Avec l’âge, le cristallin de l’œil s’opacifie et se durcit, le regard se voile: c’est ce qu’on appelle la cataracte. Une affection qui se soigne très bien, par une opération devenue courante – la Clinique de l’Œil à Onex (GE) en pratique 1000 par an – et qui implique l’installation d’un implant. Il en existe toute une gamme, à des prix variables. La discussion avec son praticien est donc centrale pour choisir le bon.
La cataracte touche chacun d’entre nous, à son rythme. D’aucuns fêtent leurs 100 ans sans avoir eu besoin de traitement! Mais la vue est souvent affectée entre 70 et 80 ans et une prise en charge peut déjà s’avérer nécessaire à l’approche de la cinquantaine.
S’habituer à sa nouvelle vue
Comme pour Jonathan*, Genevois de 49 ans opéré de la cataracte au mois de mai. Il attend de nouveaux verres pour ses lunettes, qui resteront nécessaires pour lire de près. De loin, en revanche, il déchiffre désormais les plus petits caractères! Il trouve même déstabilisant de voir soudain avec tant d’acuité.
L’intervention était devenue nécessaire après un traitement pour décollement rétinien. «Je n’ai pas eu de voile jaune ou d’opacification, mais une forte perte de dioptrie. C’était devenu handicapant au quotidien.» Avec son médecin, il fait le choix de l’opération, apprend qu’il existe plusieurs types d’implants et s’entend poser des questions sur son mode de vie – s’il conduit une voiture, par exemple.
Il aurait pu tenter des implants multifocaux premium ou EDOF, de dernière génération (lire encadré). Il a préféré une option plus classique, adaptée à son passif et à sa rétine. Et a fait quelques compromis, pour «coller aux prothèses disponibles». L’opération elle-même? «J’étais stressé.» Mais il salue la prise en charge. «Ce n’est pas une opération bénigne, malgré ce qu’on entend. Elle a un impact émotionnel et elle touche à un sens important.»
Quand opérer?
Le contact entre médecin et patient est primordial, abonde la médecin Kate Hashemi, responsable de l’unité de Cornée, Chirurgie réfractive et Contactologie spécialisée à l’Hôpital ophtalmique Jules Gonin à Lausanne. Si l’opération est très courante, «elle n’est pas sans risque, comme toute intervention chirurgicale». Elle dure 15 à 30 minutes, en ambulatoire, avec une anesthésie de l’œil. Pour des personnes atteintes d’Alzheimer ou de Parkinson, il arrive qu’«on pratique une anesthésie locorégionale, qui paralyse les muscles et assure que l’œil ne bouge plus du tout».
Pour évaluer s’il faut ou non opérer, la spécialiste se base sur les besoins des patients. S’ils mènent leurs activités quotidiennes sans problème, même avec une cataracte, nul besoin de pousser à l’acte. Mais mieux vaut agir avant que la cataracte ne soit «mûre»: une fois le cristallin blanc et rigide, il devient difficile à extraire.
Bien définir ses besoins
La date de l’opération fixée, il reste donc à choisir l’implant. Kate Hashemi encourage à bien prendre le temps de discuter de ses activités, hobbys, particularités d’emploi. Avant le rendez-vous, il est recommandé de réfléchir à ses habitudes: préfère-t-on voir de loin sans lunettes? Ou lire les petits caractères? Ces éléments aident aussi le médecin pour l'éventuel arrêt de travail: même si la vue revient après quelques heures, il faut attendre plusieurs jours avant de s’exposer à 9 heures d’ordinateur quotidiennes ou à la chaleur des fourneaux pour des cuisiniers, par exemple.
Limiter les risques opératoires
Le premier risque opératoire étant l’infection, Kate Hashemi insiste sur l’importance du traitement avant l’intervention au moindre soupçon de conjonctivite. «Les bactéries viennent parfois des cils ou de la peau, ce qui peut être traité par un gel antibiotique.» Juste après l’opération, elle recommande de ne pas pratiquer de jardinage ou de natation et de porter des lunettes de soleil pour se protéger du vent et des poussières. Des gouttes anti-inflammatoires avant l’intervention permettent aussi d’améliorer la qualité de la vue.
