Ricola affiche fièrement son origine helvétique: «Toutes les étapes de la fabrication ont lieu en Suisse: de la culture des herbes jusqu’au bonbon fini.» Cela a un prix – surtout en Suisse, où l’on paie 4.60 fr. pour les bonbons Ricola en sachet de 125 g chez Coop. A Constance, en Allemagne, leur coût revient à 2.87 fr. au supermarché. A Colmar (F) et Dornbirn (Aut.), on trouve le même produit à très bas prix, respectivement pour 3.05 fr. et 3.90 fr.
Pas un cas isolé
Ricola n’est pas un cas isolé (lire «Choucroute suisse, vendue au prix français»). Biscuits Kambly, produits Ovomaltine, Lindt, Zweifel... Bien d’autres produits sont vendus à moindre coût dans les pays voisins. La boisson au café Latte Balance d’Emmi, par exemple, coûte 2.50 fr. en Suisse, contre seulement 1.75 fr. et 1.85 fr. en Allemagne et en Autriche. Le Toblerone de 100 g, fabriqué en Suisse, est vendu chez Coop pour 2.85 fr. contre 1.36 fr. dans un Hyper U à Colmar (F), ou 1.95 fr. en Allemagne.
Idem pour les capsules de café de Delica, filiale de Migros. Le paquet XXL de 36 capsules Lungo était disponible chez Eurospar en Autriche pour 9.79 fr., contre 14.95 fr. dans une Migros.
«Concurrence des prix plus dure»
Pourquoi les produits suisses sont-ils moins chers à l’étranger? Les fabricants répondent qu’une des raisons est la marge bénéficiaire plus élevée en Suisse. Le fabricant de chips Zweifel explique: «Le prix de vente dépend aussi de la marge des détaillants, que nous ne pouvons pas contrôler.»
Les marques vendent-elles leurs articles plus chers aux détaillants suisses qu’à l’étranger? Un seul fabricant a répondu à cette question: le chocolatier Maestrani affirme offrir les meilleurs prix sur l’ensemble de l’assortiment aux clients en Suisse. Malgré cela, les bâtonnets au chocolat Munz en paquet de cinq sont environ 1 fr. plus cher chez Coop que dans les pays voisins. Coop prétend que le marché concurrentiel du commerce de détail et le tourisme d’achat ne permettent pas de dégager des marges élevées.
Frais publicitaires en cause
Les supermarchés français travailleraient moins avec des actions et miseraient plutôt sur des prix bas permanents. Outre la marge plus élevée en Suisse, d’autres facteurs jouent un rôle dans la fixation des prix. Le fabricant d’Ovomaltine, Wander, affirme que la publicité est quatre fois plus chère en Suisse qu’en Allemagne.
Le surveillant fédéral des prix, Stefan Meierhans, avait déjà constaté il y a une dizaine d’années que les produits suisses étaient souvent moins chers à l’étranger. Lors de son enquête de 2014, les différences de prix se situaient entre 6% et 29% pour les produits Ricola, Lindt et Toblerone.
Mirjam Fonti / ld