé 6.50 fr. une petite bouteille d’eau plate à Montreux, plus chère qu’une boisson avec alcool», relate un lecteur de Bussigny (VD) dans un courrier adressé à Bon à Savoir.
Une observation qui ne surprend pas GastroSuisse: «Une eau minérale provenant d’une petite entreprise est plus chère à l’achat qu’une boisson comme le Coca Cola, produite et vendue en grandes quantités.»
Comme pour toute denrée alimentaire, l’eau comprend non seulement le prix du produit, mais aussi une partie des coûts fixes du restaurant, précise GastroSuisse. Ajoutez à cela la marge du restaurateur – généralement plus élevée sur les boissons sans alcool que sur l’alcool et les produits cuisinés – et la facture enfle.
Lire la carte... la seule prévention
La facturation de l’eau courante et de l’eau minérale en bouteille dans les restaurants a fait naître un marché parallèle: certains établissements proposent leur «eau maison» ou leur «eau filtrée».
Ces dénominations désignent de l’eau du robinet que le restaurateur a lui-même filtrée. Les principaux arguments en faveur de ce concept sont économiques et écologiques. Si la démarche est louable, les prix affichés pour ces produits varient, là aussi, selon les enseignes. Parfois gratuite, l’eau «purifiée» atteint 3 fr. pour un service à volonté à Neuchâtel et jusqu’à 4.50 fr. les 5 dl à Lausanne.
Aucun cadre légal ne fixe de limite sur ces tarifs. On peut néanmoins estimer que le prix d’une bouteille d’eau filtrée doit rester plus bas que celui d’une bouteille d’eau minérale.
Le consommateur a de quoi se perdre au milieu de ces appellations. Une lecture attentive de la carte des boissons demeure le meilleur moyen d’éviter une addition trop salée.
Guillaume Joly
Les consommateurs ont droit à la transparence
- Si l’eau courante est payante, le prix doit obligatoirement être indiqué en toute transparence sur la carte.
- Selon une ordonnance du Département fédéral de l’intérieur, les appellations «eau de source» et «eau minérale naturelle» sont protégées par la loi. Les restaurateurs qui filtrent eux-mêmes leur eau courante n’ont pas le droit d’utiliser ces dénominations.
- Environ 5% des clients boivent de l’eau du robinet au restaurant, selon l’Institut de sondage AmPulsMarket Reseach.
- Dans certains restaurants, une partie du prix des carafes d’eau est reversée sous forme de dons afin de développer un accès sûr à l’eau potable dans des pays défavorisés. Dans ce cas, les restaurateurs sont tenus de l’indiquer.