Luana s’est cassé une dent en tombant à la patinoire lors d’un week-end dans les Alpes bernoises. «J’ai eu très mal quand le dentiste m’a fait des piqûres», raconte la jeune Fribourgeoise de sept ans. Ce n’était, heureusement, pas le premier rendez-vous: Luana va d’habitude chez un praticien qui l’accueille en douceur. Quand elle y est retournée, tout s’est bien passé: même pas peur! Sa sœur aînée, Abigäelle, renchérit: on vient justement de lui arracher une molaire et elle n’a rien senti, grâce à la pommade anesthésiante appliquée avant la piqûre.
Le lien de confiance établi entre les deux fillettes et leur dentiste se crée dès le premier rendez-vous (lire: «Avez-vous peur du dentiste?») Il devrait avoir lieu avant l’âge scolaire, alors que tout va bien. C’est l’occasion de faire connaissance, d’établir un premier bilan et d’expliquer ce qui va se passer sans que l’enfant se sente piégé. Si cette première expérience est positive, il reviendra volontiers.
L’hypnose pour apaiser
«Aller chez le dentiste, ce n’est pas toujours agréable. C’est la situation qui est difficile, pas les enfants», témoigne Izabella Rizcalla, médecin-dentiste à Lausanne. D’où l’importance de prendre son temps, de parler à l’enfant pour le mettre en confiance. La praticienne a suivi une formation en hypnose. «C’est un très bel outil: il ne s’agit pas de faire une véritable séance, mais d’utiliser des mots rassurants et de calmer le patient en le distrayant. Le but est de chasser les mauvais souvenirs et la crainte de ce qui va se passer en le ramenant dans l’instant présent.»
Dans certains cabinets, l’enfant est accueilli par des peluches, des livres et des jouets. Un écran passant des dessins animés peut surplomber le fauteuil. L’important est, avant tout, de lui expliquer ce qui va se passer. Certains mots tels que «N’aie pas peur, ça ne fait pas mal», «si tu n’es pas sage, ce sera pire!» sont tabous: en les entendant, n’importe qui partirait en courant.
Izabella Rizcalla propose aussi aux parents de lire une histoire à l’enfant, ce qui détend tout le monde: «Si l’enfant est terrorisé, c’est très souvent parce qu’un des parents souffre de phobie du dentiste.» Il est alors préférable de demander à un autre adulte de l’accompagner: l’important est de sortir de la consultation avec une sensation positive.
Hormis la technique de l’hypnose, lorsque les précautions telles que la pommade anesthésiante ne suffisent pas pour rassurer le jeune patient, mais que l’état des dents nécessite malgré tout une intervention rapide, les dentistes ont recours au MEOPA, un gaz anxiolytique et analgésique. On parle aussi de gaz «hilarant». «Ce procédé implique toutefois de respirer par le nez, ce qui se fait difficilement si l’enfant pleure, sans parler des tubes qui passent autour du visage et qui peuvent contribuer à l’anxiété», explique Izabella Rizcalla. La dentiste a remarqué que cette solution nécessite aussi beaucoup de doigté pour être acceptée par l’enfant.
En dernier recours, certains jeunes sont traités sous anesthésie générale. Une solution à réserver aux enfants traumatisés par plusieurs visites et qui ont un besoin urgent de soin.