Il y a exactement deux ans, Bon à Savoir lançait son Observatoire des prix. L’objectif était clair: suivre le renchérissement de près et pointer les hausses abusives, au sortir de la crise du covid et quelques semaines après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Depuis lors, nos enquêteurs sillonnent, chaque mois, les rayons de quatre grands distributeurs à la recherche des tarifs les plus bas pour 53 produits de consommation courante: produits laitiers et céréaliers, viande, fruits et légumes, articles de ménage...
Ce mois d’avril, les deux hard-discounters, toujours au coude-à-coude, restent les distributeurs les moins chers sur la gamme des premiers prix. Lidl présente une facture de 129.10 fr. (-0,2% par rapport à mars) et Aldi de 129.50 fr. (+0,3%). Coop suit de près, avec un ticket de caisse à 131.40 fr. (-2,5%). Enfin, pour une liste de courses similaire, le client devait débourser 136.20 fr. (+2,3%) chez Migros.
Les matières premières ont baissé
Ces deux dernières années, la valeur de notre caddie-type a d’abord augmenté partout, avant de redescendre – plus spécifiquement ces six derniers mois (voir graphique). Une situation en partie due à la baisse du prix de certaines matières premières, expliquent les distributeurs. Point important: chez les hard-discounters, le total demeure toujours au-dessus du prix constaté il y a deux ans. Chez Migros et Coop, en revanche, la facture a légèrement diminué au final.
Moins de 6% d’écart
Coop constitue un cas particulier. Après avoir atteint des montants largement au-dessus de ses concurrents à l’automne 2022, l’enseigne a baissé certains tarifs et incorporé des articles plus économiques à son assortiment. Pour autant, ces produits ne sont pas disponibles dans tous les magasins du pays (lire «Plusieurs produits absents chez Coop»).
Résultat: sur les premiers prix, l’écart s’est resserré comme jamais. Au lancement de nos relevés en mai 2022, la différence entre l’enseigne la plus chère (Coop) et la moins chère (Aldi) était de 26,3%. Un an plus tard, Coop était encore 17,25% moins avantageux que Lidl. Mais, lors du dernier relevé, il ne fallait débourser «que» 5,5% de plus chez Migros que chez Lidl.
Un outil pour limiter l’inflation
Ce resserrement traduit la vive tension qui règne entre les enseignes sur l’entrée de gamme. Un univers ultra-concurrentiel où tout le monde se scrute (lire «Chronologie d’un alignement des prix»). En documentant, chaque mois, la valse des prix dans les grandes surfaces, Bon à Savoir aurait permis de limiter la hausse de 2% à 3% sur notre échantillon de produits, affirment même certains distributeurs.
Toutefois, quand les articles les moins chers manquent en magasin, la facture peut vite gonfler. Le consommateur ne devrait pas hésiter à vérifier la disponibilité du produit ailleurs et se rendre dans une autre enseigne pour limiter ses dépenses au maximum.
Le panier bio suit la tendance globale
Notre caddie-type comporte 10 produits bio. Entre mai 2022 et le dernier relevé, le total de leurs prix a suivi la même évolution que notre panier: une légère hausse chez Aldi (+3%) et Lidl (+3%) contre une diminution chez Migros (-7%) et Coop (-21%). En matière de bio, les hard-discounters restent largement moins chers pour des articles de qualité similaire (lire «Un seul bio, plusieurs labels»).
Coop est parvenu à faire baisser son total en incorporant notamment des produits bio non suisses. L’enseigne propose par exemple les œufs Import Bio365 (10 pièces) dans son assortiment. Encore faut-il qu’ils soient disponibles (lire «Plusieurs produits absents chez Coop»). Si Lidl vend aussi des œufs bio européens, ceux d’Aldi et de Migros sont suisses.
Plusieurs produits absents chez Coop
Chaque mois, Bon à Savoir réalise ses relevés dans des grandes succursales lausannoises. En avril, nos confrères de K-Tipp ont effectué le même exercice en ville de Berne. Trois tickets de caisse étaient proches de ceux observés en Suisse romande: 129.25 fr. chez Aldi (129.50 fr. à Lausanne), 132.90 fr. chez Lidl (129.10 fr. à Lausanne) et 136.45 fr. chez Migros (136.20 fr. à Lausanne).
En revanche, chez Coop, le client devait débourser 146.75 fr. – 15.35 fr. de plus qu’à Lausanne. Soit +11,7% pour un caddie en tout point similaire. La raison principale? Deux articles bio, dont le prix pèse lourd dans la facture finale, étaient introuvables à Berne: l’huile d’olive Cavanna (1.33 fr. les 100 ml) et les œufs européens ImportBio365 (0.55 fr. la pièce). Denrées équivalentes les moins chères dans le magasin: l’huile d’olive extra-vierge
Naturaplan (2 fr. les 100 ml) et les œufs suisses Naturaplan (0.82 fr. la pièce). Les œufs européens sont «un nouveau produit qui n’a été introduit qu’en Suisse romande et à Zurich par exemple, mais pas encore à Berne», explique Coop. kg / jod
Chronologie d’un alignement des prix
Les détaillants le rappellent souvent: ils ne se concertent pas pour fixer les prix. Cette pratique serait d’ailleurs illégale en vertu de la loi sur les cartels. Pas d’entente, certes. Mais une observation constante qui peut, parfois, jouer en faveur des consommateurs. Les déodorants d’entrée de gamme constituent un exemple.
En novembre 2022, ces roll-on coûtent 0.99 fr. pour 50 ml chez les hard-discounters, 1 fr. chez Coop et 1.20 fr. chez Migros (voir ci-dessus). Aldi lance l’offensive en décembre 2022, en descendant le prix à 0.79 fr. Un mois plus tard, Lidl s’aligne sur le même montant. Après une remontée à 0.89 fr. dans les deux enseignes en février 2023, le prix se stabilise à 0.79 fr. en mars. Le même mois, Coop baisse son produit Prix Garantie à 0.80 fr. La réaction de Migros ne se fait pas attendre: dès le mois d’avril, le déodorant M-Budget est lui aussi vendu 0.80 fr. Au final, l’économie est de 20% par pièce chez Coop, de 20,2% chez Aldi et Lidl et de 33,3% chez Migros. Ces prix sont toujours en vigueur actuellement.