Animal de compagnie préféré des Suisses, le chat peut provoquer des réactions allergiques, principalement respiratoires. Elles se manifestent par des éternuements, un nez qui coule, gratte, se bouche, des yeux qui pleurent ou démangent, et même de l’asthme, parfois sévère. L’allergie au chat, qui touche 4% des adultes dans notre pays, est la plus courante. Mais les autres mammifères à poils, comme le chien et le cheval, sont également concernés. En cause: des protéines présentes dans leur salive, leurs larmes, leurs glandes sébacées et leur urine.
Lorsqu’un chat se lèche, la protéine Fel d1, son allergène principal, se répand sur son pelage et se retrouve partout dans le logement via ses poils. Elle se diffuse dans l’air par les microscopiques particules de peau qui se détachent de l’épiderme (squames). Le système immunitaire des allergiques surréagit, considérant à tort qu’il fait face à une menace.
Face au fait accompli, trouver des solutions
Mieux prévenir que guérir. Avant d’acquérir un animal, il faudrait se poser la question du risque allergique et, dans le doute, consulter un allergologue.
Mais les choses se passent souvent autrement, comme l’affirme François Spertini, médecin-chef au Service d’immunologie et d’allergie du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois): «La plupart du temps, les patients nous mettent devant le fait accompli. Il y a aussi les couples qui se forment et l’un des deux possède déjà un chat ou un chien.»
En cas d’allergie, se séparer de l’animal constitue la solution préférable d’un strict point de vue médical, mais elle n’est pas, émotionnellement parlant, la meilleure pour les personnes attachées à leur compagnon à quattre pattes. «Dans ces situations délicates, j’adopte une approche accommodante», confie le spécialiste.
Stratégies de réduction des allergènes
En cas d’atteinte modérée, on cherchera à améliorer la situation par la combinaison d’un traitement symptomatique (antihistaminiques, spray nasal, gouttes ophtalmiques, etc.) et de mesures environnementales visant à réduire la concentration d’allergènes. «La première action est d’éloigner l’animal des lieux de vie en lui interdisant, au moins, l’accès à la chambre à coucher, voire de le maintenir de préférence dehors, pour autant que son confort soit assuré», glisse François Spertini.
En plus de ces précautions, on peut éventuellement tenter certains aliments spéciaux. Les fabricants affirment qu’ils diminuent la concentration de l’allergène Fel d1 dans la salive. Ces produits sont toutefois coûteux et les études très limitées.
Un vaccin réducteur d’allergènes chez les chats annoncé à grand bruit par des chercheurs zurichois en 2019 n’a, quant à lui, toujours pas été commercialisé.
Que penser de certaines races, dont on dit qu’elles sont moins allergènes, comme le chat sibérien? Selon François Spertini, «l’existence d’une race de chat ou de chien intrinsèquement hypoallergénique relève du canular».
Dans tous les cas, il faut avoir à l’esprit que les mesures environnementales diminuent mais ne suppriment pas totalement les allergènes. Or, «chez certaines personnes, quelques nanogrammes suffisent pour déclencher une réaction», souligne le médecin-chef.
Désensibilisation
Si les symptômes persistent, François Spertini peut proposer une désensibilisation, y compris en présence d’asthme, pour autant que ce dernier soit bien contrôlé.
Le processus dure trois ans, et prend la forme d’une injection sous-cutanée mensuelle ou d’une prise sublinguale quotidienne. «Les résultats sont assez bons pour le chat, note l’allergologue, avec une réduction des symptômes de l’ordre de 50 à 80%. Il faut bien comprendre que la désensibilisation n’est pas une annulation de l’allergie. Elle améliore le confort de vie, mais il ne faut pas imaginer qu’on pourra vivre avec l’animal sans rien prendre.»
Enfin, il existe un espoir que les choses s’améliorent avec le temps: «une espèce de désensibilisation spontanée s’établit au fur et à mesure que l’on vit avec le chat, relève François Spertini, mais elle ne se produit pas chez tout le monde, et est plus rare avec le chien. L’allergie peut aussi s’aggraver. Dans ce cas, il n’y aura pas d’autres solutions que la séparation.»
Sébastien Sautebin
Mesures environnementales
- Interdire l’accès de la chambre à coucher à l’animal et le laisser de préférence à l’extérieur
- Avoir un purificateur d’air avec filtre HEPA H11(ou supérieur)
- Passer régulièrement l’aspirateur doté d’un filtre HEPA H11
- Essuyer les sols avec une serpillère humide tous les jours
- Utiliser des housses antiallergiques
- Se laver les mains après les contacts avec l’animal
- Enlever les tapis et les autres nids à poussière
- Si l’animal y a été habitué jeune et l’accepte, le laver régulièrement avec un shampoing adapté.