L’état de la pochette
C’est un élément auquel les amateurs sont très attentifs. Un disque perd incontestablement en valeur si sa pochette est mal conservée, voire abîmée. «Elle reflète souvent l’état du vinyle», souligne Rodolphe Lajudie, gérant du magasin You Do Right Records à Lausanne. Plus son aspect est dégradé, plus le risque est grand d’acheter un exemplaire de mauvaise qualité. Pour ne pas jouer à la roulette russe lors d’achats sur internet, de nombreux vendeurs d’occasion ont adopté la norme internationale Goldmine Grading System qui évalue l’état du disque et de la pochette par une note.
L’importance du stockage
Objets fragiles, les vinyles doivent être manipulés et rangés avec soin. Il est essentiel de les entreposer à la verticale et de ne surtout pas les empiler. S’ils sont posés à plat, ils risquent de se déformer et de se voiler sous le poids accumulé. Il faut également veiller à les conserver dans un endroit sec et à l’abri de la chaleur, car ils sont sensibles aux variations de température. On évitera ainsi de les entreposer à la lumière directe du soleil, à proximité d’un radiateur ou sous une lampe. L’humidité est aussi à bannir. Attention à la cave! Il est par ailleurs judicieux de remplacer les vieilles sous-pochettes intérieures par des neuves. Avec le temps, elles se détériorent et génèrent de la poussière.
L’état des sillons
Le meilleur moyen de vérifier si la surface est abîmée est d’orienter le disque à la lumière du jour. Il n’est pas non plus inutile de poser la galette à plat pour voir si elle a gondolé. Certains passionnés utilisent un microscope lumineux de poche pour examiner l’importance et la profondeur des griffures. Ce petit outil est pratique si l’on se retrouve dans un endroit mal éclairé. Mais la simple fonction «lampe de poche» d’un smartphone peut également faire l’affaire.
La propreté du disque
Les solutions de nettoyage sont très convoitées parmi les accessoires, car les galettes attirent la poussière. Le prix d’un disque se négocie d’autant plus à la baisse qu’il est sale. Le nettoyage de base consiste à dépoussiérer la surface avec un chiffon sec et doux ou une brosse en fibre de carbone. Il existe aussi des liquides de nettoyage spécifiques, efficaces contre les poussières et contre les graisses également. Attention à ne pas utiliser n’importe quel produit contenant de l’alcool, au risque de détériorer les microsillons, et donc d’affecter la qualité sonore.
Des machines à laver les vinyles garantissent un nettoyage en profondeur. Il peut s’agir d’un bon investissement pour les aficionados. Pour les autres, certains magasins de disques d’occasion proposent de nettoyer leurs 33 et 45 tours à des tarifs raisonnables, d’un franc par pièce. La règle numéro un tient de l’évidence: éviter de toucher la surface gravée avec les doigts. Même quand on vient de se laver les mains, car la peau est recouverte d’un mince film hydrolipidique, qui peut encrasser les sillons.
L’évaluation du prix
Le moyen le plus efficace de vérifier le prix d’un vinyle d’occasion est d’utiliser des plateformes en ligne, comme discogs.com. Ce site donne les références des disques sortis à travers le monde ainsi qu’un accès à des millions de pièces en vente. Les contributeurs du site s’échinent à répertorier tous les détails qui permettront de différencier les 800 déclinaisons de The Dark Side of the Moon de Pink Floyd (1973) qui reste la meilleure vente de la plateforme.
La rareté d’un album est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour fixer sa cote. Le prix varie en fonction du tirage et de l’état de l’enregistrement. «Il faut d’abord regarder s’il s’agit d’un premier pressage ou d’une réédition», explique Ludovic Schopfer, un des gérants du magasin Zorrock à La Chaux-de-Fonds. Les pressages d’origine sont très recherchés par les collectionneurs, qui font parfois preuve d’un véritable fétichisme.
De multiples détails permettent d’identifier un pressage moderne d’une édition originale. Par exemple, la présence d’un code-barres sur la pochette d’un album des années 1970 trahit sa réédition. La rareté peut aussi être fabriquée délibérément avec des éditions limitées: le groupe de rap Wu-Tang Clan a ainsi produit son album Once Upon a Time in Shaolin à un seul exemplaire, lequel a été vendu, en 2015, aux enchères pour le record de 2 millions de dollars.
Où dénicher les bonnes occasions?
Les magasins spécialisés ne sont pas rares en Suisse romande. Leurs tarifs sont souvent plus élevés que dans les puces ou brocantes, mais le risque d’être déçu est moins grand. Ils donnent aussi la possibilité plus systématique d’écouter avant d’acheter et d’obtenir des conseils. «Certains clients manifestent leur souhait d’acheter en direct», note Ludovic Schopfer, qui souligne le rôle social du disquaire et déplore la spéculation générée par des sites, comme discogs.com. Des bourses aux disques sont par ailleurs régulièrement organisées. «Demander à son entourage est un bon moyen pour entamer une collection», estime, pour sa part, Rodolphe Lajudie. Au moment de l’avènement du CD, des collections entières ont été bradées, vendues au poids ou, même, purement et simplement jetées.
Alexandre Beuchat