Samsung triche-t-il sur les besoins énergétiques de ses téléviseurs? Le soupçon existe depuis qu’un groupe de chercheurs européens a, le mois dernier, constaté que leur consommation électrique était plus élevée au quotidien que durant les tests. Le problème vient de la fonction «Motion lighthing», utilisée pour diminuer la luminosité de l’écran, très énergivore. Samsung se défend, en expliquant que cette possibilité n’a pas été crée pour fausser des tests, mais pour que le consommateur puisse volontairement réduire la consommation de son appareil. La Commission européenne a pourtant annoncé l’ouverture d’une enquête.
Or, le mois dernier aussi, James Dyson, l’inventeur de l’aspirateur sans sac, lançait une action en justice contre son concurrent Bosch, qui a justement conçu le logiciel fraudeur des véhicules diesel du groupe VW. Selon lui, il en irait de même pour les aspirateurs Bosch: selon des tests indépendants, ils consommeraient bien plus qu’indiqué. La firme allemande rejette ces accusations et affirme respecter les règles européennes en la matière. Il est vrai que la méthodologie de la CE a de quoi étonner, puisque les tests se font le sac vide, alors qu’on sait que plus il est plein, plus il consomme d’électricité…
Plus proche de nous encore, un lecteur nous informe avoir acheté chez Luminart (filiale de Coop) la lampe LED sur pied Monza. Selon l’étiquette énergétique, elle fait partie de la classe A+, un stade avant la meilleure économicité. Or, cette distinction ne concerne que la consommation de la lumière principale, soit 28,5 watts. Mais notre lecteur a aussi mesuré celle du variateur de lumière en mode veille – donc permanente – qui varie entre 7 W et 9 W. Coop répond que ses propres mesures se limitent à 2,6 W et que, de toute façon, ce modèle sera remplacé cette année encore par une alternative plus économe.
Tests pas très indépendants
A chaque fois, le doute est donc balayé. Il n’empêche: ces exemples démontrent que les labels énergétiques ne sont que partiellement fiables. Les constructeurs connaissent les critères de contrôle et peuvent donc optimiser leurs produits pour obtenir une efficience énergétique maximale au moment voulu. D’ailleurs, ces tests sont confiés à des instituts qu’ils mandatent eux-mêmes, lorsqu’ils ne les réalisent pas directement. Or, les résultats ne sont que sporadiquement vérifiés par l’Union européenne. L’une des dernières fois qu’elle l’a fait, elle a pourtant constaté que la moitié des étiquettes énergétiques des frigidaires était viciée!
Et en Suisse?
En Suisse, c’est l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) qui est chargée de ce genre de contrôle. En 2014, elle l’a fait sur 500 articles, ce qui est peu. Or, dans 12% des cas, l’étiquette contenait une erreur ou était incomplète. Certaines firmes ont été interpelées et ont dû payer une amende variant entre 800 et 10 000 fr. On ne saura cependant pas lesquels, puis que l’OFEN ne nomme pas les produits incriminés, protégeant ainsi plus les constructeurs que les consommateurs.
Thomas Lattman/cc