Quand il a appris qu’une journée de dépistage du glaucome aurait lieu dans sa région, Laurent* a voulu en profiter. Même en étant suivi par un ophtalmologue depuis une dizaine d’années, c’était l’occasion de se faire examiner gratuitement la vue pour déceler une maladie très sournoise et relativement courante. Le glaucome touche 2% de la population de plus de 40 ans et s’il est découvert trop tard, il peut réduire le champ de vision jusqu’à la cécité. Il est conseillé de se faire contrôler tous les un à trois ans dès la quarantaine.
Lors du dépistage gratuit, la clinique diagnostique un glaucome au Lausannois et lui propose des examens complémentaires payants. Sa pression intraoculaire est deux fois plus élevée que celle mesurée jusqu’ici. Laurent prend tout de suite rendez-vous chez son ophtalmologue. Quelques jours plus tard, celui-ci constate que non, rien n’a changé par rapport à la dernière visite. Comment expliquer alors cette mesure qui passe du simple au double? La pression intraoculaire peut varier selon le jour et l’heure, ce qui suffit à expliquer l’écart, selon la clinique.
Un second contrôle ailleurs
Ma Santé a eu connaissance de l’échange de mails qui a suivi entre le lecteur et cet institut. «Je me suis beaucoup inquiété pendant des jours, en attendant l’examen par mon ophtalmologue», déplore Laurent. Il s’est aussi posé d’autres questions: la machine était-elle mal réglée? L’afflux de patients a-t-il pesé sur la qualité du travail médical? Voulait-on lui faire passer des tests payants? «En tout cas, je ne peux m’empêcher de penser que de nombreux glaucomes ont dû être décelés ce jour-là...»
Rien ne permet d’affirmer qu’il y a erreur ou abus de la part de la clinique. Il ne s’agit pas non plus de se méfier systématiquement des dépistages gratuits. Dans bien des domaines, ils permettent de déceler des cas avant que la maladie n’atteigne un stade trop avancé. L’expérience de Laurent montre toutefois qu’un diagnostic positif dans ce contexte devrait être accueilli avec prudence. On recommandera de se faire examiner, comme lui, par un second spécialiste. Par exemple le professionnel de santé habituellement consulté.
Le fait de passer ce contrôle dans une autre structure renforcera la solidité du diagnostic. Ou, au contraire, la mettra en cause. Dans le cas du glaucome, au vu des variations de pression intraoculaire, il vaut mieux demander une heure de rendez-vous différente pour le nouvel examen. Et tenter de ne pas trop s’inquiéter dans l’attente de la confirmation du diagnostic.
* Prénom d’emprunt
Gilles D’Andrès