Gabriela R. de Baar (ZG) a contracté une assurance pour frais dentaires auprès d’Helsana. Elle coûte 91,80 fr./mois (prime pour personnes âgées de 52 ans), ce qui représente 1101,60 fr./an. Une coquette somme qui, toutefois, ne garantit pas la prise en charge de toutes ses factures de dentiste, ni même que l’assurance soit un bon investissement. Cela pour plusieurs raisons:
• Couverture maximale: la couverture de Mme R. s’élève à seulement 3000 fr./an. Un risque important et coûteux, telle une réfection de toute
sa dentition, estimée à environ 10 000 francs, ne serait donc couvert qu’à raison d’un petit tiers (sauf si ce traitement peut se faire sur plusieurs années).
La plupart des caisses proposent une couverture maximale (voir tableau p. 26), certaines avec plusieurs limites à choix – bien sûr contre des primes correspondantes. Pour comparer l’offre des treize principales caisses maladie suisses, Bon à Savoir a choisi la variante garantissant un remboursement de 2000 fr./an (ou la variante plus proche de ce montant).
A noter que certains (Intras, Supra, Wincare) ne fixent pas de limite générale, mais des cas précis, ceux – comme par hasard – où le dentiste peut vraiment coûter très cher, telle la prothétique dentaire (bridges, couronnes, prothèses, etc.). Dans ce domaine, Supra se contente par exemple d’une participation annuelle de 500 fr. Et Wincare paiera certes 8000 fr., mais pour toute la durée du contrat d’assurance!
• Participations élevées: si Mme R. n’avait qu’une seule facture de 2000 fr., on ne lui en rembourserait que le 75% (1500 fr.), le solde restant à sa charge. Des participations de 20 à 25% sont en effet monnaie courante dans ce genre d’assurance, comme le confirme notre comparaison.
• Prophylaxie: là aussi, surtout pour l’hygiène dentaire, quelques caisses n’hésitent pas à restreindre leur participation. Wincare ne donne ainsi que 50 fr./an, alors qu’Intras rembourse jusqu’à 200 fr./an pour la prévention, et sans déduire la franchise.
• Rentabilité: Gabriela R., assurée depuis vingt ans, ne se rend généralement que deux fois par an chez le dentiste pour un détartrage. Ce qui lui revient à quelque 300 fr./an. «Pour 300 francs de frais dentaires, je refuse de continuer à payer 1100 francs de prime annuelle», conclut-elle logiquement.
Mieux vaut épargner
Kurt Wilhelm, directeur de Sanitas, la caisse maladie offrant les meilleures prestations dans notre test, tire les mêmes conclusions: «Ce genre d’assurance est rarement rentable à cause des limites de la couverture. Mieux vaudrait donc mettre un petit montant de côté tous les mois.» Car une police ne couvrant pas ou à peine des risques élevés et coûteux est superflue. D’ailleurs, la dépense moyenne consacrée par chaque Suisse au dentiste s’élevait à 436 fr. en 1996.
Autres conditions
Autre ineptie: les assurances dentaires semblent réservées à ceux qui jouissent d’une dentition parfaite! Les caisses sont en effet très, très prudentes:
• Certificat médical: en règle générale, on ne peut contracter une assurance dentaire sans d’abord fournir un certificat médical (le plus souvent payé par le futur assuré) attestant une bonne dentition. Certaines caisses exigent même des radiographies pour s’assurer elles-mêmes du bon état des dents.
• Délai de carence: la plupart des assureurs fixent un délai préalable à tout remboursement ou pour certains soins.
Comme d’autres caisses, Supra vante son «assurance qui vous aide à garder le sourire». Après avoir lu notre test, vous risquez surtout de rire jaune! Si vous y tenez tout de même, veillez aux points suivants.
Avant de contracter une assurance
• Le tableau ci-contre vous aidera dans le choix d’une caisse. Il indique non seulement les primes et conditions d’assurance, mais donne également une appréciation basée sur d’autres critères, établis par les spécialistes en assurance du VZ (VermögensZentrum) de Zurich. Les critères retenus sont, par exemple: l’assurance prévoit-elle le remboursement de traitements dentaires effectués à l’étranger? paie-t-elle les amalgames? le contrat d’assurance est-il rédigé de manière simple et claire? etc.
• Les primes sont identiques pour les femmes et les hommes, excepté chez Helsana et Supra qui demandent davantage aux femmes. Helsana fait même des différences entre filles et garçons dès l’âge de 5 ans dans certains cantons, dont ceux de Berne, Genève et du Jura.
• Les primes indiquées dans notre tableau sont celles fixées par la majorité des caisses pour les assurés âgés de 28 ans, dans toute la Suisse. Là aussi, seul Helsana fait des différences cantonales (les primes indiquées dans le tableau sont celles pour FR, NE, VD, VS).
A Genève, un homme paiera une prime de 52,40 fr. et une femme 55,30 fr.; à Berne 51,50 fr. et 61 fr. et les Jurassiens s’en sortent le mieux avec seulement 38,70 fr., respectivement 43,30 fr.
• La plupart des caisses augmentent leurs primes avec l’âge de l’assuré. Swica et Sanitas font exception: ils calculent leurs primes en fonction de l’âge d’entrée. Ce qui signifie que celui qui s’assure jeune paiera toujours les mêmes primes.
• La remise en état des amalgames est diversement remboursée: elle est ainsi payée par Concordia, CPT, CSS, Groupe-Mutuel, Intras, ÖKK, Sanitas, Swica et Visana (cette dernière avec un délai de carence inhabituel de 2 ans). Mais Assura et Helsana ne déboursent pas un centime, et Supra et Wincare étudient chaque cas séparément. Supra est également la seule des treize caisses examinées qui ne prend pas en charge l’extraction préventive des dents de sagesse.
Soins à l’étranger
• Quelques caisses ne remboursent pas les soins faits à l’étranger: Assura, Concordia, CSS, Wincare. D’autres oui: CPT, ÖKK, Sanitas, Supra, Swica. Etudiez les conditions d’assurance.
• Assura, Groupe Mutuel, Supra et Wincare ont recours à une astuce supplémentaire pour n’avoir pas trop à ouvrir leur bourse: ils ne remboursent les traitements qu’au tarif social, soit une valeur de 3,10 fr. le point. Habituellement on applique cette valeur dans les cas où l’assurance accident couvre des dégâts dentaires. Or, les dentistes peuvent facturer jusqu’à 3,90 fr. le point.
• La plupart des assurances fixent un âge limite d’entrée: entre 50 et 60 ans, mais 45 ans chez Supra!
Conseils pratiques
N’oublions pas enfin que:
• L’assurance de base ne paie pas les frais de dentiste, excepté en cas de maladies inévitables du système de mastication ou lors de maladies graves ayant des effets sur ce système. Caries ou traitements des gencives n’en font pas partie.
• Nul besoin de complémentaire en cas d’accident. Les frais dentaires sont alors couverts par l’assurance accident obligatoire ou par la caisse maladie.
• Certains assureurs, à travers des assurances complémentaires pour prestations particulières, prennent en charge quelques centaines de francs de frais de dentiste. Vérifiez votre police et les conditions générales d’assurance.