Depuis l’avènement des compagnies low-cost, plus personne n’est surpris de découvrir qu’un billet d’avion pour Lisbonne peut coûter, en fonction de divers paramètres plus ou moins obscurs, 40 fr. comme 350 fr. avec la même compagnie. Destiné à optimiser le remplissage, ce système de tarification dynamique dit yield managementne cesse de s’étendre à de nouveaux marchés: hôtellerie, location de voiture, billets de TGV… Les CFF réfléchissent d’ailleurs à instaurer un système comparable, qui ferait varier les tarifs en fonction de l'heure de la journée.
Prix différent chaque jour
Demain, les stations de ski procéderont de la même manière. Ou plutôt aujourd'hui déjà, car plusieurs domaines skiables de Suisse allemande s'y mettent cet hiver! Depuis le début de la saison, fini les prix fixes pour les abonnements: en fonction du mois, du jour de la semaine, du niveau de la demande à l'instant de la réservation, du nombre d’installations ouvertes ou encore de la météo, le prix de la journée passera du simple au double. Et il faudra, chaque jour, pianoter sur le site internet de la station pour le découvrir...
La carte journalière du domaine skiable grison de Flims-Laax, par exemple, fluctue entre 49 et 80 fr., mais seulement pour les personnes qui achètent leur sésame via l’application mobile de la station. En cas d'achat sur son site internet, il reste fixé à 80 fr. et grimpe même à 85 fr. aux caisses des remontées mécaniques. Grand écart également à Arosa-Lenzerheide (36 à 75 fr. la journée), ou encore dans la station haut-valaisanne de Blatten/Belalp (28 à 56 fr.), où la météo joue un rôle important dans la fixation du prix.
Pas cher un mardi pluvieux, plein pot un dimanche ensoleillé!
Notre enquête révèle également que les stations qui ont passé au système de tarification dynamique en ont profité pour augmenter discrètement leurs tarifs. Ainsi, à Flims-Laax, la carte journalière adulte au prix le plus haut passe de 78 fr. à 85 fr. (+9%), ou encore de 108 fr. à 114 fr. (+6%) à Zermatt-Cervinia, train depuis Täsch compris.
Pire, dans certaines stations, il est même impossible de connaître le prix qu’il faudra débourser pour se rendre sur les pistes un dimanche de beau temps avec de belles conditions de neige! C’est le cas à Andermatt-Sedrun (UR) ou à Bellwald (VS), qui n’ont toutes deux pas voulu nous communiquer les prix maximaux fixés pour cette saison. Pas de grille tarifaire non plus à St-Moritz (GR), mais la station nous a répondu qu’il fallait s’attendre, sur quelques journées au cœur de la haute saison, à des forfaits journaliers pouvant grimper jusqu'à 100 fr., soit très nettement plus que l’an dernier (79 fr.).
Des prix opaques
Pour l’heure, les stations de Suisse romande n’ont pas suivi le mouvement, même si plusieurs d’entre elles proposent déjà des prix plus attractifs lors de l’achat des cartes journalières sur internet et en basse saison, à l’instar des 4 Vallées (VS).
Cette nouvelle tarification réjouira les skieurs aux horaires les plus flexibles, mais risque fort de pénaliser les autres. De plus, elle ne décroche pas la palme de la transparence. Dans certaines stations, pour pouvoir connaître et comparer les prix, il faudra désormais se créer un compte online et indiquer une date avant de voire apparaître les premiers tarifs.
Marco Diener / Vincent Cherpillod
- Découvrez notre comparatif des tarifs demi-journée dans les stations de ski romandes dans l'édition de décembre de Bon à Savoir (lire en ligne ici)