Se laver le corps et les cheveux avec le même produit? C’est pratique pour gagner du temps sous la douche et ne pas encombrer son sac de sport. Si les gels douche 2 en 1 nous simplifient la vie, remplir leur double fonction tient d’un petit tour de force. En effet, ils doivent hydrater la peau sans rendre les cheveux gras ou, inversement, dégraisser les cheveux, sans dessécher la peau. En plus, comme ils sont destinés à être régulièrement appliqués de la tête aux pieds, la présence de substances problématiques dans leur composition n’est pas bienvenue.
Bon à Savoir a envoyé 12 gels 2 en 1 au laboratoire pour savoir s’ils contiennent des allergènes ou des composés nocifs pour l’environnement. Résultat: seuls trois sont exempts de substances indésirables. Notons, tout de même, deux points réjouissants. D’une part, la qualité n’est pas une question de prix. Parmi les trois très bons produits, on trouve le gel-shampoing de Alterra, acheté chez Denner, qui coûte 80 centimes les 100 ml. D’autre part, Nivea Men a amélioré la composition de son produit par rapport à notre test de 2017 (lire «Ils font mousser les shampoings»). Les experts n’y ont, cette fois, pas détecté de substances problématiques. Le troisième produit très bien noté est le gel de PH Balance, une marque de Migros.
Flatteur pour l’odorat, mauvais pour la peau
En ce qui concerne les autres produits, ce sont souvent les parfums qui posent problème. Ces agents odorants ne contribuent ni à laver ni à hydrater. En revanche, ils peuvent déclencher des allergies. Sept gels du test en contiennent au moins un, en quantité supérieure à 100 mg par kilo et avec un potentiel allergène particulièrement élevé. En dessous de ce seuil, les produits sont sûrs, considère le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs.
Plus les contacts avec un allergène sont fréquents et plus le risque est important de développer une réaction, comme des rougeurs, des gonflements ou des vésicules. Certaines personnes peuvent aussi souffrir de maux de tête ou faire un malaise, selon le l’Office fédéral allemand de l’environnement.
Dans les échantillons analysés, le laboratoire a trouvé de la coumarine, une fragrance épicée, ainsi que de l’hexyl cinnamal ou encore du salicylate de benzyle. Certains gels contenaient aussi du limonène, à l’odeur d’écorces de citron et d’orange, et du linalol, une senteur de lavande. Ces deux fragrances s’oxydent rapidement au contact de l’air et de la chaleur. De cette réaction naissent des substances beaucoup plus allergènes que les matières premières elles-mêmes. Dans le gel Axe 3 en 1 Africa, les experts ont détecté pas moins de cinq substances allergènes en quantité supérieure à 100 mg/kg.
Non dégradables
Les produits de Axe, de Beauté Suisse et de Head & Shoulders contenaient, en plus, des muscs polycycliques comme le galaxolide ou le cashmeran. Ces muscs de synthèse peuvent non seulement s’accumuler dans le corps, mais sont aussi nocifs pour les organismes aquatiques et ne se dégradent pas dans l’environnement. L’hexyl cinnamal, le limonène et le salicylate de benzyle posent les mêmes problèmes. Pas moins de neuf gels testés contenaient des substances nocives pour les eaux. Les stations d’épuration ne filtrent pas entièrement ces produits, comme l’a montré une étude des Autorités allemandes en 2019. Nous avons jugé sévèrement leur utilisation, même en petites quantités, sachant que le gel douche s’écoule directement dans les eaux usées.
Procter & Gamble, fabricant du gel Head & Shoulders jugé «insatisfaisant», indique que son produit n’est plus disponible en Suisse. Kneipp renvoie à la déclaration des ingrédients sur la bouteille, estimant que cela est suffisant pour garantir la sécurité des consommateurs. Landi avance le même argument. Unilever, fabricant de Axe, souligne s’en tenir à l’Ordonnance sur les cosmétiques.
Andreas Schildknecht / sp
Les critères du test
Un laboratoire allemand a analysé les douze gels 2 en 1, adaptés aussi bien au lavage du corps que des cheveux. Les experts ont mesuré les taux de substances allergisantes, irritantes et nocives pour l’environnement. Ils n’ont pas détecté de composés organiques halogénés, ni de méthylisothiasolinone, un agent conservateur.