Rien ne freine les salaires des dirigeants des entreprises de la Confédération. Force est de le constater, six ans après l’échec de l’initiative «Pro Service Public», lancée par Bon à Savoir et ses partenaires K-Tipp, saldo et Spendere Meglio. Le directeur des CFF, Vincent Ducrot, a gagné 962 000 francs en 2021, selon le rapport annuel, soit deux fois plus que son prédécesseur Benedikt Weibel, il y a vingt ans.
La palme à swisscom
Dans le même laps de temps, les salaires des employés n’ont augmenté qu’entre 17% et 24%, selon les données salariales des syndicats. Un monteur en voie ferrée, par exemple, gagne 103 121 francs annuellement, soit neuf fois moins que M. Ducrot.
Le directeur de La Poste, Roberto Cirillo a, lui, empoché 821 000 francs. C’est une augmentation de 16% par rapport au salaire de Ulrich Gygi en 2001. La palme revient au chef de Swisscom, Urs Schäppi, rémunéré 1,96 million de francs, soit une hausse de 40% par rapport à ce que gagnait Jens Adler, il y a vingt ans. A titre de comparaison, un conseiller fédéral est payé 484 581 francs.
Dix institutions concernées
En 2020, ces dix établissements dépendant de la Confédération avaient un dirigeant gagnant davantage qu’un ministre: Finma, La Poste, PostFinance, Ruag International Holding, Ruag MRO Holding, CFF, Skyguide, SRG SSR, Suva et Swisscom.
L’initaitve «Pro Service Public» demandait que les salaires de ces directeurs ne dépassent pas ceux des membres du gouvernement. Elle avait été refusée dans les urnes en 2016, après une campagne massive menée par le Conseil fédéral, le Parlement, les partis et les entreprises publiques. Aujourd’hui, on est toujours loin d’un plafonnement. Même un salaire maximum de 1 million de francs – donc plus du double de ce que prévoyait «Pro Service Public» – ne trouve pas grâce aux yeux du législatif. Une initiative parlementaire allant en ce sens a été refusée en mars dernier, après plusieurs années de ballottement entre le Conseil national et des Etats.
Gery Schwager / sp