Le sport a toujours tenu une place centrale dans la vie d’Adams Boutserfil: il fait du fitness à haute intensité cinq à six fois par semaine et a pratiqué plusieurs arts martiaux. Le Vaudois, âgé de 28 ans, attrape le Covid-19 en août 2020. L’isolement se passe bien. Les symptômes sont légers. Il reprend rapidement sa vie normale. Quatre mois plus tard, il commence à ressentir des brûlures au ventre et des douleurs à l’avant-bras. Il finit aux urgences du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois). Verdict: il souffre d’une myocardite, une inflammation du cœur. Après avoir passé cinq jours à l’hôpital, on lui explique qu’il ne doit plus faire de sport durant trois mois. «Je dormais énormément et j’étais essoufflé rien qu’en montant les escaliers. C’était très dur, tant mentalement que physiquement», souligne-t-il. La reprise est très progressive. A son grand soulagement, après six mois, il retrouve son niveau de forme.
Plusieurs études ont montré que le risque de myocardite est accru pour les patients atteints du Covid-19. Les conséquences du virus sur la santé sont généralement plus légères, mais ne doivent pas être sous-estimées. Après avoir été malade, la prudence est de mise lors de la reprise d’une activité physique. Ingo Froböse, chercheur en sciences du sport à l’Université de Cologne, préconise de s’y remettre en douceur pour éviter les risques de complications, comme une myocardite. L’important est d’y aller progressivement sans brûler les étapes. Suivez le guide.
Après un refroidissement
Tout d’abord, il faut distinguer si les symptômes se situent «au-dessus ou en dessous du cou». Dans les premiers cas, comme par exemple un rhume, on peut continuer à exercer une activité physique. «Le sport permet parfois d’atténuer le refroidissement», explique Thomas Walser, médecin-conseil pour Ma Santé. En revanche, si le mal se situe en dessous du cou, comme par exemple de la toux, des douleurs dans les membres, voire en cas de fièvre, il faut renoncer. «L’infection risque alors de se propager plus facilement, dans le pire des cas jusqu’au cœur». Les personnes concernées ne devraient s’entraîner que lorsqu’elles sont complètement guéries et se sentent en pleine possession de leurs moyens.
Après le Covid-19
Après un test positif, il faut savoir s’arrêter. C’est également valable en cas de troubles légers, comme des maux de tête ou de gorge. «Les patients risquent des complications, la durée de la maladie pourrait par exemple se prolonger», explique Thomas Walser. La durée de la pause dépendra des symptômes. Les personnes testées positives, mais qui se sentent en forme, doivent s’abstenir pendant la durée de l’isolement. «On diminue ainsi le risque que l’infection ne s’aggrave», note Jürgen Scharhag, médecin du sport à l’Université de Vienne. Après l’isolement, il est possible de reprendre le sport comme d’habitude.
Une infection au Covid-19 s’accompagne souvent de symptômes bénins au-dessus du cou, tels que des maux de tête et de gorge, le nez qui coule ou un goût altéré. Là aussi, il est préférable d’attendre d’être rétabli et de prolonger la pause de quelques jours supplémentaires. Pendant cette période, les patients surveilleront leur capacité à supporter les efforts de la vie quotidienne. La reprise de l’activité physique est possible, si on peut facilement se rendre à son travail et monter les escaliers comme avant sans être rapidement essoufflé, résume
Christian Protte, médecin à l’Office fédéral du sport.
En cas de symptômes en dessous du cou (toux, bronchite, diarrhée ou fièvre), on attendra deux à quatre semaines avant de s’y remettre. Un examen médical est souhaitable avant de reprendre une activité physique. Même après avoir récupéré, la reprise sera graduelle. Il s’agit de pratiquer un exercice modéré. «Il faut d’abord commencer par de courtes promenades, mais fréquentes, afin d’améliorer l’endurance», recommande le médecin du sport zurichois Walter Frey. La durée et la vitesse de marche augmenteront avec le temps. Dans un premier temps, on évitera l’entraînement fractionné à haute intensité.
