Du blé dur et de l’eau. Il n’en faut pas plus aux Italiens pour fabriquer des pâtes selon la recette traditionnelle. Les Suisses y ajoutent parfois des œufs. Avec si peu d’ingrédients, on pourrait penser que le contrôle de qualité est une tâche simple pour les fabricants. Les résultats de notre test montrent pourtant qu’il n’en est rien.
Base de notre évaluation: des mycotoxines ont été détectées dans 9 des 18 échantillons analysés. Issues de champignons présents sur le blé, ces moisissures produisent des substances toxiques comme le déoxynivalénol ou les alcaloïdes de l’ergot.
Les pâtes M-Budget et M-Classic renferment nettement plus de mycotoxines que les autres: une personne de 60 kilos qui en mangerait une portion de 200 grammes aurait déjà épuisé la moitié de la quantité maximale admise par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Problème, la plupart des produits céréaliers consommés quotidiennement contiennent des mycotoxines. Et une ingestion régulière dépassant la dose recommandée peut affaiblir le système immunitaire, causer des maux de tête et des crampes musculaires.
Produit controversé
Plus inquiétant, notre enquête révèle la présence de glyphosate dans plus de la moitié des échantillons. Seules les pâtes des marques Barilla et Bschüssig, de même que les cinq produits bio, ne contiennent aucune trace de ce pesticide au cœur d’une controverse depuis plusieurs années.
Le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS considère en effet le glyphosate comme «potentiellement cancérigène». L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime, quant à elle, que les études menées jusqu’à présent ne sont pas assez significatives pour tirer des conclusions définitives.
La communauté scientifique s’accorde cependant sur un point: le glyphosate est toxique pour les organismes aquatiques et pollue les eaux à long terme. L’utilisation de ce pesticide est autorisée en Europe jusqu’à la fin de l’année. Le processus visant à prolonger son usage au-delà de 2022 est en cours.
Second pesticide identifié
Outre du glyphosate, du pyrimiphos-méthyl a été détecté dans les pâtes des marques Ami et Spar, à faible dose toutefois. Cet autre pesticide peut endommager les organes, selon l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). De nouvelles recherches le considèrent aussi comme un perturbateur endocrinien.
Face à ces résultats, les distributeurs de pâtes contenant des substances indésirables défendent leurs produits, soulignant qu’ils ne dépassent jamais les valeurs légales. Mais notre test montre qu’il est possible de faire mieux: les six échantillons obtenant la meilleure note ne sont contaminés ni par des mycotoxines ni par des pesticides.
Andreas Schildknecht / sp