Les efforts physiques sont à proscrire après l’opération: on attendra deux ou trois semaines avant de mettre la tête à l’envers au yoga ou de porter des charges. Après deux mois, les médecins estiment que les incisions sont cicatrisées.
Il est recommandé de ne pas fumer avant l’opération, afin de réduire toux et sécheresse oculaire. La médecin rappelle que le tabac provoque le vieillissement du corps et est mauvais pour le cristallin, car il oxyde les cellules.
Enfin, l’opération augmente le risque de décollement rétinien. Les patients sont invités à l’auto-observation et toute vision de «mouches» (taches noires) ou d’éclairs dans le champ de vision devrait les alerter et mener à un rendez-vous dans les plus brefs délais. Kate Hashemi se veut toutefois rassurante: l'incidence est de moins de 3% dans les dix ans après l'opération. «Les patients sont en général très contents et tout se passe bien dans la grande majorité des cas.»
*Nom d’emprunt
Laura Drompt
Opération classique ou au laser?
L’opération de la cataracte implique de casser le cristallin en morceaux pour l’aspirer hors de son sac. Selon l’évolution de la cataracte, ce geste est plus ou moins invasif. Les ultrasons, la méthode classique, sont efficaces pour la majorité des cas. L’alternative étant de pratiquer cette étape au laser Femtoseconde, relève Raphaël Martin, responsable RH de la Clinique de l’Œil à Onex (GE). «Il est recommandé pour des cataractes très dures et envoie moins d’énergie dans l’œil.» Une amélioration qui a un coût non pris en charge par les assurances. Selon nos informations, la facture peut se monter à 1500 fr. par œil.
Du standard au premium, les prix peuvent quadrupler
Bon à Savoir a demandé à plusieurs cliniques et hôpitaux romands les coûts et les types d’implants les plus souvent posés. Les rares à avoir répondu ont préféré rester discrets sur leur nom: la concurrence est rude sur le marché, entre cliniques et fournisseurs. Une seule structure nous a fourni les pourcentages par catégorie d’implants.
Ces options s’offrent aux patients:
- Implant standard. Monofocal, il nécessite de choisir la priorité entre la vue de loin ou de près. Il représente environ 35% des opérations et est remboursé par l’assurance maladie de base. Mais attention: toutes ne prennent pas le même montant en charge. Certaines paieront jusqu’à 280 fr. par œil, d’autres jusqu’à 480 fr., évaluant les besoins au cas par cas. Il est essentiel de s’informer avant l’opération du coût de l’implant et du remboursement à espérer.
- Implant asphérique avec filtre. Il améliore la perception des contrastes et la vue nocturne, en limitant l’éblouissement. Il protège la rétine contre les UV et prévient de certaines affections sur le nerf optiques. C’est le plus fréquemment posé, dans 40% des cas. Coût: environ 400 fr. par œil à la charge du patient.
- Implants multifocaux premium. Ils peuvent être bi ou trifocaux, ces derniers permettant de retrouver une excellente vue pour lire, utiliser un ordinateur ou voir de loin. Les patients observent parfois des halos, de nuit, ou une perte de contraste. Cette option a toutefois un coût: les meilleurs trifocaux peuvent coûter jusqu’à 1600 fr. par œil à la charge du patient.
- Implants EDOF. Ils sont l’alternative économique et de toute dernière génération aux multifocaux premium. Ils permettent de voir très bien de loin, avec des résultats plus relatifs pour la vue de près et intermédiaire. Il faudra donc les compléter avec des lunettes. Ils représentent une part grandissante du marché (environ 25% des implants posés sont des EDOF ou des multifocaux classiques). Pour ceux-ci, le patient devra débourser environ 700 fr. par œil.