Un combat de boxe, même entre ados, ça ne rigole pas. Les coups se succèdent rapidement. Ils visent le haut du corps et la tête. Et cela laisse des traces: bras distendu, œil au beurre noir ou visage enflé ne sont pas rares. Mais pas de quoi faire peur aux jeunes adeptes de ce sport. Ils sont de plus en plus nombreux à s’y intéresser. Certains clubs proposent même des cours à partir de 5 ans déjà.
Différents clubs entraînent les enfants à la boxe light-contact, c’est-à-dire une boxe où l’on retient ses coups. En Suisse, environ 650 jeunes entre 5 et 20 ans pratiquent cette sorte de boxe. La tendance est à la hausse, particulièrement en Suisse romande, se réjouit le président de l’association suisse de Light-Boxing Stefan Käser. Les élèvent passent généralement ensuite à la boxe classique, dite boxe olympique.
Risques aussi en boxe light-contact
Cette évolution inquiète les médecins. En cause, les coups portés à la tête des enfants. Peter Zangger, neurologue et co-fondateur de FRAGILE Suisse, l’association d’aide aux personnes cérébro-lésées, déconseille aux enfants et aux jeunes de se lancer dans la boxe. «Chaque coup porté à la tête cause des commotions au cerveau. Avec les années, cela s’accumule et peut conduire à des dommages», explique le spécialiste.
Même en boxe light-contact il faut s’attendre à recevoir des coups forts. L’entraîneur Khaybar Dadmal rappelle que «les enfants ont parfois du mal à doser leurs frappes, surtout en situation de stress comme les compétitions».
Les chocs au crâne sont plus dangereux pour les enfants que pour les adultes. «La musculature des épaules et du cou n’est pas encore entièrement développée», explique Peter Zangger. «Ils ne peuvent pas aussi bien amortir les frappes à la tête.» Les poches de fluides qui entourent le cerveau sont plus grosses que chez les adultes. Lors d’un choc, le cerveau se heurte plus fort contre la calotte crânienne.
Des millions de cellules grises détruites
Par ailleurs, les cellules grises des enfants sont moins bien protégées. «Les moindres hématomes et enflures détruisent des millions de cellules nerveuses», prévient encore l’ancien président de FRAGILE.
Il ne faut pas oublier par ailleurs, que d’innombrables cellules nerveuses se connectent dans le cerveau pendant l’enfance. «Si le cerveau reçoit des chocs récurrents, cela peut conduire à des troubles d’apprentissage et de la concentration», ajoute Markus Lehner, chirurgien pédiatrique à l’hôpital de Lucerne. On estime que le cerveau a terminé sa croissance à l’âge de 22 ans.
Comme Alzheimer
Les dommages de la boxe pour le cerveau occupent les scientifiques depuis longtemps. Il y a plus de 20 ans déjà, la chercheuse britannique Jennian Geddes a examiné les cerveaux de jeunes boxeurs décédés et a constaté que leur tissu nerveux s’apparentait à celui des malades d’Alzheimer.
D’ailleurs, le programme fédéral d’encouragement «jeunesse et sport» ne soutient pas la boxe. La raison invoquée est qu’il est permis de terrasser son adversaire.
De son côté, la Fédération suisse de boxe, Swissboxing, souligne que les k.o. chez les jeunes sont rares et les risques de traumatismes crâniens relativement faibles en comparaison avec d’autres sports comme le football. Le médecin de Swissboxing Geoffrey Delmore constate toutefois qu’il est «évident que de nombreux anciens boxeurs» souffrent d’une forme de démence, comme elles apparaissent à la suite de frappes fréquentes à la tête.
Swissboxing met aussi en avant la confiance en soi que peut apporter ce sport. Sur ce point, le pédiatre Oskar Jenni, de l’hôpital des enfants de Zurich, relativise: «La confiance en soi ne se cultive pas simplement à l’aide de la pratique d’un sport. Plusieurs facteurs entrent en jeu, comme la relation avec les camarades du même âge et avec les enseignants, la famille et les performances scolaires».
Luzia Mattmann/sp
Boxer sans danger, c’est possible
Envie de se défouler en donnant des coups, mais sans en prendre? Il existe plusieurs formes de boxe sans risque :
⇨ Fitnessboxing: on frappe uniquement dans des sacs ou des tapis.
⇨ Aerobicboxing: on combine des mouvements de boxe avec de la musique.
Selon Niklaus Jud, coach de fitness, ces formes de boxe entraînent aussi bien la rapidité, les réflexes, la coordination que l’endurance. Ce qui en fait des programmes on ne peut plus complets.