Quoi de plus sympa qu’un modeste vélo adossé à un réverbère? Coop Brico+Loisirs ne s’est pas trompé en déposant 1000 bicyclettes dans toute la Suisse. Ceux qui les trouvaient pouvaient, soit les garder, soit «économiser et faire une bonne action» en les rapportant dans une succursale. Avec, à la clé, un rabais de 500 fr. à l’achat d’un vélo électrique.
L’opération, assure le service de presse, a rencontré un franc succès. Moins de quinze jours après son lancement, tous les deux-roues avaient, en effet, trouvé preneurs.
Bref, une opération gagnant-gagnant… à quelques détails près. Les cadres, petits et lourds, ne sont pas équipés de vitesses: autant dire qu’ils sont quasiment inutilisables en Suisse, même si Coop les destine «à de courtes distances en ville». Rien à voir non plus, ni sur le plan esthétique ni sur le plan technique, avec les fixies sans freins ni vitesses en vogue aujourd’hui, comme le distributeur nous l’a pourtant suggéré.
Fabriqués en Extrême-Orient, les centaines de vélos rapportés chez Coop ont été offerts, depuis, à l’organisation caritative Velafrica qui, comme son nom l’indique, se chargera de les transporter sur le continent africain. Autant dire qu’ils auront pratiquement fait le tour du monde avant le premier coup de pédale. Pendant ce temps, les heureux gagnants auront, eux, déjà sillonné la Suisse sur des bicyclettes high-tech.
Un peu d’écologie, un zeste de politiquement correct, un poil de paternalisme: le service marketing du géant orange a tout juste. Ou presque. Car ce troc de ferraille ne convaincra pas les vrais amoureux de la petite reine. En distribuant des vélos comme des kleenex, Coop ne fait que se décrédibiliser.
Claire Houriet Rime