Après un infarctus
L’activité physique est importante après une crise cardiaque, car elle permet aux patients de réduire le risque d’une nouvelle attaque. Une étude suédoise portant sur 22 000 individus a montré que les personnes qui font du sport après un infarctus réduisent de moitié le risque de décès prématuré. Au préalable, une discussion s’impose avec son cardiologue afin d’adapter son programme.
On évitera de se focaliser sur la performance. «Au début, il faut s’entraîner de manière à pouvoir tenir une conversation en même temps», relève Lorenz Felder, médecin zurichois spécialisé dans la réadaptation cardiovasculaire. L’idéal est la promenade, le jogging ou l’entraînement sur un ergomètre, type vélo d’intérieur. La natation attendra, car «les patients doivent d’abord se sentir en sécurité sur la terre ferme». La musculation intensive, l’entraînement fractionné, ainsi que les sports présentant un risque de chute élevé, comme le ski, ne sont pas non plus conseillés.
Après une opération du genou
Les patients ayant une prothèse du genou ou de la hanche doivent s’armer de patience. Ils attendront plusieurs mois avant de refaire du sport. Pour eux, la randonnée est une activité idéale. Thomas Walser recommande d’utiliser des bâtons de marche à la descente. La natation est également une option. Le crawl ou la nage sur le dos sont particulièrement adaptés. C’est moins le cas pour la brasse, car le mouvement de rotation de la jambe sollicite le genou. Les experts déconseillent, en revanche, la course à pied, le tennis et le football afin de ménager les articulations.
Katharina Baumann / Alexandre Beuchat
Témoignages - Une reprise adaptée à chaque situation
Jocelyn Rochat, 58 ans, Lausanne (VD), Covid-19
«Je cours généralement deux à trois fois par semaine. L’été dernier, j’ai contracté le covid. J’ai terminé à l’hôpital, où j’ai passé une semaine sous surveillance. J’ai fait deux embolies pulmonaires, deux pneumonies et j’ai eu des symptômes neurologiques. Ma masse musculaire a fondu. J’ai perdu 12 kg. J’ai repris très progressivement l’activité physique. Lors de ma première sortie, je marchais. Il m’a fallu plus de 12 minutes pour faire un kilomètre, alors que je mets habituellement moins de 6 minutes. J’étais un peu tétanisé. J’ai petit à petit remis de la vitesse, mais n’ai pas encore retrouvé mon niveau d’avant la maladie.»
Andreas Jörg, 63 ans, Schmitten (FR), infarctus du myocarde
«Il y a trois ans, j’ai eu trois crises cardiaques en une seule nuit. Quelques jours plus tard, un médecin m’a établi un programme de remise en forme. C’était nouveau pour moi. Je ne faisais jamais de sport, à part des randonnées occasionnelles. Aujourd’hui, je vais une fois par semaine à une séance d’entraînement pour les patients cardiaques. Nous faisons du vélo, des exercices d’équilibre et des jeux. J’y participe toujours avec plaisir. De plus, je vais souvent au travail à vélo.»
Meret Husy, 31 ans, Bienne (BE), traumatisme crânien
«À l’âge de 18 ans, j’ai eu un traumatisme crânien après avoir chuté d’un rocher. Je suis restée dans un coma profond aux soins intensifs, puis j’ai séjourné dans des centres de rééducation. Le sport a toujours été important pour moi. C’est pourquoi je m’entraînais même en dehors des périodes de réadaptation. Mais beaucoup de choses ne sont plus possibles depuis l’accident: la plongée est trop risquée et je ne peux plus danser le flamenco. Je me suis adaptée à la nouvelle réalité, je fais du fitness et du jogging. Je me réjouis d’avance de chaque petit progrès.»