Certains samedis sont moins réussis que d’autres. Le 18 décembre 2021, la petite fille de ce lecteur de Pompaples (VD) lui a fait mal en lui mettant le doigt dans l’œil sans faire exprès. Le jeune homme s’est rendu en urgence à la Clinique ophtalmologique de Lausanne. Diagnostic: une griffure de la cornée nécessitant des médicaments à prendre au plus vite.
Il s’est alors rendu, muni de son ordonnance, dans la pharmacie la plus proche à Lausanne. Il a présenté sa carte d’assurance maladie et une autre indiquant les coordonnées de la compagnie d’assurance accidents de son employeur et de la police. Impossible, en revanche, de donner le numéro de sinistre quelques heures à peine après l’accident, puisqu’il n’avait pas encore été déclaré (lire encadré).
En principe, l’assuré ne doit rien débourser
L’employée a alors demandé au blessé de régler la note en lui expliquant qu’il ne serait remboursé qu’après avoir précisé cette information. Pas question, pour notre lecteur, de mettre la main au porte-monnaie pour un accident: il a refusé de payer et a tenté sa chance dans une autre pharmacie. Sans succès. Il est finalement passé à la caisse pour éviter une infection. «Que se passe-t-il si le patient n’a pas les moyens d’avancer les montants exigés? Selon sa situation financière, il pourrait arriver qu’il doive renoncer à un traitement», s’indigne-t-il.
La loi sur l’assurance accidents prévoit que l’assuré n’a, en principe, rien à débourser, mais dans les faits, certaines pharmacies restent sur leurs gardes. «La carte d’assurance accident ne suffit pas à prouver qu’il s’agit bien d’un cas d’accident, que celui-ci a été déclaré à l’assurance ou que celle-ci couvrira la prestation fournie», relève Tanja Clément, porte-parole de Galenica. «Seul le numéro de sinistre peut le garantir au fournisseur. C’est pourquoi nous demandons aux clients de payer d’abord eux-mêmes les prestations, surtout si le client n’est pas connu, comme c’était le cas ici.»
«Le bon sens voudrait que le personnel de la pharmacie comprenne le problème. Il peut alors demander à l’assuré le nom de son assurance accidents, délivrer les médicaments et attendre que l’assuré lui communique le numéro du cas, une fois l’annonce faite», explique Grégoire Gognat, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
L’OFSP n’exclut cependant pas le scénario vécu par notre lecteur: la pharmacie encaisse le prix des médicaments et l’assuré se fait ensuite rembourser. «Un peu de bonne volonté de part et d’autre suffirait à régler ces problèmes pratiques», relève Grégoire Gognat.
La priorité: délivrer les médicaments
PharmaSuisse estime, sans se prononcer sur ce cas précis, que «la priorité doit être de remettre sans délai les médicaments essentiels», relève la porte-parole Nicole Demierre Rossier. «Il est souhaitable que les équipes des officines trouvent des approches plus pragmatiques. Dans certaines situations d’urgences ou le week-end, il n’est pas toujours possible au patient accidenté de disposer d’un numéro de sinistre quand il va retirer les médicaments.» La porte-parole promet que la faîtière va sensibiliser ses membres à ce cas de figure.
Claire Houriet Rime
Accident ou maladie, ça change quoi?
L’assurance accidents concerne tous les salariés travaillant plus de huit heures par semaine dans la même entreprise. La police contractée par cette dernière couvre les accidents professionnels et non professionnels. En cas de pépin, le blessé doit déclarer l’accident à son employeur qui le signale à l’assureur. Celui-ci édite alors un numéro d’accident qu’il faudra communiquer à tous les prestataires de soins: médecin, hôpital, pharmacie, physiothérapeute, etc. Toutes les factures sont envoyées à la compagnie qui les paie entièrement. L’assuré ne paie ni quote-part ni franchise (lire aussi «Qui doit payer la facture de l'ambulance?»).
Les personnes non actives professionnellement ou à la retraite doivent contracter un supplément pour les accidents auprès de l’assurance maladie de base. S’il arrive quelque chose, elles paieront la quote-part et la franchise. Les indépendants peuvent faire de même ou, mieux, opter pour une police qui couvre aussi l’incapacité de travail (indemnités journalières, prestations en cas d’invalidité).